Pendant longtemps, les grands journaux ont porté haut les couleurs de leur pays, allié et instrument du pouvoir mais se voulant aussi voix du peuple, la presse s'est présentée, bien souvent comme un des moteurs et témoins privilégiés des mutations sociétales européennes. A l'heure où la mort de la presse est évoquée de plus en plus fréquemment, que les publics et les supports se diversifient, aux changements de formules de nos quotidiens, il convient de faire le point sur l'évolution.
R. E. PARK, dans son Histoire naturelle du journal, en distingue trois étapes :
- La première est délimitée à l'espace du village, il est défini comme un des « moyens pour organiser le bavardage » (devices for organising gossip). Autrement dit, le premier journaliste couchait sur papier les bruits et rumeurs entendus.
- La seconde étape, est caractérisée par l'émergence des journaux d'opinion, dans les grandes villes dont l'enjeu était de recréer les conditions du village, en morcelant les masses urbaines en publics plus petits et plus unis par des opinions communes, pour contrer l'urbanisation ;
- La dernière étape, c'est la « presse indépendante », ou « grand public », qui redéfinit la fonction du journal. CHARLES A. DANA le directeur du New York Times dans les années 1880, avait défini l'information comme étant « tout ce qui fait parler les gens ». Donc là où le journal de la première époque organisait le bavardage, le nouveau, écrit R.E. Park, crée de la conversation là où il n'y en a pas.
[...] C''est également à l'aube de la Révolution Française que voient le jour les quelques grands noms de la presse britannique, comme The London Daily Universal Register Times, fondé en 1785, par JOHN WALTER et qui deviendra, en 1788, The Times. Il passera entre les mains de plusieurs propriétaires, et sera finalement racheté en 1981 par RUPERT MURDOCH. Il est aujourd'hui tiré en moyenne à plus de exemplaires par jour. The Observer fondé par WS BOURNE, paraît également pour la première fois en 1791. [...]
[...] Il jouit très vite d'un très grand prestige, qui en fait un des plus grands quotidiens italiens de son époque, LUIGI PIRANDELLO y participe, plus tard PIER PAOLO PASOLINI y écrira aussi. En 1925, avec la démission d'ALBERTINI, il se fascise. Aujourd'hui, détenu par GIANLUCA DI FEO également journaliste à L'Espresso, il demeure l'un des quotidiens italiens les plus importants. En 1905, ABC est fondé en Espagne par le marquis LUCA DE TENA, c'est le journal de l'aristocratie et de la bourgeoisie espagnole. Il appartient aujourd'hui au groupe Prensa Española, il reste politiquement marqué à droite avec une forte tendance catholique et monarchiste. [...]
[...] Mais les nouvelles formes médiatiques ne sont pas que des formes techniques : ainsi, la révolution des journaux gratuits tels que Métro ou 20 Minutes est souvent pointée du doigt en tant que facteur aggravant de la situation financière des grands groupes de presse. Notons au passage que certains des rédacteurs du titre 20 Minutes sont d'anciens rédacteurs de Libération. Bibliographie BLOCH Marc Bloch Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles de la guerre Allia 1999 JEANNENEY Jean noël Une histoire des médias, éditions du Seuil 1998. PARK R.E., Natural History of the Newspaper American Journal of Sociology, XXIX/3, November 1923, pp.80-98; repris dans E.C. Hughes (dir.), The Collected Papers of R.E. Park, vol. [...]
[...] Le développement de la profession et de son désir d'indépendance A. Des réseaux qui s'organisent, des papiers qui durent Jusqu'à la loi du 29 juillet 1881, et encore lors de la Grande Guerre, les pouvoirs chercheront de manière chronique à museler la presse (18 lois ou ordonnances sur la presse de 1815 à 1848). Le difficile combat pour la liberté renforcera encore le lien du journalisme et du monde politique. À cette époque, la distinction n'est pas non plus claire entre les journalistes et les hommes de lettres, si bien que le journaliste passe volontiers pour un écrivain raté. [...]
[...] Il est né en réaction aux journaux qui paraissaient entre 1914 et 1918, et ne vendaient que des fausses nouvelles à l'arrière de ce qui se passait réellement au Front. Ainsi, on pouvait y trouver des affirmations comme Les balles allemandes ne tuent pas et les bilans humains étaient souvent erronés. Ainsi, le Canard enchaîné a revendiqué son côté ironique pour dénoncer les horreurs de la guerre et leurs manipulations par le pouvoir, pour se faire les porte-parole des poilus En ce qui concerne les journaux de droite, ils sont souvent réputés pour la radicalité de leurs positions politiques, leur nationalisme, leur antisémitisme et leur rôle prépondérant dans le collaborationnisme avec le régime Nazi. [...]
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