[...] Pendant fort longtemps, les rapports entre les hommes politiques et leurs concitoyens se sont résumés, lors des campagnes électorales, à des rencontres, à des discussions dans le cadre de grands meetings et à des réunions rassemblant un petit nombre de membres, voire quelques interviews données à la presse.
Avec l'irruption, au cours des années 60, en France, de la télévision dans le paysage politique, ce modèle traditionnel de communication a peu à peu volé en éclat. On situe symboliquement la première manifestation de cette rupture en 1965, date de l'élection présidentielle au cours de laquelle un homme politique, Jean Lecanuet, a fait appel aux conseils d'un spécialiste en communication (Michel Bongrand). Mais, il faut attendre 1974 pour que le basculement s'opère entièrement : il s'agit du duel télévisé opposant Valery Giscard d'Estaing à François Mitterrand qui marqua beaucoup les esprits. L'utilisation de nouvelles techniques de persuasion venant des États-Unis et inspirées des méthodes de vente réservées aux produits de consommation a débouché sur ce que l'on a appelé le « modèle marketing » de la communication. Il s'agit en fait, de séduire l'électeur, de segmenter le marché électoral en un certain nombre de cibles (les jeunes, les personnes âgées etc.) qu'il convient d ?attirer par une publicité efficace (images valorisantes, slogans accrocheurs...)
[...] Les premières études sur les campagnes électorales qui ont permis de mieux saisir le processus d'influence des médias sur les électeurs ne peuvent rendre compte des modifications en profondeur de l'ensemble de la vie politique elle même. La plupart des travaux actuels s'attachent à délimiter les effets de cette médiatisation d'une part sur les « gouvernants » et d'autre part sur les « gouvernés » et se concentrent en fait sur le rôle joué par le média dominant : la télévision.
Rares sont, en effet, les études qui essaient d'évaluer l'influence de la presse écrite et de la radio. La raison est simple : il est extrêmement difficile de saisir l'impact de la lecture des journaux au sujet des élections. Il semble en fait que la télévision soit devenue l?instrument essentiel de l'information des citoyens ( la presse et la radio ont une fonction d'accompagnement) et qu'elle ait en quelque sorte déplacé le lieu de la politique. C'est par le petit écran que l'électeur prend vraiment connaissance des enjeux, des débats, des questions à l'ordre du jour en matière politique, bien plus que par les meetings, les campagnes d'affichage, les émissions à la radio.
[...] Si, aujourd'hui, les médias mettent régulièrement en avant des faits divers tragiques, on ne peut ignorer que ce genre de récit est attesté des le XVI° siècle : a travers tout d'abord les « occasionnels » qui circulaient sous forme orale et sur de simples feuilles imprimées dans les campagnes et les villes, puis avec les « canards »qui contribuèrent au XIX° siècle à propager le genre. Le fait divers sera ensuite porté à son apogée par la presse populaire naissante dans la deuxième moitié du siècle, avec notamment Le Petit Journal qui, a l'occasion de l'affaire Troppman organisa pendant plusieurs semaines : « une formidable orchestration de l'indignation populaire » selon Jean-Noël Jeanney. Pratiquement aucun journal n'échappe alors à l'extraordinaire expansion du récit de crime. Se succèdent en effet quotidiennement dans leurs colonnes des portraits d'assassin le plus souvent magnifié dont Troppmann a préfiguré le genre. On entre alors en plein dans l'ère du fait divers, le crime et son récit deviennent des motifs obsédants pour un corps social de plus en plus soucieux de son intégrité matérielle et physique et font irruption au coeur des préoccupations sociales et politiques de l'époque. (...)
[...] Soumis à la pression de l'urgence, les hommes politiques sont donc souvent contraints de réagir à chaud aux sollicitations des journalistes, d'intervenir dans plusieurs Médias sur le même sujet. Sur les gouvernés Les citoyens-électeurs-téléspectateurs sont évidements touchés d'une manière ou d'une autre par l'accélération de la médiatisation en ce qui concerne la vie politique. Un certains nombre de conséquences peuvent rapidement être repérées : un accroissement de leurs connaissances, une possibilité d'élargissement de leur capacité d'expression, une dépendance relative à l'égard du calendrier des évènements, une influence sur les perceptions et sur les représentations et enfin une modification éventuelle du comportement électoral. [...]
[...] Selon son récit, deux voyous auraient tenté de le rançonner avant de mettre le feu à son pavillon. Paris Match (19 avril 2002) : Cette affaire à eu un grand retentissement dans les journaux, les témoignages sont nombreux pour parler de ce malheureux : Racket : des voyous brûlent la masure d'un septuagénaire ( le Figaro 20 avril 2002) c'est le personnage incontournable du quartier, le doux rêveur, que tout le monde surnomme Popaul (Le Monde 20 avril), Dans le quartier personne ne comprend comment deux jeunes voleurs on pu s'intéresser à ce septuagénaire qui vivait d'une toute petite retraite, Très Vulnérable, pas très costaud sans doute la proie idéal ( Le Parisien 20 avril) Furieux les jeunes l'ont alors roué de coups, notamment à la tête (Libération 2o avril) Ainsi, s'arête cette revue d presse concernant les principaux sujets sur l'insécurité. [...]
[...] Les Français sont alors informés pas à pas du démantèlement du réseau pédophile d'Outreau, du meurtre du père de famille d'Evreux par les racketteurs de son fils, de la grenade lacée contre le commissariat de Clichy la Garenne, des actes de violences de deux collégiennes de Besançon et de l'attaque d'un supermarché de Saint-Herblain pour ne citer que les sujets les plus emblématiques -Cette longue série de petits et de grands crimes diminue ensuite en volume et en durée (principalement dans les journaux de la 2ème chaîne), pendant une grosse semaine avant de rebondir une première fois le 9 avril à l'occasion du meurtre d'un policier à Vannes et surtout le 19 avril avec l'agression de Papy Voise à Orléans. Le lendemain, à la veille du premier tour de l'élection présidentielle, TF1 et France 2 diffusent chacun un long reportage en début de journal sur les malheurs de ce septuagénaire. -On assiste ensuite durant l'entre-deux tours à une chute spectaculaire du nombre de sujet consacré à l'insécurité. [...]
[...] Des victimes innocentes des agresseurs déshumanisés, des forces de l'ordre impuissantes La question même de la violence doit être relativisé et replacée dans son contexte Mais les hommes politiques le sont d'avantage Le raz de Marée de l'extrême droite ? Une campagne marquée par l'abstention Conclusion générale. [...]
[...] Il est selon Remy Rieffel, faux d'affirmer que la télévision fait l'élection, il n'est en revanche pas inexact de dire qu'elle y contribue parfois. Quels sont dès lors, les individus les plus influençables ? Si l'on en croit Roland Cayrol, il s'agit d'abord des femmes, des électeurs soit très jeunes,(moins de 30 ans) soit très âgés (plus de 65 ans), des personnes appartenant aux classes moyennes salariées (employés, cadre moyens), au milieu agricole et des électeurs n'éprouvant pas un grand intérêt pour la politique. [...]
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