Andy Warhol, oeuvre, peinture, art du portrait, photographie, Marilyn Monroe
Entre 1962 et 1986, Andy Warhol exécute quantité de portraits, d'abord à partir d'images préexistantes (photographies de presse, pour la plupart), puis en utilisant des clichés qu'il produit lui-même de ses modèles (photomatons, polaroïds). Bien que cette seconde catégorie d'oeuvres, les portraits de commande, constitue un corpus considérable de sa production, la grande majorité d'entre eux demeure mal connue.
[...] C osmétique : telle est, en effet, la manière dont on pourrait qualifier l'art du portrait chez Warhol. Profondément marqué, depuis l'enfance, par la perfection physique des stars de cinéma, qu'il associe au rêve américain de succès et de gloire, l'artiste n'aura de cesse de donner de ses clients la meilleure image qui soit. Son approche du genre est ainsi régie par sa conception d'une beauté artificielle et sophistiquée qu'il façonne à chaque étape de la fabrication du tableau : de la séance de pose, au cours de laquelle le modèle est soigneusement maquillé pour dissimuler ses éventuelles imperfections, jusqu'à la sérigraphie finale, qui vient animer les plages de couleurs préalablement appliquées sur la toile. [...]
[...] 3. Cité par Bob Colacello, « Andy Warhol's Portraits, A Personnal View », Warhol, Headshots, Drawings and Paintings, Cologne, galerie Jablonka, 2000. 4. Cueff (Alain), introduction au catalogue Le Grand Monde d'Andy Warhol, op. cit. 5. Warhol (Andy), Ma philosophie de A à B et vice versa, op. cit., p. 57. [...]
[...] Cueff (Alain), introduction au catalogue Le Grand Monde d'Andy Warhol, op. cit. 8. Guilbert (Cécile), Warhol Spirit, Paris, Grasset et Fasquelle p. 172. Self-Portrait 1963-1964 [Autoportrait] Acrylique et encre sérigraphique sur toile. 50,8 x 40,6 cm Greenwich, courtesy The Stephanie and Peter Brant Foundation CR, vol.1, nos 493 et 495 Icônes modernes et anthropométries Icônes modernes et anthropométries A u début des années 1960, Warhol aborde le genre du portrait selon deux approches parallèles et antinomiques. Alors que les portraits de Marilyn Monroe s'inscrivent clairement dans la tradition sacrée des icônes, la série dévolue aux criminels les plus recherchés (Thirteen Most Wanted Men) reprend les principes anthropométriques d'une description efficace et rationnelle du visage. [...]
[...] Pittsburgh, The Andy Warhol Museum CR, vol. 2A, n° 1296 17 ne sont pas seulement les hommes les plus « recherchés », ils sont aussi – et surtout pour Warhol – les plus « désirés » : cette connotation homosexuelle se retrouve d'ailleurs, comme un écho, dans la série filmée des Thirteen Most Beautiful Boys réalisée la même année. Entre la présence iconique des stars et le principe anonyme d'enregistrement de l'identité, l'artiste pose les fondements essentiels de ses premiers portraits de commande. « Je ne m'occupe pas de représenter les principaux sex-symbols de notre époque dans certains de mes tableaux, comme Marilyn Monroe ou Elizabeth Taylor. [...]
[...] Souvent limités à une analyse documentaire ou sociologique, les portraits de commande n'ont pas trouvé leur public. Destin inhérent à leur dimension privée, diront certains, comme pour écarter la question épineuse, et dérangeante, d'un art que Warhol a lui-même qualifié d'« art des affaires2 ». Car, en renouant avec une tradition à la fois bourgeoise et lucrative, le retour au portrait peint – d'autant plus à l'ère de la photographie de masse – apparaît comme un vestige douteux, un genre auquel nul artiste ne songe alors à s'intéresser. [...]
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