Le choix de traiter un sujet tel que le manga n'est pas venu d'une passion pour le genre ou son pays d'origine, le Japon, mais répond plus précisément à une curiosité toute occidentale pour la culture asiatique en général et nipponne en particulier. Le manga fait vraisemblablement partie des clichés, des images toutes faites que je me faisais du Japon, rangées à côté des autres geishas, samouraïs et arts martiaux. Tout cela est bien sûr réducteur, autant que peuvent l'être la baguette à la main et le béret en guise de couvre-chef pour représenter la France (et les Français par extension). Ces symboles font partie d'un imaginaire collectif, d'une caricature universelle des pays, soulignant les caractéristiques culturelles de chaque population, mettant en scène des stéréotypes construits à partir de quelques éléments typiques, une sorte de métonymie des individus observés sous un trait grossier, une simplification et une conceptualisation d'un objet complexe et multiple. Je me souviens avoir acheté, quand j'étais enfant, plusieurs figurines formant une collection de personnages originaires chacun d'un pays du monde. J'ai choisi l'Anglais et son costume traditionnel d'école prestigieuse, le Mexicain arborant sombrero et poncho et la Japonaise sous les traits d'une geisha, kimono et éventail composant son habit. Ainsi naît dès l'enfance une catégorisation des peuples prenant pour critères des raccourcis vestimentaires, culinaires, sportifs, etc. Flaubert écrivait lui-même dans son Dictionnaire des idées reçues, en face de Japon : « tout y est en porcelaine ». Pourtant, dans tout cliché, il existe une part de vérité et on ne peut nier que ces images, toutes faites, ancrées dans une mémoire commune, ont existé et existent encore. Notre perception des choses et des individus s'arrête quelquefois à ces mythes uniquement parce qu'ils nous rassurent sur le monde environnant. Il en est ainsi du Japon : un sentiment mêlé d'attirance et de répulsion se conjugue avec la confrontation à une distance physique, culturelle et idiomatique qui entraîne un fort engouement ou induit une incompréhension des codes et des habitudes de vie. Certains sont attirés par ce pays lointain et sont en constante recherche de produits et d'informations le concernant. D'autres sont spécialistes de la culture asiatique, étudient et travaillent en ce sens et (parfois) plient bagage pour vivre et trouver un emploi dans le pays source de fascination. Les autres ne s'en préoccupent pas ou peu et connaissent par assimilation involontaire, au hasard d'un article ou d'une émission de télévision, quelques points sur la culture asiatique. Ainsi peut-on globalement définir des profils caractérisant l'ensemble de la population occidentale pour lequel l'Orient évoque ou non quelque chose. Il en est de même pour les manga : que l'on soit néophyte ou passionné, le manga ne laisse personne indifférent et suscite de vives réactions. Entre les aficionados de toujours et ceux qui ignorent tout du genre, il existe un fossé empli d'idées reçues et de fausses accusations.
Pourquoi parler du Japon ? Parce que le manga fait partie de ce pays dont les différences culturelles nous fascinent et nous étonnent, mais aussi parce que l'édition de manga est en tout point éloignée de celle d'une bande dessinée franco-belge. Parce que les préjugés que l'on entend sur le Japon, tels que « Les Japonais sont tous pareils », « Le Japonais est un drogué de travail et ne prend jamais de vacances » ou encore « Les Japonais copient tout, et en mieux » s'appliquent aussi au manga. Un des premiers préjugés consiste à associer le terme « manga » à de la mauvaise bande dessinée japonaise, un autre est à ne voir que violence, vulgarité et niaiserie dans leur contenu. La presse a constitué un réservoir de préjugés simplificateurs, déployant les différents clichés associés au manga qualifié sans ménagement de violent, simpliste, néfaste et dangereux pour notre culture. Ainsi, quoi de plus excitant que de confronter une adaptation cinématographique d'un roman et la version papier originelle, de traquer un jeune auteur pour savoir s'il fera aussi bien avec son deuxième livre qu'avec le premier, de mettre en parallèle une œuvre étrangère et une autre occidentale, plus proche de nous ?
[...] Un casse-tête japonais Le Virus Manga, 06, novembre/décembre Ibid, p. 17- p jongler avec le corps de texte, les césures et l'approche des mots pour rendre la lisibilité, le rythme et le dynamisme de l'édition japonaise. Le manga, comme la bande dessinée est un ensemble de textes et d'images, où tout ce qui écrit (ou presque) est dialogues ou pensées. Le 29 avril 2004 a eu lieu une rencontre organisée par les Rencontres internationales de Lure avec une jeune diplômée de l'École Estienne, Ségolenne Ferté et un traducteur de bandes dessinées en allemand, Paul Derouet. [...]
[...] Les éditeurs français sont demandeurs de titres. Seulement il faut veiller à la surproduction, due notamment à la naissance de nouveaux éditeurs, et à l'augmentation des titres. Alors que Thierry Groensteen dénombrait trente traductions de manga en 1995, aujourd'hui nous parlons de cent sorties par mois, tous éditeurs confondus. Cette surabondance de titres porte ses conséquences sur les acteurs du manga. Les libraires, tout d'abord, doivent jongler avec la profusion d'ouvrages et savoir que mettre en avant. Les lecteurs, ensuite, ont besoin de repérage pour s'y retrouver. [...]
[...] Cela a provoqué un mélange incroyable. L'image d'un Japon adversaire s'est estompée au profit d'une image plus proche Ces propos de ATSUSHI Nishioka 70 nous informent sur les prémices du goût porté à la culture japonaise, passant par les gestes de la vie de tous les jours Op. cit., p des lecteurs interrogés au cours du questionnaire ont constaté le rapprochement, erroné, établi entre les deux GARRIGUE L'Asie en nous, Éditions Philippe Picquier, janvier 2004, p ATSUSHI Nishioka est le directeur francophone du Service culturel et d'information de l'ambassade du Japon à mots Paris Cependant, avec l'arrivée des chaînes privées suite à la déréglementation de 1986 et à la privatisation de TF1 l'année suivante, la jeunesse devient un enjeu de sensibilisation. [...]
[...] Néanmoins, en 6e et 8e position, figurent Yu-Gi-Oh volume 34 et One Piece pour le tome 26. La semaine suivante du 16 au 22 mai accueille dans le classement cinq nouveautés : Hunter X Hunter, volume 20 (en tête) ; XXX holic, volume 4 (7e place) ; Young GTO shonan junai gumi, volume 1 ; Le Nouvel Angyo Onshi, volume 9 (en 10e) et DNAngel, volume 9 (en 12e). Le tome 17 de Naruto descend à la troisième position, après ses deux semaines en haut des meilleures ventes. [...]
[...] L'échiquier et la boîte de rangement sont mis en vente séparément. Chaque volume et édition collector de la boîte est au prix de 17,50 Cette opération est dédiée aux fans des dessinatrices de CLAMP et représente un investissement non négligeable. La particularité des produits proposés par Pika est qu'ils sont fabriqués pour le public français excepté le magazine dédié au CLAMP : ce sont des créations nouvelles, et non des imports venus du Japon. Pour le moment, les éditions ne prennent pas un gros risque, avec la réalisation d'un produit faisant partie des fournitures scolaires mais ont néanmoins le mérite d'ouvrir une porte et de diversifier le marché du produit dérivé. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture