Europe/Etats-Unis : malentendus et mésententes ne datent pas d'aujourd'hui. L'alliance qui les a réunis durant un demi-siècle, après 1945, a historiquement un caractère plus accidentel que structurel. Elle ne concernait du reste qu'une partie limitée de l'Europe, elle s'enracinait dans sa division. Même dans la période plus faste de la relation transatlantique, les crises n'ont pas manqué, que l'on se souvienne par exemple de l'affaire de Suez, ou du projet de force multilatérale de l'OTAN voire de l'initiative de défense stratégique (IDS). Pour ce qui est de la période qui a suivi, l'idée d'une harmonie préétablie et comme naturelle doit également être écartée. Les continents se sont plus souvent ignorés, ont suivit leur propre chemin, voire se sont affrontés sourdement à propos de l'Amérique Latine, de la colonisation ou de la décolonisation.
Ainsi au regard de l'histoire des relations transatlantiques, l'Europe semble s'être construite sinon contre, du moins sans les Etats-Unis. Les divergences actuelles n'ont rien d'exceptionnel ni d'inhabituel, elles pourraient correspondre à une sorte de retour à la normale après l'euphorie qui a suivi la chute du mur de Berlin.
Mais un changement profond s'est opéré. Les Etats-Unis sont plus proches de l'Europe qu'ils ne l'ont jamais été. Chacun semble avoir besoin de l'autre. La construction Européenne ne semble pas pouvoir se réaliser sans les Etats-Unis. Au regard des divergences d'opinion et de position qui ont longtemps séparé et séparent toujours les deux continents, comment expliquer ce changement dans l'équilibre des relations transatlantiques ?
Il apparaît d'abord pertinent de s'interroger sur les valeurs qui séparent où réunissent les deux continents pour comprendre que l'affaiblissement du lien transatlantique ne rend pas compte des clivages internes. Nous verrons dans un second temps que les Européens ne peuvent donc ignorer les Etats-Unis à la fois comme partenaire et comme identité contre laquelle ils se construisent.
[...] Bruno Tertrais, Europe / Etats-Unis : valeur, communes ou divorce culturel ? in Notes de la Fondation Robert Schuman, Zbigniew Brzezinski, Le vrai choix. L'Amérique et le reste du monde, Odile Jacob Pierre Rosavallon, Europe-Etats-Unis : les deux universalismes Le Monde 22/02/2005. Europe / Etats-Unis : le face à face in Question Internationales septembre octobre 2004, La documentation française. [...]
[...] L'Europe doit-elle se construire avec sans ou contre les Etats-Unis ? Europe/Etats-Unis : malentendus et mésententes ne datent pas d'aujourd'hui. L'alliance qui les a réunis durant un demi-siècle, après 1945, a historiquement un caractère plus accidentel que structurel. Elle ne concernait du reste qu'une partie limitée de l'Europe, elle s'enracinait dans sa division. Même dans la période plus faste de la relation transatlantique, les crises n'ont pas manqué, que l'on se souvienne par exemple de l'affaire de Suez, ou du projet de force multilatérale de l'OTAN voire de l'initiative de défense stratégique (IDS). [...]
[...] Les Etats-Unis ont inscrit dans leur constitution, la séparation des pouvoirs politiques et religieux tandis que Reine d'Angleterre est le gouverneur suprême de l'église anglicane. En bien des points, qu'ils s'agissent de lutte contre le racisme, d'abolition de la peine de mort ou de liberté sexuelle, une certaine Amérique a été un modèle pour l'Europe des années 1960. De même l'opposition entre la Vieille Europe et la Nouvelle Europe semble ne pas être un vain mot. L'exemple de la Pologne qui a insisté envers et contre tout pour imposer la référence à Dieu dans le traité constitutionnel. [...]
[...] Un changement profond : la construction européenne ne peut pas ignorer les Etats-Unis a. La rivalité et la complémentarité des Etats Européens Robert Kagan suggère que, dans une sorte de revirement historique, les Etats-Unis ont remplacé l'Europe de naguère en s'appropriant ses réflexes stratégiques : obsession de la souveraineté, realpolitik fondée sur des intérêts nationaux, utilisation fréquente de la puissance militaire. Face à ce hard power américain, l'Europe s'accrocherait à ce qui lui reste, à savoir le soft power. L'écart de puissance entre les Etats-Unis et l'Europe apparaît donc incontestable et impose une coopération au sein d'organisation comme l'OTAN. [...]
[...] Enfin des différences de modèle social : l'usage de la peine de mort constitue l'une des différences les plus notables entre les sociétés européennes et américaines. De même que la religiosité de la population. De part et d'autre de l'Atlantique, les rapports entre politique et religion, et liberté et sécurité semblent diverger. Mais les Etats-Unis semblent se désintéresser de l'Europe qui ne figure plus au premier rang de leur préoccupation. Divisée, l'Europe ne peut faire valoir son point de vue. [...]
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