La liberté de la presse émerge comme concept à la fin du 18ème siècle avec l'émergence de la reconnaissance de la liberté d'opinion, l'émergence de l'individualisme et l'apparition d'une sphère publique entre la sphère privée des individus et la sphère du pouvoir. Dans la déclaration des droits fondamentaux de l'Etat de Virginie datant de 1776 il est déclaré que « la liberté de la presse dans la société civile est l'un des grands remparts de la liberté. Elle ne peut jamais être limité sinon par un gouvernement despotique ». La démocratie inaugure donc la liberté d'expression et d'opinion, devant intégrer à sa conception de l'Etat de Droit la liberté de la presse.
C'est Burke qui en 1787, invente le terme « 4ème pouvoir » pour qualifier l'action des médias dans la société. Les médias sont un organe non institutionnel avec pour but premier la retransmission objective de faits. Cette définition suggère une incidence dans l'opinion, plus qu'un réel poids politique pouvant empêcher un autre pouvoir. Ainsi Gauchet définit le pouvoir comme « ce qui, dans l'exercice de ces fonctions, contribue à empêcher ou à obliger les pouvoirs constitués par rapport à la pente spontanée et ce qui contribue à démultiplier l'efficacité des contrepoids et freins à l'œuvre entre ces mêmes pouvoirs ». Ainsi, le quatrième pouvoir n'a de pouvoir que ce qu'il soustrait aux autres.
La plupart des régimes démocratiques tiennent à la forme de gouvernement et à l'exigence posée par Locke puis par Montesquieu de l'équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Tous les régimes démocratiques reposent sur cette délimitation claire des trois pouvoirs et sur le respect d'un jeu d'équilibre : contre la tentation d'abuser du pouvoir, le principe de « checks and balances » offre les meilleures garanties de liberté politique. C'est ainsi, sous l'influence de la pensée libérale et de la réflexion sur la séparation des pouvoirs qu'est née, pour qualifier le rôle des médias dans l'équilibre du jeu démocratique, l'expression de « quatrième pouvoir ».
Ce pouvoir supposé des médias pose cependant plusieurs problèmes et soulève un double paradoxe. D'une part ce pouvoir est sans consistance institutionnelle car il ne dispose d'aucune contrainte à sa disposition. Il est qualifié le plus souvent de « contre-pouvoir » aux pouvoirs constitués. Gauchet le qualifie ainsi de « double irréductible des pouvoirs officiellement établis » : il répond à l'action de ces pouvoirs, en dépend, et base son action sur les faits politiques des pouvoirs établis. D'autre part il a la particularité notable d'être aux mains d'acteurs privés dont la réussite commerciale est le principal objectif.
Au travers de ces paradoxes il est intéressant de se demander si les médias constituent le « quatrième pouvoir ». En effet, peut-on penser un pouvoir sans pouvoirs institutionnalisés, un pouvoir aux mains d'agents privés mais agissant dans le champ public ?
[...] Il est qualifié le plus souvent de contre-pouvoir aux pouvoirs constitués. Gauchet le qualifie ainsi de double irréductible des pouvoirs officiellement établis : il répond à l'action de ces pouvoirs, en dépend, et base son action sur les faits politiques des pouvoirs établis. D'autre part il a la particularité notable d'être aux mains d'acteurs privés dont la réussite commerciale est le principal objectif. Au travers de ces paradoxes il est intéressant de se demander si les médias constituent le quatrième pouvoir En effet, peut-on penser un pouvoir sans pouvoirs institutionnalisés, un pouvoir aux mains d'agents privés mais agissant dans le champ public ? [...]
[...] A ce titre, Marcel Gauchet parle des médias comme le pivot autour duquel tourne le processus législatif Le citoyen voit donc ses opinions reflétées dans les médias, quant aux politiques ils s'expriment à travers eux, ce qui permet de renouer le lien gouvernant/gouvernés. De même, les médias peuvent être qualifiés de quatrième pouvoir en démocratie par la place centrale qu'ils occupent durant les élections. Il n'y a pas d'élections sans une offre politique préalable sous formes de candidats et de programmes en compétition. [...]
[...] Le contre-pouvoir s'est assoupi. La marque de succès pour un directeur de chaîne d'information reste d'abord d'obtenir d'un décideur quelconque qu'il exprime ce qu'il veut, mais en exclusivité dans son émission. Cette mercantilisation du champ journalistique entraîne une perte d'autonomie du quatrième pouvoir Placés sous la sanction du marché, les médias ne participent plus à la fonction de contrôle du pouvoir qui était la leur. De surcroît, le champ journalistique renforce, dans une logique à peu près identique, les tendances des politiques à se soumettre à la pression des attentes et des exigences du plus grand nombre. [...]
[...] Marcel Gauchet parle d'un pouvoir représentatif : il ne s'exerce pas par substitution au peuple mais dans un dialogue constant avec lui. C'est ici qu'apparaît véritablement la notion de contre-pouvoir. En effet, les médias ne sont que le quatrième pouvoir en créant des conditions d'une compétition loyale pour le pouvoir. Les médias ne constituent donc pas un pouvoir comme les autres puisqu'il se trouve à l'extérieur du jeu politique : il ne s'ajoute pas aux trois autres mais constituent leur vis-à-vis Le travail du journalisme est de donner corps à ce vis-à-vis entre les pouvoirs constitués et le peuple souverain. [...]
[...] L'idéologie de la transparence : les médias et le contrôle du politique En plus d'être le lien privilégié entre le peuple et le champ du politique, les médias assurent un pouvoir de contrôle. A ce titre, certains voient le quatrième pouvoir devenir le premier de tous. En effet les médias joueraient une fonction d'influence auprès du pouvoir traditionnel (exécutif, législatif et judiciaire). Contrairement à ce qu'annonçait Rousseau, le peuple continue à peser dans le processus représentatif, même en dehors des élections, par l'intermédiaire du journalisme. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture