Vers une ère post-média ? Une tentative d’introduction à la constitution d’un cadre d’analyse des médias de masse individualisés

Résumé du document

« Culture expressive », « culture participative », « culture de partage », tels sont les termes utilisés pour désigner la culture numérique caractéristique de ce que l'on nomme le « Web 2.0 » et de ses dispositifs articulés autour de la création, du partage et de l'agrégation de contenus en tout genre, et surtout autour de la personnalisation et de la subjectivation qui constituent l'assise de ces dispositifs.
Nous serions alors tenté de postuler une rupture de la culture de masse individualisée qui en résulte, par rapport à la culture mass-médiatique. Au contraire, nous opterons ici pour le choix de la continuité, en nous appuyant notamment sur le concept de « création sous contrainte » développé par Morin . Il ne sera pas pour autant question de remettre en cause la place de l'expressivité, de la personnalisation ou de la participation, qui constituent des dynamiques tout à fait centrales, mais de les inscrire dans un cadre en limitant l'action ou tout de moins de circonscrire leur autonomie.

Extraits

[...] Castells, Emergence des médias de masse individuels, Le monde diplomatique août 2006, p. 16-17. D. Cardon, H. Delaunay-Teterel, La production de soi comme technique relationnelle. Un essai de typologie des blogs par leurs publics Réseaux 2006/4, n°138, p. 15-71, p H. Rhiengold, Natifs numériques ou des raisons d'être optimistes Médiamorphoses, septembre 2007, p. 28-30. [...]

[...] Macé, Penser les médiacultures, Paris, Armand Colin p. 145-172. Allard L., Blogs, Podcast, Tags, Mashups, Locative Medias. Le tournant expressiviste du Web Médiamorphoses, septembre 2007, p. 57-62. Allard L., Vandenberghe F., L'invention de soi ? Etude de quelques usages expressifs d'Internet. L'exemple des Nets d'Or Colloques Globalisme et Pluralisme, Montréal, 24-27 avril 2002. Butler, Le récit de soi, Paris, PUF Cardon D., Delaunay-Teterel H., La production de soi comme technique relationnelle. [...]

[...] A partir d'une relecture de l'Esprit du temps d'Edgar Morin Hermès, Maigret E., Sociologie de la communication et des médias, Paris, Armand Colin Morin E., L'esprit du temps Névrose, Paris, Grasset Rhiengold H., Natifs numériques ou des raisons d'être optimistes Médiamorphoses, septembre 2007, p. 28-30. Rieffel, Sociologie des Médias, Paris, Ellipses Nous empruntons le titre d'un article inédit de F. Guattari datant de 1990, que nous transposons au style interrogatif : F. Guattari, Vers une ère post-média Chimères, E. Morin, L'esprit du temps Névrose, Paris, Grasset Ibid. F. Guattari, De la production de la subjectivité Chimères, M. [...]

[...] En effet, il est bien plus probable, selon l'auteur, que cette jeunesse née dans un environnement numérique et constitué d'une majorité de créateurs de contenus s'implique, à la différence d' une population de consommateurs passifs, assise l'air hébété devant la télévision, nageant dans une culture de produits industriels par un petit nombre à un public immense[7] Voilà qui résume assez bien le fond de la pensée de tout un ensemble de travaux consacrés à la culture numérique Il est donc essentiel de prendre ses distances quant aux discours baignant dans une idéologie naïve du progrès postulant qu' Internet, puisqu'il permet à la fois de trouver ce que l'on aime et de rendre publiques ses propres créations serait le média roi et le média libre, affranchissant d'un côté de la dictature de la pensée analytique étroitement scolaire, de l'autre des tyrannies des médias de masse, de la passivité Notons en guise de transition que les travaux de Laurence Allard (dont nous reparlerons plus dans la seconde partie) sur la culture numérique en tant culture expressiviste nous semblent plus intéressants bien que celle-ci s'inscrive explicitement dans le sillage de Guattari. Pour elle, les outils du Web 2.0 et plus particulièrement les blogs, en tant que technologies du soi illustrent ce processus de réappropriation dont parlait Guattari[9]. [...]

[...] Le paradigme esthétique de la subjectivation développé dans les différents travaux de L. Allard parait tout de même très fécond pour étudier ces dispositifs de textualisation, et de figuration de soi toujours inscrits dans une logique relationnelle, en quête de réception, que sont par exemple les blogs. Dans cette perspective, on notera que les travaux cités présentent l'intérêt d'insister sur la dimension proprement collective et relationnelle du phénomène, allant parfois jusqu'à l'accès lorsqu'est avancée l'idée d'une intelligence collective telle que développée par P. [...]