Lors du retrait des troupes américaines du Viêt-Nam en janvier 1973, certains auteurs, critiques et anciens dirigeants militaires ont pointé du doigt les médias comme étant responsables de l'échec américain en Asie du Sud-Est. Le journaliste britanno-américain Robert Elegant, qui était correspondant lors du conflit, en est venu à la conclusion que cette guerre s'était jouée sur les pages des journaux et à la télévision plutôt que sur les champs de bataille .
Il serait toutefois farfelu de croire en cette idée qui veut que les dirigeants politiques aient perdu une partie de leur pouvoir au profit de la presse ou de la télévision dans un jeu de vases communicants. Les médias ont plutôt servi de courroie de transmission des volontés et du moral de l'administration américaine. Ils n'étaient pas le « 4e pouvoir » qui décidait de l'issue de la guerre.
On analysera d'abord la couverture du conflit faite par les médias de la période d'avant-guerre jusqu'à l'offensive du Têt au début de l'année 1968. On se concentrera ensuite sur le rôle des médias lors de l'effritement du consensus de l'élite politique américaine jusqu'au retrait des troupes en 1973.
[...] Les intentions politiques pessimistes qui ont été faussement étiquetées aux médias étaient certainement plus simples à intérioriser dans la mémoire collective qu'une explication de l'encadrement et des méthodes de travail des médias ou qu'une analyse méticuleuse de la fragmentation du consensus de l'élite à la suite de l'offensive du Têt. Il n'a pas été question ici d'une critique générale de l'influence des médias dans nos sociétés modernes. L'objectif était plutôt de revisiter un cas concret dans l'histoire où l'on a prêté aux médias un pouvoir de décision qui, dans les faits, était minime. [...]
[...] À partir de ce moment, les dirigeants militaires et politiques américains ne pouvaient plus laisser entendre qu'ils avaient la situation en main au Viêt-Nam. Le sous-secrétaire à l'Aviation, Townsed Hoopes, confirme que l'offensive du Têt a plongé Washington dans la confusion et l'incertitude tout en révélant curieusement, en un clin d'œil, les dissidents et les sceptiques les uns aux autres au Pentagone[6] La critique qui a été formulé aux médias est qu'ils ont exercé une couverture négative du conflit à partir de 1968. [...]
[...] Les médias ont-ils pris le pouvoir ? L'influence jouée par les médias lors de la guerre du Viêt-Nam Les médias nous ont fait perdre la guerre Lors du retrait des troupes américaines du Viêt-Nam en janvier 1973, certains auteurs, critiques et anciens dirigeants militaires ont pointé du doigt les médias comme étant responsables de l'échec américain en Asie du Sud-est. Le journaliste britanno-américain Robert Elegant, qui était correspondant lors du conflit, en est venu à la conclusion que cette guerre s'était jouée sur les pages des journaux et à la télévision plutôt que sur les champs de bataille[1]. [...]
[...] 155- 239 Noam CHOMSKY et al, loc. cit. p William M. HAMMOND, Reporting Vietnam, Lawrence, University Press of Kansas p.296 Pierre BOURDIEU, L'opinion publique n'existe pas in Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit pp. [...]
[...] Les médias ont toutefois évolué depuis 1973. La mondialisation de l'information donne une nouvelle ampleur aux médias qu'il serait intéressant d'analyser dans le dénouement de l'actuelle guerre ou présence américaine en Irak. Les médias auront- ils, cette fois, une véritable position de force par rapport au pouvoir politique ? Robert ELEGANT, How to Lose A War: The Press and Viet Nam, Londres, Encounter, vol. LVII, août 1981, pp. 73-90. Noam CHOMSKY et Edward S. HERMAN, La fabrique de l'opinion publique, Paris, Le serpent à plumes p.140 Ibid., p Daniel C. [...]
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