Au fur et à mesure de ce processus de concentration du secteur de la communication, on peut constater qu'au contrôle politique de l'information succède un contrôle économique, car de plus en plus d'industriels prennent d'importantes participations dans les médias écrits et audiovisuels. Ce contrôle de la presse par des holdings soulève des problèmes quant à la liberté de la rédaction et des journalistes : on s'interroge sur la crédibilité des médias et de leur indépendance, face à des géants très influents. Mais cela n'a pas été subi passivement, et des tentatives de limitation ont été mises en œuvre avec plus ou moins de succès. Prenons le cas du groupe Lagardère-Hachette-Filipacchi, un des exemples les plus significatifs, deuxième groupe de presse français après Havas, et ayant suivi une évolution typique dans la concentration du secteur de la communication
[...] Du point de vue de la pluralité, la concentration de la presse nuit à la diversité, car elle crée de fortes barrières à l'entrée et met des bâtons dans les roues des petits médias indépendants. En effet, leur principale ressource étant les recettes publicitaires, la concurrence est rude dans la vente d'espace, et les grands groupes n'ont aucun mal à s'approprier l'écrasante majorité des marchés, ce qui laisse peu de place aux plus petits, et menace leur survie. Du fait de leur taille, les groupes sont très influents. [...]
[...] On peut craindre des réductions d'effectifs, des placements de complaisance et par-là peut-être une uniformisation des lignes éditoriales des journaux, qui ont déjà parfois peu de singularité. Dans le cas du Québec cité ci- dessus, imaginez un journaliste qui souhaite démissionner ou qui se fait licencier : il n'a d'autre choix que de se présenter chez son rival, et n'a qu'une seule chance. Freins à la concentration Le problème ne date pas d'aujourd'hui et ne se cantonne pas à la France. Des solutions ont été cherchées et mises en place pour limiter les abus. [...]
[...] Dix ans plus tard, en 1963, Jean-Luc Lagardère prend la direction de Matra, leader de l'aérospatial et la haute technologie, dont les victoires et les innovations vont être nombreuses Lagardère prend le contrôle de Hachette : premier rapprochement du groupe de presse avec un groupe hi-tech-télécommunications. La même année, l'État perd le monopole de la radiodiffusion. En 1985, Hachette lance le réseau de distribution Relais H dans les gares et aéroports Hachette prend le contrôle de la radio Europe qui lance Europe 2 en 87 et développe ses activités à l'étranger : début de concentration cross-media Hachette acquiert l'éditeur encyclopédique américain Grolier et le groupe de presse Diamandis, et devient Hachette Magazine Inc le Gouvernement confie à Matra (leader dans les satellites) le développement du satellite de communication Hispasat, incluant ainsi dans le groupe une division transmission de flux d'information : profonde restructuration au sein du groupe : émergent Matra Hachette (absorption de Hachette par Matra), et Lagardère Groupe, société mère de l'ensemble du groupe. [...]
[...] Ils peuvent également faire pression en menaçant de retirer leurs encarts publicitaires des journaux si ceux si les discréditent. Par exemple, le Nouvel Observateur est désormais dans une situation délicate, car, appartenant à Vivendi-Universal, il n'est plus en mesure d'aborder certains sujets sans nuire à l'intérêt de son propriétaire, alors que son habitude est de pousser ses reportages assez loin. A titre d'illustration, la situation au Québec est effroyable : depuis peu, seuls deux groupes se partagent le marché et contrôlent la majorité de l'audience des médias : 97% de la presse quotidienne. [...]
[...] Au Canada, la constitution d'un fonds est envisagée pour encourager et soutenir le développement des médias indépendants et les moins importants, fond alimenté par des taxes sur les réseaux de communication, dont la contribution serait calculée au prorata de la domination qu'un groupe de presse exerce sur le marché des quotidiens C'est une des solutions les plus équitables, car plus on est gros et plus ça coûte cher ; cela pourrait freiner les volontés d'expansion des groupes. Si cette expérience s'avérait être concluante, elle pourrait faire des émules. Mais ces limitations peuvent avoir des effets pervers, comme entraîner des fuites de capitaux des groupes qui investissent à l'étranger. [...]
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