[...] La situation du cinéma en 1959
La génération qui a pris en main le devenir de la cinématographie cubaine à partir de 1959 a fondé son action à partir d'un discours de rupture par rapport à la situation antérieure justifiant une action rapide et énergique.
La Révolution qui met fin au régime de Batista s'appuie sur une volonté de reconstruire l'histoire du pays. De même pour le cinéma. Pas étonnant : c'est le propre de toute Révolution que de vouloir rompre de manière brutale et radicale avec le passé.
[...] Rien ne pouvait être sauvé des années précédentes et même plus : il n'y a pas de modèle auquel s'opposer. Tout reste à construire. Année 60 sous le signe d'une toute puissance.
Par la suite, l'historiographie officielle se chargea de diffuser amplement cette vision de l'histoire du ciné prérévolutionnaire afin de valoriser les nouvelles productions.
Radicalité de ces propos à replacer dans contexte exalté des années 60 : les révolutionnaires croient qu'il est possible de « changer la vie » :
Le rejet de tout ce qui se rattache au passé s'explique aussi par des expériences cinématographiques douloureuses. Ex : el Mégano de Alea et Garcia Espinosa (1955) fut séquestré par la police de Batista.
Années précédents la révolution : la production de longs-métrages a chuté de manière drastique. 5 longs-métrages entre 1955-1958.
[...] Années 80 placées sous le signe de crises et remises en question :
- Mariel : premier symptôme. Avril 1980 : des milliers de candidats à l'exil envahissent l'ambassade du Pérou. Castro décide d'accorder la liberté d'expatriation à ceux qui en font la demande : 130000 personnes quittent le pays depuis le port de Mariel, à côté de la Havane. Départs qui permettent d'affaiblir les dissidences intérieures mais qui sont aussi patent pour l'opinion internationale des problèmes de la Révolution que les exilés présentent sous un jour désastreux. Griefs politiques et économiques.
- 1986 : Troisième congrès du Parti communiste met fin à l'alignement sur le modèle soviétique en ouvrant un « processus de rectification des erreurs et des tendances négatives » qui renouait avec théorie guévariste de l'homme nouveau.
- Fin de la décennie : condamnation à mort d'Ochoa : celui qui avait été déclaré « héros de la Révolution cubaine ».
Donc : période troublée : le cinéma cubain enregistre une forte hausse de longs-métrages dans un contexte cinématographique international en crise. Placé sous le signe de la diversification sur le plan de la production et de la réalisation.
[...] 1. Nouvelle crise à l'ICAIC : la démission d'Espinosa
C'est encore autour d'un film que se produit une nouvelle crise pour l'ICAIC qui provoqua une remise en question de la politique de l'institution. Alicia en el Pueblo de Maravillas de Daniel Diaz Torres. Dans le contexte ambiant de crise politique et économique ce qui se présentait comme une satire du présent provoqua de violentes réactions.
À cela s'ajoute la volonté du Comité Exécutif des conseils des Ministres à intégrer l'ICAIC aux Studios Filmiques des Forces Armées Révolutionnaires et aux Studios Ciné de l'Institut Cubain de la Radio et de la Télévision = revient à faire disparaître l'ICAIC comme institution autonome et libre de ses choix. Une Commission de cinéastes se mobilise pour lutter contre cet accord. Espinosa démissionne. Guevara revient de Paris. Finalement, une enquête est menée par une Commission qui aboutit au maintien de l'ICAIC comme institution autonome. Présidence confiée à Guevara. (...)
[...] Dans cette veine se côtoient toutes générations dont les inquiétudes se rejoignaient en ces temps de crise Tomas Gutiérrez Alea Alea : le vétéran par excellence, celui qui avait ouvert l'histoire du cinéma cubain postrévolutionnaire avec Historias de la Revolucion. Fut l'un de ceux qui allèrent le plus loin dans la critique. Ses deux derniers films : Fresa y chocolate (1993) ; Guantanamera (1995) : testament cinématographique car il se savait condamné à un cancer ; un des témoignages les plus poignant d'une révolution entrain de se défaire. [...]
[...] - Le Cinémovil poursuit son œuvre d'éducation cinématographique du public Regards sur le passé Goût prononcé pour les films ancrés dans un passé plus ou moins proche. Plusieurs raisons : - Le recours à l'histoire permettait d'éviter d'aborder de front des problématiques du présent qui dans ce contexte pouvaient s'avérer conflictuelles. Certaine prudence et formes d'autocensure suite aux déconvenues d'Humberto Solas dont le film Un Dia de Noviembre fut retardé de six mois : protagoniste en proie à de profonds doute sur le sens de son existence. [...]
[...] La Révolution qui met fin au régime de Batista s'appuie sur une volonté de reconstruire l'histoire du pays. De même pour le cinéma. Pas étonnant : c'est le propre de toute Révolution que de vouloir rompre de manière brutale et radicale avec le passé. Premier numéro de la revue Cine cubano : Alfredo Guevara : Si buscamos un repertorio de imagenes y experiencias, una tabla de valores o punto de referencia con vistas a seguirlo, modificarlo o rechazarlo, si pretendemos encontrar un motivo de estudio o inspiracion, nada encontraremos. No tenemos antecedentes. [...]
[...] Introduction d'un nouveau protagoniste : l'esclave. Ex : la ultima cena (Alea, 1976) Thématique de l'esclave contribue à revivifier le cinéma cubain, d'insérer les Noirs dans l'histoire de la Nation qu'ils contribuaient ainsi à redéfinir. Films historique : première vocation est de susciter chez le spectateur l'illusion d'une plongée dans le passée. Nombre de ces films s'attachent à renouveler le genre historique dans lequel ils s'inscrivent, en prenant le contre pied exact de ce que l'on entend généralement par ‘film historique' selon un projet anti Hollywoodien de représentation de l'histoire Il ne s'agit pas que d'une simple mise en scène de l'histoire mais un tout complexe. [...]
[...] Premières réalisation, premières difficultés (1959-1965) D. Les premiers longs-métrages de fiction E. La présence des étrangers F. La première crise G. L'essor de la fin de la décennie : l'âge d'or du cinéma cubain postrévolutionnaire H. Memorias del subdesarrollo I. Lucia II. Les années 70 : de la rétrospection à la dramaturgie du quotidien A. [...]
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