Rien à dire sur les médias au Maroc: ils offrent aux intellectuels l'occasion de s'exprimer bien plus qu'on ne le pense. A en juger par l'augmentation massive des journaux et hebdomadaires, leur qualité plus attractive, la floraison des plumes, la diversité des émissions et le développement de chaînes de télévision, l'ensemble conforté tout récemment par le projet de libéralisation de l'audio-visuel, personne ne pourra soutenir le contraire. Rien à dire non plus sur le plan des instruments : nous avons bien le dispositif institutionnel nécessaire dont : le Ministère de la Communication, le Conseil Supérieur de la Communication audiovisuelle, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, les Assises Nationales de la Presse, la Loi 73-03 relative à la communication audiovisuelle…
L'effort d'institutionnalisation de la communication est tangible ; en revanche, la finalisation axiologique des missions des organes médiatiques par rapport aux droits culturels et politique de l'espace public l'est moins. Précisément, le droit de l'espace public à la connaissance, à l'information, à l'accès aux savoirs et à la familiarisation avec les producteurs de savoir, notamment nationaux, est l'expression des valeurs normatives et éthiques qui sous-tendent la communication.
[...] Je demeure persuadé que personne ne peut contester cette évidence toujours d'actualité: il est des auteurs dont les publications captivent immédiatement la presse écrite et télévisuelle. D'autres, à peine si on daigne les remarquer. Si le constat est valable pour d'autres pays, chez nous la tendance est à la systématisation selon les conjonctures. Certes, comme la nature, le champ des médias, a horreur du vide ; les acteurs qui les animent se complaisent généralement dans le changement du même par le même. [...]
[...] Ce dont il s'agit, c'est de l'habilitation de l'espace public qui pâtit du politiquement incorrect des médias indifférents au respect de la norme qui veut que le socle de l'éthique et des valeurs communes du vivre ensemble soit constamment consolidé, soit proposée une pluralité de voix, et que les divergences et les dissemblances soient gérées efficacement –démocratiquement. Rien à dire alors sur les médias ? Le chemin pris par les médias rend- il le jeu politique plus transparent et plus égalitaire ? Telle est la finalité de l'éthique incontournable sur laquelle repose le management de la communication par les médias. Bibliographie indicative Valeurs et éthique dans les médias : Approches internationales de Patrick-J Brunet, Martin David-Blais PU Laval Droit : déontologie et éthique des médias de Linard Ed. [...]
[...] Bien heureux aussi celui qui, par obstination, sait comment se frayer une place dans les arcanes de la sphère médiatique, en contournant les obstacles, se prêtant ainsi au jeu pervers des courtoisies les plus obséquieuses. Il parvient finalement à surmonter l'épreuve, armé d'une copie de Comment parler à la presse en dix leçons, lui assurant une formation utile au jeu de rôle où il doit accomplir une prouesse pour le moins peu honorable. Piètre image de cet intellectuel qui doit ramper pour accéder à la médiatisation. [...]
[...] Selon cette logique, les médias contribuent effectivement à la mise à niveau du potentiel humain des citoyens et de leurs capacités à investir le champ politique. On devrait être très heureux de voir paraître une étude sérieuse, en politique, en économie, en sciences, en littérature Inviter les auteurs de tous les bords, les présenter au public, leur poser des questions et évaluer la force de leurs arguments et la pertinence de leurs choix, est le chemin le plus sûr pour animer un débat qui profite à l'espace public. [...]
[...] L'interlocuteur, lui, se réfugiera dans la langue de bois tout en revendiquant la transparence. Bref, le spectacle, coûteux pourtant sur le plan technico-financier, affiche une gêne incontestable au niveau de la réalisation. Cette gêne réciproque, qui déteint sur le téléspectateur, montre que le problème se pose aussi bien en termes d'éducation, de formation, qu'en termes de liberté de travail pour faire correctement le métier de communication. De même, réformer la politique culturelle nationale pour l'adapter au changement du paradigme de démocratie en cours est plus qu'une urgence au vu de l'exigence démocratique de l'espace public dont il faut resserrer les liens, raffermir la cohésion, l'assurer du partage optimal et permanent. [...]
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