Les sondages électoraux suscitent un étonnant mélange de fascination et de suspicion. Candidats, médias, citoyens, sondeurs eux-mêmes, chacun se prétend à l'abri de l'illusion prédictive des sondages. Mais chacun finit, peu ou prou, par y céder. C'est particulièrement vrai en période électorale, où les enquêtes d'intention de vote sont utilisées de manière permanente. La campagne présidentielle de 2007 a battu en ce sens tous les records en termes de publication de sondages. Avec huit enquêtes d'opinion publiées en moyenne par semaine, la campagne électorale de 2007 a été la mieux dotée en sondage d'opinion de toutes les campagnes de l'histoire de la République Française.
Pourtant, depuis plusieurs années, les performances des sondages sont critiquées. On a reproché aux instituts de sondages leurs mauvais pronostics. Depuis l'élection présidentielle de 1995 (où ils ne surent prévoir l'ordre d'arrivée du premier tour), les élections législatives de 1997 (où ils avaient encouragé une dissolution) jusqu'à l'élection présidentielle de 2002, les sondeurs sont accusés de se tromper régulièrement. Les abondants commentaires avaient été unanimes. « Jacques Chirac et Lionel Jospin ont toutes les chances de s'affronter ont toutes les chances de s'affronter au second tour de l'élection la plus prisée des Français » écrivait le directeur de la Sofres. Les médias avaient massivement relayé ces pronostics: Jacques Chirac et Lionel Jospin sont assurés du second tour . Le duel annoncé n'eut pas lieu les sondeurs ont dû subir, à l'issue de la campagne de 2002, les pires critiques pour n'avoir pas pu prévoir la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour. Après cette surprise, la presse ne parlait que d'une seule voix pour affirmer ne plus avoir recours aux enquêtes d'opinion. Comment expliquer, dans ce contexte, la présence massive d'enquêtes d'opinions dans les colonnes des journaux durant la campagne de 2007 ?
[...] Les critiques des sondages ne proviennent pas en premiers lieux de la presse. L'ensemble des sociologues, aux premiers rangs desquels Alain Garrigou, reproche aux instituts de sondages leur lien avec la presse. Les médias semblent faire couple privilégié avec l'un ou l'autre des instituts. À titre d'exemple, Le Sondoscope signale qu'en 1993 la SOFRES était associée au groupe Figaro, à La vie française, au Nouvel Observateur, à La Tribune Desfossés, à Bayard Presse et au Monde. Aux problèmes que soulèvent la notion d'opinion et le mode marchand de production du sondage par rapport à des critères de rigueur et d'exactitudes, s'ajoutent ceux liés aux usages que font les commanditaires des sondages qui peuvent être parfois très éloignés d'une révélation de vérité Le sondage n'est pas une panacée. [...]
[...] La montée de François Bayrou peut par exemple entretenir un tel espoir de publier des sondages ayant un retentissement suffisant pour leur donner un impact sur le débat politique au moment de leur publication. Pour Laurent Cayol, lorsque les rédacteurs en chef ne voient plus sous quel angle aborder un sujet obligé de l'actualité, le sondage permet de déterminer un angle pratique. L'opinion des Français sert souvent d'angle original. C. Les instituts de sondages voient dans la presse une excellente vitrine Aujourd'hui, le marché global des études est, au plan mondial, estimé à 85 milliards de francs. [...]
[...] Les leaders d'opinion et les chefs d'entreprises, qui sont par ailleurs clients des instituts d'études, font aussi partie de grand public. La répétition régulière du nom de leur institut durant une campagne électorale, période de visibilité importante, assure leur notoriété. Aussi leurs tarifs sont négociés à la baisse pour les médias, spécialement pour les sondages dits omnibus c'est-à-dire portant sur plusieurs thèmes ou le prix par question n'excède pas 1000 euros. Pour mieux comprendre l'intervention de l'intérêt des sondeurs dans l'augmentation de la publication des sondages d'opinion, nous pouvons prendre l'exemple des soirées électorales à la télévision. [...]
[...] Médias et sondages d'opinion : L'usage des sondages par la presse lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2007 Plan du dossier I. Bien que la presse reste le support privilégié de publication des enquêtes d'opinion, les relations entre sondeurs et journalistes demeurent ambiguës. a. La presse comme support privilégié de publication des enquêtes d'opinion b. Pourtant les relations qu'entretiennent journalistes et sondeurs restent fondés sur la méfiance. i. La critique des relations entre les instituts de sondage et les groupes de presse. [...]
[...] Alain Garrigou Loïc Blondiaux, 2000. [...]
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