Communication - Media, Livre populaire, Fayard, premiers guides touristiques, alphabétisation, fonction médiatique, Flammarion, Grasset, Gallimard, Bécassine, journaux-romans, gros tirages généralistes
A l'intersection entre l'individuel et le collectif trône l'imprimé, surtout la presse qui joue le rôle de
caisse de résonance des évolutions.
Cela vient de l'invention d'un journalisme d'information dans lequel certains voient le premier signe d'une
inquiétante américanisation. La presse parisienne tire chaque jour 1 million d'exemplaires en 1870, 5 en
1914, sous 57 titres, tandis que la presse de province est passée de 300000 à 4 millions d'exemplaires.
Les quatre plus grands journaux à un
[...] La littérature plus ancienne (dont Jules Verne) profita aussi de cette consommation. Des ouvrages à vocation pratique se multiplièrent également : livres de cuisine, de jardinage, de mécanique, de savoir-vivre, premiers guides touristiques : le celui du pneu Michelin est lancé en 1900. Dans ces conditions, l'édition moins courante, faute de comprendre les nouveaux mécanismes, a marqué le pas. Malgré une profusion de titres et le prix en baisse, le livre traditionnel s'est mal porté et n'a pas profité du réseau de librairies et de la concentration des maisons d'édition. [...]
[...] Les revues de culture générale ont été elles cantonnés dans les rayons pour élites. L'avènement de ce dispositif massif de lecture a relancé l'enjeu du Même et de l'Autre, du décadent et du progressiste. Ainsi Alfred Fouillée, en 1897 et 1898 dans La Revue des Deux Mondes et La Revue bleue, en accord avec nombre de personnalités, de Jaurès à Poincaré, de Clemenceau à Jules Renard, décria la presse nouvelle pour le double motif de goût dépravé pour le spectacle et de corruption par l'argent. [...]
[...] La massification de la lecture a sans doute conforté la vieille géographie de l'alphabétisation, quoique la presse et la scolarisation aient bousculé d'anciens clivages. En termes de consommation, la lecture a fait prospérer l'imprimé de presse plus que le livre. Un signe de cela est que c'est de plus en plus l'image sous toutes ses formes et dans sa démultiplication photographique qui contribue au succès de l'imprimé, séduit l'individu, soutient les représentations collectives, et remplit ainsi une fonction médiatique déjà prometteuse. [...]
[...] La presse d'opinion - Le Temps, Le Figaro, L'Ouest-éclair lancé par l'abbé Trochu en 1899, L'Humanité lancée par Jaurès en 1904 et qui tire à 320000 exemplaires en 1913 - résiste à cette information à gros flots. L'Action française devient un quotidien en 1908. Cette implantation des idéaux chrétiens ou extrémistes n'a pas affaibli la persévérance des éditions locales, à Pérols dans l'Hérault, plus de 200 des 1000 habitant achetaient chaque jour un journal en 1910. Les engagements partisans francs lors de l'Affaire Dreyfus ont désavantagé la presse d'opinion au profit des gros porteurs d'information qui ont su rester prudents. [...]
[...] Mais le crime de la Belle Epoque n'encanailla pas trop, ne poussa pas à l'acte, il réprouvait et moralisait au contraire, aidait à faire naître l'obsession et la revendication sécuritaires, accompagnant ainsi en quelque sorte le procès de civilisation Cette horreur qui envahit l'imaginaire collectif (le théâtre du Grand-Guignol ouvert à Pigalle en 1897 proposait quatre pièces de sang et de rire par soir, les comprimés de terreur'), filtrait une violence de masse redoutée mais dont la présence diminuait dans la vie ordinaire. Jusqu'à La nouveauté du temps des masses tient dans l'effet d'entraînement de la presse sur l'édition et la diffusion des autres imprimés. Cela favorise l'initiation et la vulgarisation, liquide pratiquement le colportage. [...]
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