À la fin années 1960, la législation américaine avait assoupli les règles relatives au secret, aux accusations de diffamation contre un journaliste, et autorisée la publication de documents officiels secrets. Après une tentative de cambriolage et d'écoute prolongée du siège du parti démocrate, l'immeuble Watergate, pendant la campagne présidentielle de juin 1972, la presse, et notamment le quotidien le Washington Post, mène des enquêtes poussées pour trouver les commanditaires, qui s'avèrent avoir été envoyés sur ordre de la Maison Blanche. Afin d'étouffer les recherches, le président des États-Unis, Richard Nixon, candidat à la réélection, harcelé par les journalistes, paraît vouloir museler les media. Cette course poursuite entre la vérité et la volonté de l'étouffer tourne à l'avantage des media et le président doit démissionner en 1974, après avoir été triomphalement réélue. Cet exemple montre d'emblée que les media doivent être considérés selon leur sens étymologique premier c'est-à-dire en tant que mediator. Pour autant ce triptyque gouvernement/media/citoyen est-il nécessairement garantie ?
L'affirmation de la liberté de la presse repose sur un fond historique. Il est possible de faire remonter l'histoire de la presse à l'invention de l'imprimerie par GUTENBERG vers 1438. Cette invention marque l'abolition de l'exclusivité de la lecture par l'Eglise et les riches monarques. Les progrès de tolérance, l'émergence de l'individualisme, la reconnaissance de la liberté d'opinion, les théories philosophiques sur l'Etat et la société, la distinction entre la sphère privée et la sphère publique, constituent grosso modo les conditions dans lesquelles émerge la notion de la liberté de la presse. Formé vers la fin du XVIII siècle, ce principe s'impose vite comme l'un des droits fondamentaux de l'homme. Effectivement, selon l'article 11 de la DDHC du 26 août 1789 « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, lire librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi », ou plus encore selon la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse par la suppression de tout régime préventif, abandon du délit d'opinion et disparition de la censure sauf en cas de menace envers l'Etat, l'armée et les tentatives d'émeutes publiques. Ensuite la liberté de la presse subit des transformations profondes sous l'effet combiné des innovations technologiques, des changements sociaux et politiques.
Mais la liberté de la presse n'est qu'un des aspects de la liberté d'expression qui appartient à tout homme dans le cadre d'un régime démocratique. A ce titre, les lois du 29 juillet 1982 relative à la communication audiovisuelle, du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, du 16 avril 1987 relative à la privatisation de 50% de la première chaîne publique par le groupe BOUYGUES ou du 17 janvier 1989 avec la création du CSA. Il faut donc dire que cette liberté de presse passe par l'évolution des relations qu'entretiennent avec la société civile, avec le public, les media en tant qu'institutions. Ce qui explique par conséquent que cette affirmation passe historiquement par la création d'un espace public adéquat.
Ensuite, l'approche des rapports entre media et démocratie nécessite non pas de faire des affirmations a priori, mais de considérer les contingences de la configuration dans laquelle les media évoluent. A la question des rapports de pouvoirs se posent des questions problématiques liées à la crédibilité du jeu démocratique. Dans l'hypothèse où les media seraient manipulés, on aboutirait au déclin du mythe de la liberté fondateur et légitimant de l'apport qualitatif des media dans les rapports en démocratie, la servitude. Dans l'autre hypothèse où les media seraient les manipulateurs, se poserait du point de vue de l'idéal démocratique la question de l'affaiblissement de pouvoirs comme le pouvoir politique qui tire pourtant sa légitimité du peuple, à la source du suffrage universel, autre mythe fondateur de la démocratie.
Ainsi la considération de l'utilité des media à la démocratie dépend strictement de l'évolution de la configuration dans lesquels ils évoluent, du rapport de force institué entre les différents champs donnés qu'ils soient politique, économique, sociaux… Seront alors analysés la liberté de presse comme mythe fondateur de la démocratie (I) et les media dans les rapports de force entre les différents champs : une configuration à somme multiple (II).
[...] L'information standardisée en provenance des agences de presse nationales ou internationales comme l'Agence France Presse, l'agence REUTER, les agences United press ou Associated press constituent justement une diminution du coût de production par l'abolition du journalisme d'investigation. Celui-ci étant relativement onéreux en termes de durée d'enquête, de mobilisation de personnel et de rémunération dudit personnel. Aussi comme nous l'avons souligné, le journalisme d'investigation par sa concision scientifique est contraire à la logique d'accroissement de l'Audimat. Les journalistes ont alors tout intérêt à aligner leurs informations les uns envers les autres. [...]
[...] Elles sont adoptées que si elles deviennent des variantes des schèmes des classes populaires. Sinon elles sont rejetées directement ou à terme. On trouve donc une illustration du fait que les cultures populaires peuvent être à la fois une sub-culture et une contre-culture. Plutôt que de favoriser une culture de l'entre soi où eux les riches diffère de nous les pauvres en l'absence de media, il semblerait plus approprié de considérer les mass media comme un facteur exogène d'acculturation, d'appropriation de la haute culture. [...]
[...] Il existe ainsi un profond enracinement de la liberté de la presse dans la société civile états-unienne. Elle est également le support d'autres libertés de mêmes origines. Tandis que dans la Constitution française la liberté de presse est analysé en terme de configuration constitutionnelle : son intensité normative, son effectivité hiérarchique dépend du contexte dans lequel le juge constitutionnel va opérer son jugement. La liberté de presse est garantie certes mais à l'égard d'une liste d'abus. Au contraire la Déclaration outre Atlantique implique un sens moral des responsabilités de ce droit. [...]
[...] De la même manière que les nouvelles en main d'avant l'imprimerie étaient destinées à informer les puissants, les princes, les commerçants et les banquiers lombards qui en tiraient de nouvelles sources du pouvoir, les premiers périodiques étaient destinés aux gens cultivés, aux notables, appartenant tous à des cercles proches du pouvoir et dont l'intérêt principal était de savoir et non de remettre en cause les structures sociales existantes. Les tous premiers journaux traitaient effectivement essentiellement de politique et les bénéficiaires des correspondances privées n'avaient aucun intérêt à ce que le contenu de celles-ci fût rendu public. [...]
[...] Ce qui explique par conséquent que cette affirmation passe historiquement par la création d'un espace public adéquat. Ensuite, l'approche des rapports entre media et démocratie nécessite non pas de faire des affirmations a priori, mais de considérer les contingences de la configuration dans laquelle les media évoluent. A la question des rapports de pouvoirs se posent des questions problématiques liées à la crédibilité du jeu démocratique. Dans l'hypothèse où les media seraient manipulés, on aboutirait au déclin du mythe de la liberté fondateur et légitimant de l'apport qualitatif des media dans les rapports en démocratie, la servitude. [...]
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