L'avènement de la TNT (Télévision Numérique Terrestre) est sur le point de bouleverser à nouveau le paysage télévisuel français : un plus grand nombre de chaînes gratuites seront bientôt disponibles sur l'ensemble du territoire.
Depuis son arrivée en Europe au début des années 1950, la télévision s'est en effet imposée comme le mass media par excellence. L'impression d'instantanéité et de proximité qu'elle dégage lui ont dès l'origine donné un aspect révolutionnaire qui n'a pas échappé aux gouvernants.
Pour les sociétés démocratiques, ce nouveau média était à la fois porteur d'espoirs et de craintes. D'espoirs, car la télévision peut aider à la démocratisation de la société : on peut rêver de mettre à la portée de tous des programmes de qualité, instructifs, pluriels, qui contribueraient à la formation du citoyen. Mais la crainte que la télévision ne devienne une arme de propagande au profit du pouvoir en place a elle aussi toujours été présente : qu'elle ne diffuse qu'une pensée unique, et c'est la fin de l'idéal démocratique de pluralisme.
Alors que les espoirs portés par la télévision inciteraient plutôt à laisser à l'Etat les moyens de garantir le respect de règles de qualité ou de déontologie en matière audiovisuelle, la peur d'une manipulation de l'information télévisuelle amènerait plutôt à espérer que les pouvoirs publics renoncent à tout contrôle.
Ce « contrôle » exercé sur la télévision peut être entendu comme le degré d'implication et d'influence qu'ont l'Etat, les gouvernements, sur sa gestion. A-t-il été uniforme depuis la naissance de la télévision ou a-t-il au contraire connu différentes facettes ? Quel équilibre a été trouvé entre la nécessaire liberté qui doit être accordée à la télévision et son « contrôle » dans un souci de « service public » ?
Il peut être intéressant de comparer cette évolution dans différents pays européens : le Royaume-Uni, tout d'abord, pionnier de l'audiovisuel en Europe ; l'Allemagne, dont la structure décentralisée offre une perspective particulière ; l'Espagne, qui découvre tardivement la démocratie après 30 ans de dictature franquiste ; et enfin, la France. Quelles similitudes et quelles différences peut-on dégager dans leurs façons d'appréhender la télévision ? Peut-on définir un « modèle » vers lequel tous auraient convergé ?
Nous verrons tout d'abord que le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne et la France ont tous quatre connu les deux mêmes étapes : une télévision d'abord sous monopole public (I), puis l'apparition d'un secteur privé (II). Mais le terme de « monopole public » a recouvert différentes réalités, notamment en ce qui concerne le degré d'indépendance de la télévision vis-à-vis du pouvoir en place. De même, l'apparition du secteur privé, si elle s'est faite pour des raisons similaires dans l'ensemble des pays étudiés, n'a pas suivi partout la même temporalité ni les mêmes étapes.
Nous essaierons finalement de montrer qu'il est toutefois possible de dégager aujourd'hui un « modèle » vers lequel tous les Etats ont ou sont sur le point de converger (III): celui d'un « contrôle » de la télévision par le biais d'instances indépendantes de régulation. Il s'agit d'une alternative au marché et à la réglementation étatique, qui permet de trouver un équilibre entre pluralisme et qualité en matière audiovisuelle.
[...] Il s'agit d'une perspective conforme à son idéologie libérale, et qui séduit également les milieux économiques : Asociación Española de Anunciantes, Confederación Española de Organizaciones Empresariales mais aussi sociétés étrangères telles que la société mexicaine Telesistema (aujourd'hui Televisa) et grands groupes espagnols de presse qui souhaitent diversifier leurs modes de diffusion (Antena 3 par exemple). Les raisons invoquées relèvent des justifications habituelles du libéralisme : l'instauration d'une concurrence public/privé serait plus efficace, offrirait une plus grande diversité au consommateur-télespectateur, baisserait les prix de la publicité b. Diversité des mises en œuvre liée aux spécificités nationales C'est le Royaume-Uni, une nouvelle fois pionnier en matière audiovisuelle, qui dispose le premier d'un secteur privé. Ce sont les gouvernements conservateurs qui ont ouvert en Grande-Bretagne la voie à la privatisation. [...]
[...] Peut-on définir un modèle vers lequel tous auraient convergé ? Nous verrons tout d'abord que le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne et la France ont tous quatre connu les deux mêmes étapes : une télévision d'abord sous monopole public puis l'apparition d'un secteur privé (II). Mais le terme de monopole public a recouvert différentes réalités, notamment en ce qui concerne le degré d'indépendance de la télévision vis-à-vis du pouvoir en place. De même, l'apparition du secteur privé, si elle s'est faite pour des raisons similaires dans l'ensemble des pays étudiés, n'a pas suivi partout la même temporalité ni les mêmes étapes. [...]
[...] L'apparition d'un secteur privé n'a pas mis fin à l'encadrement de l'audiovisuel b. Le désengagement de l'Etat au profit d'une régulation indépendante c. L'Espagne : convergence vers le modèle européen de régulation ? Conclusion Introduction L'avènement de la TNT (Télévision Numérique Terrestre) est sur le point de bouleverser à nouveau le paysage télévisuel français : un plus grand nombre de chaînes gratuites seront bientôt disponibles sur l'ensemble du territoire. Depuis son arrivée en Europe au début des années 1950, la télévision s'est en effet imposée comme le mass media par excellence. [...]
[...] On peut donc penser que l'Espagne s'achemine elle aussi vers ce modèle de régulation en vigueur dans tous les pays européens sauf le Luxembourg, et qui passe par l'instauration d'une instance de contrôle indépendante. Conclusion Ainsi, le nouveau média télévisuel a suivi une évolution en trois temps dans son mode de contrôle. Dans l'ensemble des pays européens, il a d'abord connu la forme du monopole public. Il existe plusieurs formes de monopoles traduisant différents degrés d'indépendance par rapport à l'Etat et au pouvoir politique. Des pays comme l'Angleterre et l'Allemagne ont, malgré la forme du monopole, su dès le départ accordé une grande indépendance à la télévision. [...]
[...] Elles touchent notamment les questions de qualité des programmes et de respect du pluralisme sous toutes ses formes. Pour préserver le pluralisme et réagir au problème de concentration, des limites aux participations et aux cumuls d'autorisation ont été établies. Ainsi en France une même personne ne peut détenir plus de 25% du capital d'une télévision hertzienne nationale. En Grande-Bretagne cette limite est fixée à 50% du capital. Le moment de la privatisation a également vu l'apparition de chartes de déontologie, notamment en ce qui concerne le traitement de l'information : TF1 s'est par exemple vue imposée une charte de qualité au moment de sa privatisation ; de même, les chaînes anglaises ont des codes de bonne conduite à respecter. [...]
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