L'apparition des quotidiens gratuits en France a provoqué une vive émotion chez les éditorialistes de différents prestigieux quotidiens nationaux. "N'est-ce pas dévaloriser l'information que de la rendre gratuite? N'est-ce pas induire que le journalisme n'apporte aucune plus-value?" s'interrogeait Le Monde lors de cette crise. Internet, par le modèle du tout gratuit qu'il diffuse, serait aussi à blâmer. A la réponse que lançait The Economist le 28 août en couverture, « qui a tué le journal ?», il serait facile de répondre la gratuité.
Ainsi, lorsque l'on prend en compte les quotidiens gratuit, et Internet, on aurait tendance à répondre non à la question « l'information a-t-elle un prix ? ». Mais si l'information est gratuite pour les lecteurs, elle ne l'est pas pour les diffuseurs (au sens large) et nécessite des financements qu'ils proviennent de capitaux extérieurs ou de la publicité. Ainsi, au delà des journaux gratuits, il convient d'instaurer le débat entre le droit à l'information et le droit d'informer. Est ce que le droit à l'information qui prône une information libre d'accès et donc gratuite remet en cause le droit d'informer en cherchant des annonceurs et des actionnaires qui remettent en cause la ligne éditoriale de la rédaction ?
[...] Non seulement, l'information peut, mais doit être gratuite pour le lecteur. La plupart des journaux gratuits ne sont pas des trouvailles marketing qui se trouveraient être des journaux gratuits. Pour prendre les deux premiers d'entre eux minutes et Métro, ce sont des quotidiens d'information généraliste qui ont choisi la gratuité. Pour Frédéric Filloux, directeur de la rédaction de 20 minutes qui était intervenu dans un autre cours, les titres gratuits ont attiré des lecteurs qui ne lisaient pas de quotidien auparavant. L'information est au fondement de l'exercice de sa citoyenneté. [...]
[...] La question qui se pose alors est de savoir si au regard de la concurrence, l'information peut être gratuite. D'abord, il faut affirmer que les causes de l'érosion de la diffusion de la presse quotidienne payante sont moins l'arrivée des gratuits qu'un problème dans leur adaptation à la demande. De plus, il convient de préciser, qu'il existe d'autres sources d'information que la presse comme la radio ou la télévision qui existaient auparavant et qui sont elles aussi gratuites. En 1986, le Conseil Constitutionnel a affirmé que la pluralité des titres de presse. [...]
[...] Cependant, même lorsque l'information apparaît payante, l'apport du lecteur dans le financement du coût de l'information est minime. Au New York Times par exemple de la recette générée provient de la publicité. Ainsi les raisonnements qui prônent un équilibre entre les recettes lecteurs et les recettes publicités sont contestables tant il apparaît que la dépendance découle davantage de la difficulté à maintenir ou développer les recettes lecteurs et l'audience d'un titre, qui alors rend vulnérable au moindre recul, même limité, de la part de publicité quel que soit son pourcentage. [...]
[...] Certes, le tableau n'est pas fameux, écrivait Bruno Frappat, président du directoire du groupe Bayard, dans un éditorial paru dans La Croix le 3 juillet, mais des ressorts existent pour la presse de qualité, dont le rôle dans le fonctionnement de la démocratie n'est pas le moindre, dès lors que ses actionnaires se font une certaine idée de leur mission où la finance doit servir l'intelligence et non pas l'écraser ou l'outrager. Bibliographie Roland Dumas, Le droit de l'information, collection Themis Droit, Presses Universitaires de France. [...]
[...] Ainsi non seulement l'information peut mais doit ne pas avoir de prix. Cependant, on peut s'interroger sur la concurrence qu'elle représente sur l'information restée payante. b. Une concurrence déloyale ? Le Monde semblait douter de la qualité de l'information gratuite. L'information gratuite était présentée comme la cause de la crise de la presse payante. Au fil des ans, la presse nationale perd des lecteurs. De 1997 à 2003, l'audience des quotidiens nationaux a baissé de soit une perte de lecteurs d'après les chiffres de l'EuroPQN. [...]
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