Analyse comparée, portraits présidentiels, Ve République, photographies, points communs, divergences
Depuis Louis-Napoléon Bonaparte jusqu'à Nicolas Sarkozy aujourd'hui, la tradition du portrait présidentiel s'est installée en France et participe de la représentation du pouvoir. Tous les présidents de la République française se sont pliés à l'exercice.
La coutume semble prendre source dans la monarchie où les portraits officiels des rois étaient pratique courante comme une manière de représenter et d'assoir leur autorité (le portrait concoure à une forme de propagande) mais aussi de laisser une trace de leur règne par le biais d'une image flatteuse et surtout contrôlée
[...] Au-delà de la représentation du premier homme de la nation, le portrait présidentiel véhicule un message. Il a recours à des symboles, il manifeste une attitude. Sa nature, son esthétique, sa mise-en-scène ne sont pas neutres. En effet on ne cherche pas ici juste à représenter l'homme mais l'homme dans sa fonction, c'est un portrait du président et pas uniquement de l'homme. On peut donc considérer que cette photographie se doit d'être à l‘image de la présidence de l'homme, elle illustre à sa façon l'idée qu'il se fait de sa fonction et son action comme le souligne Alexis Buvat sur son site www.demenageonslelysee.fr. [...]
[...] On constate qu'aucun de ces portraits n'est tout à fait identique, à l'exception de ceux de De Gaulle et Pompidou. Il apparaît clairement qu'il y a une continuité dans les partis pris de représentation chez les deux présidents : format en hauteur et pose de trois-quart, main droite posée sur une pile de livres, bibliothèque en fond, habit de cérémonie avec insignes (d'usage déjà auparavant), visage impassible (pas de sourire). On en déduit qu'il n'y a pas de recherche particulière derrière ces photographies, elles respectent les canons du genre. [...]
[...] Elles incarnent la tradition du portrait présidentiel et le sérieux. En 1974, Giscard d'Estaing introduit une vraie rupture dans l'exercice du portrait officiel. Contre toute attente il prend un parti plutôt osé puisqu'il n'adopte pas un format en hauteur mais à l'horizontale. Il est photographié en buste et non en pied. Il substitue le drapeau français à la bibliothèque. Giscard d'Estaing bouscule les codes et les symboles, il s'affranchit de la tradition. Ce choix aussi fort ne peut pas être innocent, il est le résultat d'une démarche réfléchie, préparée et lourde de sens. [...]
[...] Ce choix n'est pas anodin, c'est une référence implicite au Général de Gaulle. Sarkozy tente par là d'établir une filiation avec lui et l'image qu'il a laissée aux yeux des Français (chez qui De Gaulle est très populaire et incarne la grandeur et l'autonomie de la nation). L'originalité de Sarkozy réside dans l'ajout de deux drapeaux. On constate à travers les portraits précédents qu'hormis celui de Giscard d'Estaing pour les raisons qu'on a évoquées (et éventuellement en tout petit et donc négligeable sur celui de Chirac), le drapeau français n'est pas présent sur les photographies officielles. [...]
[...] Ainsi, la photographie de chacun des six présidents de la Ve République prend le parti de mettre en avant un aspect du personnage, de son attitude de président. Les six photographies qui sont destinées à être affichées au cours du mandat de chacun dans les administrations et autres bâtiments publics, reprennent des codes, intègrent des objets qui contribuent à faire passer un message. Ces photographies présentent des éléments de continuité mais aussi des éléments de rupture que nous nous proposons d'analyser ci-après. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture