Médias de masse, crises et opinion publique sous la IIIe République

Thèmes abordés

Âge d'or de la presse écrite, presses rotatives, linotype, presse engagée, affaire Dreyfus, dreyfusards, interventions médiatiques, Daladier

Résumé du document

La période qui précède la Première Guerre mondiale constitue l'âge d'or de la presse écrite en France. Depuis la libéralisation de la presse en 1881, les quotidiens animent la vie démocratique républicaine, profitant des progrès de l'alphabétisation permis par la politique scolaire de la IIIe République, qui développe la lecture et la connaissance du français. Les progrès techniques, qu'il s'agisse des presses rotatives qui ont permis une baisse des prix, ou de la linotype, ont favorisé la démocratisation de la presse écrite. La presse est alors le seul média et son lectorat touche désormais les masses. Entre 1880 et 1914, les tirages de journaux ont été multipliés par trois.

Extraits

[...] Lorsque l'on apprend, en janvier 1934, que quelques parlementaires du parti radical au pouvoir ont couvert l'activité illicite de l'escroc Stavisky, la presse se déchaîne contre la corruption parlementaire et la complicité du gouvernement. Durant tout le mois de janvier, cette affaire fait la une des journaux. Dès le 9 janvier, L'Action Française appelle les parisiens à aller manifester devant la Chambre des députés, qu'elle affuble inlassablement des mêmes mots : Assassins, voleurs, traîtres Par des affiches et des tribunes de presse, ligues et anciens combattants appellent à une nouvelle manifestation le 6 février, devant le Palais Bourbon. Mais 2 elle dégénère en émeute, et la police tire sur la foule. [...]

[...] Médias de masse, crises et opinion publique sous la IIIe République Le développement de la presse permis par des conditions favorables La période qui précède la Première Guerre mondiale constitue l'âge d'or de la presse écrite en France. Depuis la libéralisation de la presse en 1881, les quotidiens animent la vie démocratique républicaine, profitant des progrès de l'alphabétisation permis par la politique scolaire de la IIIe République, qui développe la lecture et la connaissance du français. Les progrès techniques, qu'il s'agisse des presses rotatives qui ont permis une baisse des prix, ou de la linotype, ont favorisé la démocratisation de la presse écrite. [...]

[...] Dès lors, l'affaire Dreyfus entraine une véritable crise sociale et politique. Des intellectuels parmi lesquels Émile Zola, qui écrit J'accuse en appellent au gouvernement, accusé de laisser un innocent condamné. Ces interventions médiatiques ont immédiatement un retentissement considérable. Dans ce cadre, les journaux racontent et alimentent la crise. Par des coups de presse savamment orchestrés, ils radicalisent les réactions de l'opinion. Informations nouvelles, provocations ou apostrophes sont immédiatement reprises par les journaux à grand tirage ; des brochures, affiches et chansons en amplifient l'effet dans le public. [...]

[...] Mais, une fois le jugement rendu, l'affaire semble s'éteindre. Ce n'est qu'à la fin de l'année 1897 qu'apparaissent dans la presse les premiers doutes sur sa culpabilité. En effet, le colonel Picquart, chef des Renseignements, finit par démasquer le vrai coupable, un officier du nom d'Esterhazy, protégé par l'armée. Les partisans de Dreyfus les dreyfusards alertent aussitôt l'opinion pour obtenir une révision du 1 procès. Georges Clémenceau, qui anime le jeune titre L'Aurore, entame alors une campagne en faveur de Dreyfus. [...]

[...] Si la politisation des journaux s'accentue, les informations diffusées à la radio sont étroitement surveillées par le pouvoir qui affirme son emprise sur le réseau national. En effet, ce média connaît un grand essor depuis les années 1920, avec la création des premières stations de radios (TSF) en 1922. En des ménages possèdent un poste de radio. Au cinéma, les informations filmées, sonorisées et commentées, s'imposent. Ces pratiques, qui entrent en concurrence avec la presse, transforment le rapport de l'opinion publique à l'information. [...]