L'ethnographie s'est, de tous temps, intéressée aux réalisations humaines, aux artéfacts. Ces objets matériels véhiculent des informations importantes sur la nature de la société à laquelle ils appartiennent et sont des aides précieuses pour les anthropologues. Aujourd'hui, certaines de ces réalisations se font à travers les médias. Tout comme le masque africain, une émission de télévision ou de radio, est porteur de signification concernant une société, une culture. C'est pourquoi, selon moi, les médias sont dignes d'intérêt en anthropologie. A travers ce travail, je ne vais pas m'intéresser à l'émission de radio en tant qu'objet, et procéder à des analyses de contenu, mais plutôt chercher à mettre en évidence la dimension symbolique qu'une station peut avoir pour son public, l'importance de l'information. Une radio fait partie du quotidien des gens, elle les accompagne dans leur vie et les soutient parfois.
Ce travail a pour objectif d'identifier la nature des médias et leur fonctionnement dans un type bien précis d'organisation sociétale : le régime totalitariste et plus particulièrement la dictature cubaine. Dans une société, où seule existe une vérité unique, dictée par le régime lui-même, des canaux d'informations alternatifs et illégaux se mettent en place. L'information est alors une arme redoutable, tantôt au service des uns (régime) et tantôt au service des autres (opposition).
Une première partie traitera de la question de la liberté d'expression et de la presse, en partant du plus général, avec la Déclaration Officielle des Droits de l'Homme, pour arriver au plus spécifique, le fonctionnement cubain. Dans cette partie, je tacherai de définir les rapports en médias et société.
Dans un deuxième temps, je souhaiterai relater l'histoire d'une radio contre-révolutionnaire, mise en place par le gouvernement américain dans les années quatre-vingt, afin d'affaiblir l'idéologie cubaine. Pendant quelques années, cette radio a été l'exutoire de beaucoup de cubains, et s'est faire porte-parole des plus faibles. Elle a connu un franc succès dans les années 90, réunissant des cubains de l'île et des exilés, et formant ainsi une nouvelle communauté cubaine, au-dessus de toutes frontières géographiques (...)
[...] Rapidement, cependant, les Etats-Unis vont adopter une nouvelle stratégie, celle de l'affaiblissement idéologique. C'est alors que l'idée d'une radio diffusée à destination de l'île depuis le territoire américain germe : Radio Free Cuba, qui trouvera son appellation définitive au milieu des années 80, sous le nom de Radio Martí. Un choix provocateur puisque José Martí est le nom d'un héros de la guerre d'indépendance. Les américains, en choisissant ce nom, touche à la sensibilité des cubains, elle fait directement référence au passé et aux valeurs cubaines. [...]
[...] Ils sont alors sans cesse victimes de harcèlements, placés en garde à vue et sous la surveillance de la Sécurité de l'Etat (la police politique) Ils sont actuellement vingt-trois à payer de leur liberté le fait d'avoir fondé une agence de presse indépendante, écrit dans une revue dissidente ou pris la parole dans un média de la diaspora cubaine. Certains purgent des peines de 14 à 27 ans de prison. D'autres sont détenus sans jugement. Un autre enfin, bien que jugé, n'a jamais eu connaissance du montant de sa peine. [...]
[...] La position du gouvernement et les conséquences pour le peuple cubain. Les réponses du gouvernement cubain ne tardent pas à se faire sentir. Dans un premier temps, il suspend un accord sur le flux d'immigration entre les deux pays, et dénonce l'intervention abusive des Etats-Unis dans les affaires intérieures. Le gouvernement désapprouve fortement le nom de la station que ne fait selon lui, pas honneur au héros de la lutte impérialiste José Martí. Radio Martí est donc classée dans la catégorie de station contre-révolutionnaire, ayant pour but de mener une campagne de subversion. [...]
[...] Premièrement, c'est une communauté de personnes qui travaillent ensemble pour produire des programmes cohérents, puis, ce sont des gens qui les écoutent. Dans le chapitre précédent, l'émission Le pont familial a été mentionnée. Ce genre de programme met en évidence le rôle social qu'a la station. Elle est un lien entre des personnes partageant les mêmes convictions sur le régime, y compris quand ces personnes sont géographiquement éloignées. En ce sens, la radio est une communauté culturelle qui ne soucie pas des frontières. Elle définit une nouvelle aire culturelle, définie par le partage de valeurs, d'idéologies et de perspectives communes. [...]
[...] [les informations de radio Martí] utilisées par les cubains pour pousser le gouvernement à modifier ses objectifs politiques, comme celui de l'exportation de la révolution, et à se concentrer sur l'amélioration des conditions économiques à l'intérieur et la libéralisation de la scène politique nationale Selon les Etats-Unis, dans ce combat idéologique, on ne cherche pas à libérer un peuple par la force, mais à le libéraliser lentement. On ne cherche pas non plus à faire de la propagande, dans le sens où l'on ne caricature pas les informations que l'on diffuse. En effet, ces dernières doivent être vraies et objectives, afin de ne pas être rapidement rejetées par les auditeurs. Fonctionnement. Radio Martí, enregistrée depuis Miami, est principalement animée par des cubains exilés et se fait vite la voix de l'opposition. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture