Je remarque six choses. Tout d'abord, la nomination de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France par le Président de la République, situation uniquement vue en France. Dernièrement aussi, la victoire de la Gauche pour le comptabilisation du temps de parole du Président de la République dans celui du Gouvernement (en France, le temps de parole était découpé en trois tiers : un pour le Gouvernement, un pour l'opposition et un pour le Président de la République), comme si c'était la minute que notre cerveau recevait qui faisait notre opinion. Troisième phénomène (...)
[...] Je ne suis qu'historien mais je pense que la presse écrite, si elle s'en donne les moyens, pourra outrepasser Internet. Dans le passé, la presse a rencontré des difficultés qu'elle a su surmonté. Lors de l'arrivée de la radio, des accords radio-presse ont été mis en place, imposant à la radio de ne diffuser des lives seulement six heures après leur enregistrement, afin de laisser aux journaux le temps d'imprimer leurs éditions. Et puis, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, un journaliste a enregistré les bruits de bottes des soldats et des charrettes. [...]
[...] Je prendrais deux exemples pour cela. En 1981, la radio et la télévision étaient favorables à Valéry Giscard-d'Estraing, mais c'est François Mitterrand qui a gagné la présidentielle. Plus récemment, en 2005, les médias étaient favorables au oui pour le référendum sur la Constitution européenne, et les Français ont voté non à la majorité. Comment voyez-vous l'avenir de la presse avec l'essor d'Internet ? Selon moi, Internet n'est pas un nouveau média, mais un agrégateur de médias, rassemblant la télé, la presse écrite et la radio. [...]
[...] Patrick Eveno, historien des médias et maître de conférence à Paris I. Les médias sont l'épicentre d'un champ de forces contradictoires. Quel constat faites-vous des médias et de la démocratie actuels ? Je remarque six choses. Tout d'abord, la nomination de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France par le Président de la République, situation uniquement vue en France. Dernièrement aussi, la victoire de la Gauche pour le comptabilisation du temps de parole du Président de la République dans celui du Gouvernement (en France, le temps de parole était découpé en trois tiers : un pour le Gouvernement, un pour l'opposition et un pour le Président de la République), comme si c'était la minute que notre cerveau recevait qui faisait notre opinion. [...]
[...] Enfin, concernant les amis du Président détenteurs de médias, il faut bien noter que ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui a placé, par exemple, Serge Dassault à la tête du Figaro, mais Jacques Chirac. Justement, que pensez-vous des relations entre médias et pouvoirs ? D'une manière générale, tous les puissants cherchent à contrôler les médias pour influencer les lecteurs. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les personnes qui rachètent des médias ne le font pas pour l'argent, mais pour la puissance et l'influence. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture