Place de la France, marché de l'art international, patrimoine national, collectionneurs, Paris, Londres, maisons de vente, Christie's, Sotheby's, China Guardian, Beijing Poly, Artcurial
Un thème semble s'être emparé de la rentrée littéraire française en 2010. Alice Kahn, premier roman de Pauline Klein, évoque le monde des galeries et questionne la notion d'imposture dans l'art d'aujourd'hui ; Marie Nimier parle de la photographie contemporaine dans Photo photo ; et surtout, Michel Houellebecq, lauréat du prix Goncourt, fait réaliser à son héros, Jed, un chef-d'oeuvre intitulé « Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l'art ». La carte et le territoire semble en ce sens emblématique d'une certaine vision française du monde de l'art : la France aime parler d'art mais, à l'image du tableau de Jed, se sent aujourd'hui exclue de son marché.
Ainsi, pour beaucoup de commentateurs, le succès de la FIAC cette année a été un trompe-l'oeil : si Paris a pu ressentir le frisson d'être de nouveau la capitale du monde de l'art pour quelques jours, la situation de la France sur le marché mondial est particulièrement préoccupante, et il faut d'urgence prendre les mesures afin de donner un regain d'attractivité au pays. Le sujet est d'actualité : plusieurs études se sont penchées sur la question ces dernières années, en particulier le rapport Bethenod - dont certaines des propositions seront reprises et argumentées ici - remis en 2008 à la Ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel. Très récemment encore, la commission de la Culture, de l'Education et de la Communication du Sénat a confié au sénateur de Haute-Garonne, Jean-Pierre Plantade, la mission de rédiger un rapport d'information sur le marché de l'art contemporain, de peser les « atouts et les handicaps » du pays et d'établir une série de propositions pour que la France puisse rester au coeur de la compétition mondiale.
[...] De fait, les entreprises individuelles et les titulaires de bénéficies non commerciaux (notamment les professions libérales, qui représentent pourtant un fort potentiel financier) en sont exclus. Peut-être faudrait-il là aussi songer à adapter la législation à ce type de sociétés. Pour conclure, stimuler la demande de la part des petites structures professionnelles nécessiterait des actions de communication, d'information et de pédagogie pour mieux faire connaître tout un arsenal de mesures qui, aujourd'hui, sont souvent ignorées des PME. C'est dans ce cas qu'abondent les recommandations du rapport Bethenod, en insistant notamment sur la nécessité d'une une action de communication appropriée à travers les organisations représentatives des entreprises ou les chambres de commerce et les professionnels du marché de l'art. [...]
[...] Dans ces conditions, Drouot ne semble pas disposé à évoluer et adopter un profil adapté à la concurrence internationale. Comme le résume Pierre Bergé, à l'origine d'une tentative de rachat infructueuse en 2002 : tant qu'il y aura Drouot et ses commissaires-priseurs dispersés, Clare McAndrew The French art market a summary key figures Arts Economics mai 2010. Chiffres novembre DROUOT - Un rapport accablant sur l'hôtel des ventes après le scandale des "Savoyards" Le Point septembre le marché de l'art français sera mort. [...]
[...] De la Révolution à nos jours, Paris, Gallimard R. MOULIN, Le marché de l'art : mondialisation et nouvelles technologies, Paris, Flammarion W. MUENSTENBERGER, Le Collectionneur : anatomie d'une passion, Paris, Bibliothèque Scientifique Payot D. N. THOMPSON, The $12 Million Stuffed Shark: The Curious Economics of Contemporary Art, Londres, Aurum Press Ltd S. THORNTON, Sept jours dans le monde de l'art, Paris, Autrement Rapports (par ordre chronologique) Y. [...]
[...] Le pari était fortement risqué, d'abord en raison de la période de fortes turbulences que traversait le marché de l'art à l'époque, ensuite et surtout parce que, ce faisant, Hirst court-circuitait le réseau habituel de la vente d'œuvres, c'est-à-dire ses deux galeries historiques, l'Américain Larry Gagosian et l'Anglais White Cube. Pourtant, la vente fut un succès : l'artiste empocha ainsi, dès le premier jour des ventes, plus de 70 millions de livres sterling, somme qu'il ne dut pas partager avec ses galeristes Mais surtout, aujourd'hui, il semble que l'interdiction des ventes privées en France soit incompatible avec la Directive 2006/123/CE du Parlement européen, aussi appelée directive Services Celle-ci énonce en effet l'obligation que les États membres veillent à ce que les prestataires [de services] ne soient pas soumis à des exigences qui les obligent à exercer exclusivement une activité spécifique ou qui limitent l'exercice conjoint ou en partenariat d'activités différentes Il faut par ailleurs souligner qu'une brèche semble avoir été ouverte dans la législation française en 2000, avec l'autorisation consentie aux maisons de vente de pratiquer des ventes dites after sale Cette dénomination renvoie au cas où, à l'issue d'enchères n'ayant pas entraîné d'adjudication, un acheteur peut se manifester après la vente et faire une proposition d'achat au propriétaire de l'œuvre invendue. [...]
[...] Ces dissemblances n'ont cessé de me frapper au cours des mois que j'ai passés de chaque côté de la Manche, et m'ont poussé à m'interroger sur la place qu'occupe la France au sein du marché international de l'art. Où se situe-t-elle aujourd'hui sur l'échiquier artistique globalisé ? Cette place est-elle la sienne ? Peut-on espérer davantage d'un pays qui, il y a peu, était encore la capitale mondiale des transactions d'œuvres d'art ? Et si oui, quels changements proposer, quelles solutions envisager ? [...]
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