La vie et l'oeuvre de Thomas More s'inscrivent, à l'instar de son ami Erasme, dans le cadre du mouvement humaniste qui redécouvre la littérature antique grecque et latine, mais également dans un siècle profondément marqué par des drames sanglants et des créations éblouissantes.
En effet, en Europe, le XVIe siècle est secoué de guerres et d'intrigues, de questions religieuses âprement débattues, sur fond d'Inquisition et de Réforme. Mais c'est aussi le théâtre des grandes découvertes (découverte du Nouveau Monde en 1492) et d'un élan nouveau dans la vie culturelle (naissance de l'humanisme).
<em>L'Utopie</em> a été publié en 1516, d'abord en latin, puis il fut traduit en anglais. Cet ouvrage emporte le lecteur sur l'île de Nulle-part. Il est divisé en deux parties qui peuvent être disjointes.
Le premier livre raconte une conversation entre le narrateur et plusieurs autres personnages, dont Raphaël Hythlodée (Raphaël est le nom de la frégate de Vespucci, et Hythlodée signifie conteur habile), un navigateur qui a découvert l'île d'Utopie. La discussion porte principalement sur les injustices et les défauts de la société. Ses opinions sont celles de More. Le second livre rapporte la description de l'île d'Utopie, notamment de ses lois, coutumes, histoire, architecture et fonctionnement économique. On sent dans cet ouvrage l'influence de deux grands auteurs : Platon, le maître des Utopistes de l'Antiquité, avec <em>La République</em>, et Saint Augustin, notamment avec <em>La Cité de Dieu</em>.
Cette oeuvre est avant tout une critique de la société anglaise (et européenne) du XVIe siècle. On peut voir dans les vertus de l'Utopie des réponses aux injustices du monde réel (l'égalité des utopiens contraste avec l'extrême misère à cette époque). More s'abstient de présenter son utopie comme un programme politique, mais considère la réalisation d'une telle société comme souhaitable, même s'il affirme ne pas même l'espérer.
Ainsi, dans <em>L'Utopie</em>, quelles critiques More fait-il à l'Angleterre contemporaine et que propose t-il pour y remédier ? (...)
[...] La famille joue un grand rôle en Utopie, c'est l'unité de base de la société. L'autorité appartient au chef de famille (le plus âgé, ou son cadet immédiat, s'il son âge affaiblit son intelligence) qui a droit de correction sur ses enfants et son épouse. La famille mène une vie mi-rurale (productions vivrières), mi-urbaine (productions artisanales de petite industrie). Les familles résultent de la parenté en ligne masculine. Une fois mariées, les filles vont vivre dans la famille de leur mari. [...]
[...] La critique de la propriété privée. Raphaël tente de convaincre ses deux interlocuteurs que le seul remède à la pauvreté est la suppression de la propriété privée. Gilles et More prennent le parti de l'opinion et poussent Raphaël dans ses retranchements. More fait le procès du capitalisme naissant en Angleterre, en critiquant ses deux piliers : la monnaie et la propriété. Partout où la propriété est individuelle . là on ne pourra jamais organiser un Etat juste Chapitre Les autres voyages de Raphaël. [...]
[...] Les Macariens. Hythlodée expose une loi des Macariens, un peuple voisin de l'Utopie, selon laquelle le roi s'interdit d'avoir plus de mille pièces d'or ou l'équivalent en argent dans son trésor, afin d'empêcher une accumulation de ressources qui appauvrirait celles du peuple. Il suffisait d'avoir assez de ressources pour se défendre contre des incursions ennemies, mais pas assez pour envisager d'envahir un pays étranger. Selon More, un tel roi est bien fait pour être redouté des méchants, aimé des bons Sans doute More aimerait-il que son Roi, Henry VIII, agisse de la même sorte. [...]
[...] Le problème des enclosures et élevages extensifs. Hythlodée expose ici le problème lié aux moutons, qui ravagent et dépeuplent les champs, les fermes et les villages En effet, l'accroissement de la taille des villes a pour cause un important exode rural. Les land-owners, propriétaires terriens, se lancent alors dans l'industrie de la laine, plus rentable que la culture des céréales que l'on peut se procurer à bas prix à l'étranger. Hythlodée explique que ces nobles et riches, afin de vivre encore plus paresseusement des revenus et rentrées annuelles que la terre leur assure, ne laissent plus aucune place à la culture et clôturent toute la terre en pâturages fermés (c'est le mouvement des enclosures) et transforment en désert des lieux occupés jusqu'alors par des habitations et des cultures. [...]
[...] Leur principal thème de controverse est la question de savoir en quelle chose réside le bonheur humain. Ils discutent ainsi du bonheur en confrontant les principes dictés par la religion avec la sagesse résultant de la raison. Selon les Utopiens, l'âme est immortelle, et la bonté de Dieu l'a destinée au bonheur. En 1514, le concile de Latran avait mis en discussion la question de savoir si la philosophie humaine et la raison pourraient conclure à l'immortalité de l'âme. La réponse de More, telle que la formulent les Utopiens, est affirmative. [...]
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