La démocratie représentative est le système politique dans lequel les citoyens sont à même de désigner ou d'écarter ceux qui les gouvernent, et ce dans un contexte de libre-circulation des idées et de l'information. Dès lors, on comprend que la démocratie ne peut exister sans les médias, qui véhiculent l'information. De même, le journalisme politique ne peut exister sans la démocratie, sans quoi il ne serait que propagande. Le journalisme se décline en une double activité. Il est tout d'abord vecteur de communication : une communication descendante, véhicule de la communication politique que les gouvernants adressent aux gouvernés ; une communication montante, véhicule des revendications des gouvernés à l'adresse des gouvernants. Il est ensuite un lieu d'analyse des faits politiques, ce qui fait de lui un actif contributeur à la formation de l'opinion. Le journalisme politique est donc non seulement vecteur d'information, mais aussi source d'information. L'ambiguïté de ce rôle nécessite une interrogation : la médiation opérée par les journalistes entre gouvernés et gouvernants permet-elle de resserrer les liens entre ces deux entités ? Il apparaît que, tout en assurant la publicité de la vie politique, les journalistes politiques contribuent à la décrédibiliser.
Le journalisme politique est en effet l'intermédiaire indispensable à la communication entre gouvernés et gouvernants (I), mais, n'étant pas neutre, il constitue un obstacle à la création d'un lien direct entre gouvernés et gouvernants (II)...
[...] Chesnau, dans un monde médiatique marqué par l'urgence et l'abondance des informations, la décision politique pare au plus pressé, et répond sans délai aux desiderata d'une opinion mesurée au jour le jour. Conséquence : cette réactivité laisse peu de place à la réflexion. L'Etat devient gestionnaire des contraintes du présent, et le politique perd sa capacité à inscrire son action dans la durée et à concevoir des projets à long terme. Il s'agit toujours de s'adapter : l'idée de transformation sociale n'est plus à l'ordre du jour. On semble donc assister à une perte d'autonomie du champ politique. [...]
[...] De ce fait, le journalisme politique endosse un rôle d'éducation du sens politique du citoyen. En gagnant de l'autonomie, le journalisme politique est devenu un moyen de communication plus crédible et légitime pour les gouvernants. En règle générale dans les pays avancés, on observe un desserrement des liens entre l'Etat et les médias. En France, le temps où de Gaulle gardait l'ORTF sous contrôle pour compenser les méfaits d'une presse frondeuse, semble bien révolu. Par leur autonomisation, les médias ont acquis un statut de contre- pouvoir. [...]
[...] Un moyen de communication aux mains des gouvernés Le journalisme possède un pouvoir de représentation politique certes, mais il dispose d'un pouvoir de représentation sociale tout aussi important. Il permet en effet de décrire les réalités sociales auxquelles font face les citoyens et éveille par là même le monde politique à s'intéresser au sujet traité. Le journalisme politique constitue également pour les gouvernés un droit d'interpellation de leurs gouvernants. En effet, le journaliste donne la parole aux gouvernés par le biais de l'interview ou du reportage, ce qui lui permet d'exprimer ses revendications. [...]
[...] Le journalisme politique contribue-t-il au bon fonctionnement de la démocratie représentative ? On peut observer dans la vie politique actuelle un certain paradoxe. D'un côté, les événements politiques (élections, remaniements ministériels et surtout l'action politique (mesures du ministre de l'Intérieur, visites du chef de l'Etat bénéficient d'une très forte médiatisation. De l'autre, on observe la constante d'un désaveu des citoyens envers les hommes politiques, qui se matérialise par des taux d'abstention élevés. Il peut paraître étonnant que les médias, régis par des contraintes économiques et une nécessité d'audience, s'intéressent à ce qui a priori intéresse de moins en moins la population. [...]
[...] Les journalistes politiques semblent donc pouvoir aussi s'envisager comme un obstacle au lien direct entre gouvernés et gouvernants. II- Le journalisme politique : un obstacle au lien direct entre gouvernés et gouvernants Un obstacle à la communication descendante L'importance que les médias ont pris dans notre société a contribué, selon J. Baudrillard, à réduire la communication politique à une simple fonction phatique En effet, l'enjeu n'est plus le contenu du message, mais le fait même de communiquer. Dès lors, le but n'est plus de dire vrai ou faux, mais de faire croire Ainsi, cette nécessité d'occupation du terrain médiatique contribue à faire de la politique un spectacle, sans réel message. [...]
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