La réapparition en 1992 de Charlie Hebdo dans le paysage de la presse française a redonné une place importante à la satire politique qui avait semblé moribonde pendant les années 1980. Dès le premier numéro, le journal affiche clairement son intention d'être l'empêcheur de tourner en rond de la vie politique française : la Une est faite d'un dessin de Cabu représentant un vieillard digne mais préoccupé – François Mitterrand -, qui sous le titre Urba, chômage, hémophiles, Superphénix se passe une main sur le front et s'exclame : « Et «Charlie Hebdo» qui revient ! »
Charlie Hebdo est loin en effet d'être un nom inconnu en juillet 1992. La « première mouture » du journal est fondée le 3 février 1969 par François Cavanna, sous le nom de Hara-kiri Hebdo ; après les multiples interdictions de Hara-kiri au cours des années 60 – en ce temps de « Code moral [et de] respect de tout, […] on parlait pas de sexe, on parlait pas de mort, on parlait pas à table, quoi ! » , rappelle Gébé -, l'idée de faire paraître un hebdomadaire irrévérencieux fait son chemin. Mais après moins d'un an d'existence (février – novembre 1969), Hara-kiri Hebdo est interdit, officiellement pour pornographie, en fait pour avoir osé faire rire de la mort du général de Gaulle par cette désormais célèbre Une : « Bal tragique à Colombey, un mort. »...I/ Caractéristiques formelles II/ Un goût pour la provocation III/ Un hebdomadaire politique...
[...] Celui-ci joue en effet à Charlie Hebdo un rôle unique dans la presse française; Philippe Val insiste dans son interview à L'Oeil électrique sur cette importance fondamentale: Un dessinateur doit avoir du talent et des idées, dit-il, il doit avoir un traiot évolué, un trait qui est plus compliqué qu'il n'y paraît, qui exprime quelque chose de psychologique en plus du contenu manifeste. Les dessinateurs sont de véritables journalistes, ce qui distingue Charlie Hebdo de journaux laissant également une large place au dessin mais ne lui conférant pas véritablement un rôle éditorialiste on pense notamment au Canard enchaîné. Charlie Hebdo n'est pas un journal illustré, explique son rédacteur en chef. [...]
[...] revient maison dit la légende, et c'est uniquement le keffieh qu'il porte qui permet d'identifier le chef de l'Autorité palestinienne. Mais cet exemple de figuration non humaine d'une personnalité politique ne relève pas exactement de la même forme de dérision précédemment évoquée. Il s'agit ici de dénoncer la situation subie par Arafat, et le rire provient du rapprochement de deux ordres de réalité différents : une situation politique dramatique et la référence à un film de Steven Spielberg. Ce type de superposition incongrue semble beaucoup plus présent en première page de l'hebdomadaire. [...]
[...] Dans quelle mesure les derniers numéros de 2002 se distinguent-ils de ceux de 1992 ? Caractéristiques formelles A. La mise en page On remarque entre la première et la dernière année de parution de la nouvelle formule de Charlie Hebdo une évolution importante en ce qui concerne la mise en page. De l'avis même du rédacteur en chef, le journal est très loin à ses débuts d'être un modèle d'organisation.[4] Et de fait, on a du mal à se retrouver dans un hebdomadaire mêlant les rubriques sans souci de classification ni de clarté. [...]
[...] La violence est alors bien ressentie comme telle par les personnalités visées par les éditoriaux ou les dessins de l'hebdomadaire. Dès le premier numéro du (nouveau( Charlie Hebdo (le 8 juillet 1992), la publication d'un dessin provoque un procès. Ironisant sur l'annulation du mariage de Caroline de Monaco par le Vatican, cette illustration, titrée Caroline et le Vatican : ça va mieux la représentait nue allongée sur une table médicale, le sexe présenté à l'examen de cinq prélats qui l'entourent. [...]
[...] On bute en posant cette question sur bon nombre de polémiques se concentrant autour de la figure du rédacteur en chef Philippe Val. (Citizen Val( despote ? Cette référence à Citizen Kane est reprise du titre d'un article très critique paru sur le site http://presselibre.org; le patron de Charlie Hebdo est en effet loin de faire l'unanimité au sein de la rédaction et en dehors de celle-ci. En mars 2000, Le Monde se fait l'écho de critiques là encore anonymes, dénonçant la captation d'un héritage collectif une appropriation capital symbolique, idéologique et économique de Charlie De nombreux collaborateurs se sont également interrogé sur le bien-fondé de la nomination de proches de Philippe Val comme Stéphane Bou, fils de l'un de ses amis intimes travaillant à France Culture - au moment de la refonte du journal. [...]
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