Quand on entend la question « Libé va-t-il disparaître », on a tendance à évoquer son déficit catastrophique, les millions de pertes que le quotidien enregistre depuis plus de 5 ans. Parce que le redressement judiciaire louvoie. Et surtout parce que la « guerre des plans » qui se livre à l'heure actuelle entre le principal actionnaire, Edouard de Rothschild, et celui de Edwy Plenel, soutenu par la SCPL ne témoigne pas seulement d'un problème interne à Libé mais d'une crise commune à l'ensemble du secteur de la presse quotidienne. Ce bras de fer entre le grand méchant loup financier et les forces vives de la presse ne sont qu'un témoignage supplémentaire du dilemme récurrent auxquels sont confrontés les journaux aujourd'hui : s'intégrer dans un grand groupe financier dans une logique de concentration ou se résoudre à disparaître. Libé, avec sa logique d'indépendance se heurte donc d'autant plus à cette réalité. Les grandes plumes du quotidien ont publié récemment un article pour rappeler que rien n'atteignait l'intégrité de leur ligne éditoriale. Pourtant, il s'agit bien aujourd'hui pour sauver Libé de le « refonder », de repenser un quotidien dont la base de lectorat se réduit comme une peau de chagrin.
Libé va-t-il survivre donc aux différentes crises qui le secouent depuis quelques années ?
Quelles leçons peut-on tirer de la déroute du quotidien ? Doit-il survivre ?
Ensemble de question auxquelles il convient de répondre en optant un double niveau de lecture : tout d'abord, il s'agit de chercher dans l'histoire même de Libé les évènements explicatifs de la crise que traverse le quotidien aujourd'hui. Puis, en projetant cette triste expérience dans un contexte plus large et commun à l'ensemble de la presse, nous essaierons de tirer des leçons, d'envisager des solutions (sans basculer dans la spéculation).
[...] On a donc bien une crise de l'offre plus que de la demande (Filloux). Les journaux payants doivent donc s'adapter aux attentes du public, adopter une posture plus tonique, plus conquérante. ( Le Figaro a confié son lifting de rentrée à la maquettiste de 20 minutes, dans la foulée de Le monde, mais l'on n'observe que peu d'effets pour le moment sur les ventes. Sauver à condition de refonder - Conséquence directe est la mise en question de la profession Télérama titre Prière de ne pas déranger en mars 2006, il souligne quelques points d'importance : o Formatage de l'enseignement du journalisme, recrutement de plus en plus homogène socialement o La pratique du off selon Daniel Carton : Savoir se taire est devenu la suprême qualité d'un journaliste politique voulant être reconnu et admis Les ratés ( exemples du traitement par les médias du référendum européen, affaire d'Outreau, embrasement des banlieues ou campagne présidentielles (phénomène Ségolène) doivent nous faire réfléchir : la liberté de presse ballottée ? [...]
[...] Libération va-t-il disparaitre ? Introduction Quand on entend la question Libé va-t-il disparaître on a tendance à évoquer son déficit catastrophique, les millions de pertes que le quotidien enregistre depuis plus de 5 ans. Parce que le redressement judiciaire louvoie. Et surtout parce que la guerre des plans qui se livre à l'heure actuelle entre le principal actionnaire, Edouard de Rothschild, et celui d'Edwy Plenel, soutenu par la SCPL ne témoigne pas seulement d'un problème interne à Libé mais d'une crise commune à l'ensemble du secteur de la presse quotidienne. [...]
[...] Elle l'est du point de vue de la rédaction en elle- même, et également du point de vue des lecteurs. On a vu se manifester de nombreuses personnalités de gauche dans les colonnes du quotidien pour soutenir un journal qui accompagne depuis toujours les évolutions de la France moderne ; mais aussi la création des la SLL (société des lecteurs de libération), et de nombreux soutiens lors de la journée portes ouvertes du 11 novembre. Alors à la question va-t-il disparaître, je répondrai qu'il doit survivre par la redéfinition d'un projet éditorial solide, parce que comme tout quotidien, il est un enjeu important pour le respect du pluralisme, la promotion du débat et donc de la démocratie, qui elle, se doit d'être une valeur non marchande. [...]
[...] La mue : un passage obligé, mais à quel prix ? Alors organe de presse indépendant, la publicité est introduite le 16 février 1982. Parallèlement, s'effectue le lancement de Libé II sous forme de pleine page. C'est un succès : en moins de 9 ans le quotidien passe de à plus de exemplaires ( les années 80 seront les années Libé. - Dès lors, est initié un mouvement de financiarisation du quotidien En mai 1993 = ouverture du capital, Libé voit l'entrée d'actionnaires extérieurs comme Antoine Riboud, Gilbert Trigano et Jérôme Seydoux. [...]
[...] Vittorio De Filippis, journaliste au service économie, ex-gérant de la SCPL, est devenu PDG intérimaire. Philippe Clerget, ancien directeur général de l'Usine nouvelle, choisi par Edouard de Rothschild, a été nommé directeur général délégué. - Plan Rothschild vs. Plan Plenel o Le 27 septembre dernier, l'actionnaire principal annonce son plan de la dernière chance pour sauver Libé. Il préconise un changement de la gouvernance dans l'entreprise (entre autre, la suppression du veto de la SCPL sur les grandes décisions), la filialisation du site et un plan social massif. [...]
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