- La vanité appartient au genre de la nature morte, qui tient lui-même la dernière place dans la hiérarchie des genres picturaux, établie au XVIIème siècle.
- La nature morte a toujours existé, déjà pratiquée chez les Grecs. Elle a disparu durant le Moyen Age pour des raisons religieuses : l'objet ne pouvait être représenté comme tel, sans servir d'allusion à la scène sainte, ou de symbole biblique.
- Les vanités peuvent se multiplier dès lors que le peintre reprend la nature morte pour la recharger d'un message pessimiste appelant à la piété.
(...) Ce Schädel de Gerhard Richter de 1983 montre bien la survivance du thème de la vanité à l'époque contemporaine, sécularisé depuis longtemps, laïcisé par les artistes, et rejoignant la méditation philosophique des Grecs, au croisement des courants stoïcien et épicurien.
Aux XVIème et XVIIème siècles, le message religieux des vanités puise dans la force de la nature morte :
- Message religieux : emprunté à l'Ecclésiaste, I, 2 "Vanitas vanitatum et omnia vanitas", il invite les Chrétiens à se détacher de la vie terrestre, qui n'est qu'illusion et destinée à la mort, pour se tourner vers Dieu et l'espérance de la vie éternelle.
- La nature morte insiste pour mettre sous nos yeux des objets que l'on ne regarde pas ou peu, elle arrête le regard sur la réalité.
- Alors que la nature morte, pratiquée durant des siècles, est l'occasion pour l'artiste de mesurer son art à la réalité, la vanité se focalise pendant quelques décennies sur le message religieux, d'abord surtout protestant.
(...) Une vanité est une nature morte dont la composition est allégorique : ses éléments dénoncent le caractère illusoire de la vie terrestre et de ses plaisirs, la vanité (le vide, le futile) de la vie humaine, et la relativité de la connaissance (...)
[...] La vanité appartient au genre de la nature morte, qui tient lui-même la dernière place dans la hiérarchie des genres picturaux, établie au XVIIème siècle. La nature morte a toujours existé, déjà pratiquée chez les Grecs. Elle a disparu durant le Moyen Age pour des raisons religieuses : l'objet ne pouvait être représenté comme tel, sans servir d'allusion à la scène sainte, ou de symbole biblique. Les vanités peuvent se multiplier dès lors que le peintre reprend la nature morte pour la recharger d'un message pessimiste appelant à la piété. [...]
[...] Le Moyen Age puis les XVIème et XVIIème siècles ont donné aux objets des significations, en faisant des signes des Ecritures, ou des messagers des doctrines. Les fleurs ont été associées à la Vierge Marie, ou au thème de l'Annonciation ; les tables garnies de mets ont d'abord renvoyé aux Noces de Cana ou à la Cène ; Les livres et tables d'étude viennent d'abord des cellules des saints, dont Saint-Jérôme. http://img.over-blog.com/300x359/0/50/21/72/Annonciation/1330-inconnu-allemand.jpgNoces de CanaFichier:Domenico Ghirlandaio - St Jerome in his study.jpgvanités\783px-Lubin_Baugin_001.jpgFichier:Willem Claesz. [...]
[...] http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d3/Jean-Baptiste_Sim%C3%A9on_Chardin_007.jpgJPG - 45.3 ko Le Gobelet d'argent Edouard Manet - Le citron Le Citron de Manet (1880) http://pmcdn.priceminister.com/photo/744443655.jpg Giacometti, Pomme sur le buffet (1937) « Je jetais un regard anxieux autour de moi : du présent, rien d'autre que du présent. Des meubles légers et solides, encroûtés dans leur présent, une table, un lit, une armoire à glace – et moi-même. La vraie nature du présent se dévoilait : il était ce qui existe, et tout ce qui n'était pas présent n'existait pas. Le passé n'existait pas. Pas du tout. Ni dans les choses, ni même dans ma pensée. [...]
[...] Ingvar Bergström a classé les vanités en trois catégories selon les objets qui y sont représentés – ces catégories peuvent bien sûr se croiser. Les livres, les instruments scientifiques, les œuvres d'art, les outils artistiques, les globes terrestres symbolisent la vanité du savoir ; L'argent et l'or, les bijoux, les armes, les couronnes, les sceptres, l'hermine, les tiares et mitres symbolisent la vanité du pouvoir ; La pipe, le tabac, le vin, le verre, la musique, les jeux de cartes, d'échecs symbolisent la vanité des plaisirs. [...]
[...] C'est aussi le cas des papillons. Mais dans cette catégorie de Bergström, il y a des ambiguïtés, pas à cause du croisement des différentes vanités (ex : un globe terrestre + une bougie = vanité du savoir + vie éphémère), mais qui viennent de l'allégorie elle-même. Ainsi le papillon, comme la bulle de savon, le verre (matière), la plume, renvoie à la fragilité de l'existence vie transitoire), mais aussi à la promesse de la résurrection vie éternelle). vanités\van hemessen1.jpg Cette Vanité de Van Hemessen (ca.1535) doit ainsi lever l'ambiguïté en explicitant le message : C'est l'ange qui a des ailes, et des ailes de papillon : elles signifient alors l'immortalité de l'âme, dont la beauté s'envolera auprès de Dieu, pour y demeurer pour l'éternité. [...]
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