Le concept de cultural studies est né au milieu des années 60 au Royaume-Uni, puis s'est fortement développé au début des années 90 dans le monde anglo-saxons et en France. Il a pour principal objet d'étude la culture de masse et analyse les rapports de pouvoirs dans les représentations médiaculturelles. En effet, ces dernières peuvent constituer le miroir des transformations anthropologiques et historiques d'une société, tout en étant également parfois actrices de ces transformations. Les cultural studies s'intéressent notamment aux représentations de genre dans les médiacultures, par le biais des gender studies. Ces études cherchent à définir quelles notions d'identités de sexe et de genre sont représentées dans les médias de masse. En effet, il existe de nombreuses façons de penser le sexe et le genre. Rappelons à ce sujet que tandis que le sexe concerne les attributs sexuels primaires et secondaires, le genre, lui, est distingué par des marqueurs sociaux culturels. Le rapport entre ces deux notions est conflictuel depuis de nombreuses années et est passé par plusieurs phases : le patriarcat pré-moderne pour lequel le genre fait le sexe, le patriarcat moderne pour lequel le sexe définit le genre, le féminisme égalitariste civique, puis politique, essentialiste et enfin le mouvement Queer.
Les représentations présentes au sein des médiacultures constituent l'arène des conflits de pouvoir les identités de genre. La manière dont celles-ci représentent les genres, indique leur point de vue, qu'il soit sexiste naturaliste, féministe égalitariste, anti-féministe naturaliste, ou bien d'autres encore. Dans notre cas précis, rappelons que notre objet de recherche dans le cadre de notre projet de mémoire concerne les émissions culturelles sur les chaînes généralistes françaises. Ainsi, nous pouvons nous demander quelles sont les représentations socio-anthropologiques de genre qui apparaissent aujourd'hui au sein des émissions culturelles françaises ? De plus, ce type d'émissions concernant la sphère de l'esprit et de la culture, nous pouvons également nous demander si l'adage du patriarcat moderne « l'homme crée, la femme procrée » y est toujours fortement présent ou s'il a tendance à s'effacer en accordant plus de légitimité aux femmes dans ce rôle de création.
Nous verrons dans un premier temps, que les émissions culturelles étudiées semblent faire l'effort d'inviter plus de femmes artistes et de les traiter comme leurs confrères de sexe masculin ; néanmoins nous observerons dans un second temps qu'une certaine inégalité demeure entre les sexes.
[...] Désormais, pour Eric Macé, nous vivons dans une société qui s'organise et s'énonce comme égalitariste. où l'égalité entre les sexes est garantie en droit ce qui n'empêche pas à la discrimination sexiste de perdurer, comme nous le verrons dans la prochaine partie. Le deuxième mouvement du féminisme a également contribué à la situation actuelle. De nature politique cette fois, et lancé par Simone De Beauvoir en 1949 avec la publication de son ouvrage Le deuxième sexe où elle affirmait on ne naît pas femme, on le devient. [...]
[...] L'étude des collections d'émissions Esprits libres de septembre 2006 à février 2007 montre, qu'en moyenne, l'émission accueille 71% d'invités du sexe masculin et 29% d'invités du sexe féminin, soit environ les mêmes données que pour Vol de nuit. Sur toutes les émissions étudiées, l'équilibre entre les invités hommes et femmes n'est jamais atteint, mais cette fois, nous n'avons pas trouvé d'émission n'ayant invité aucune femme. Enfin, l'analyse du genre des présentateurs et des chroniqueurs va également dans le sens d'un accès plus difficiles des femmes aux postes de pouvoirs. [...]
[...] MACÉ Eric, GUÉNIF-SOUILAMAS Nacira (2004), Les féministes et le garçon arabe, Paris, éditions de l'aube pages, p.26. Ibid., p.23. Ibid., p.29. Ibid., p.31. Emission littéraire bimensuelle, présentée par Patrick Poivre d'Arvor, diffusée sur TFI en troisième partie de soirée le lundi. Emission culturelle trimensuelle, présentée par Guillaume Durand, diffusée sur France 2 en deuxième partie de soirée le vendredi. Emission diffusée le lundi 15 janvier 2007. Audrey Diwan, Pauline Delpech, Catherine Locandro et Ornella Vorpsi. [...]
[...] Mais cette avancée est toutefois assez récente, et peu de femmes étaient présentes au sein des émissions culturelles il y a quelques dizaines d'années encore. Cela reflétait ce qui se passait dans le champ culturel de l'époque, qui laissait peu de place aux femmes. Souvenons-nous par exemple que la première femme a avoir obtenue un siège au sein de l'Académie Française fût Marguerite Yourcenar (1903-1987) en 1980 seulement. Et si nous remontions encore plus loin, nous pourrions donner de nombreux exemples de femmes ayant utilisé des pseudonymes d'hommes pour publier des livres. [...]
[...] Enfin, lors des entretiens, la personne qui a la parole est parfois cadrée accompagnée de sa voisine du sexe féminin, si c'est un homme, et ce, non réciproquement. Nous voyons ici que la réalisation de l'émission opère une différence de traitement entre les invités masculins et féminins, et que ces dernières sont privilégiées sur le plan iconique, ce qui semble répondre à un male gaze. De plus, certaines réactions du présentateur Patrick Poivre d'Arvor laisse aussi apparaître ce phénomène. En effet, pour passer de l'interview de Philippe Léotard à celle de Pauline Delpech, il utilise une transition mettant l'accent sur le physique de cette dernière en partant des yeux d'un loup figurant sur le livre du premier invité pour faire référence ensuite à la beauté des yeux de son invité. [...]
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