Culturespaces, acteur culturel, France, démocratisation culturelle, entités artistiques, démocratie culturelle, identité culturelle, culture de masse, patrimoine culturel
Alors que la question d'une démocratisation de la culture a toujours nourri les représentations et hanté les politiques menées depuis près d'un siècle en faveur d'une culture du plus grand nombre, les différentes phases à travers lesquelles elle s'est développée témoignent non seulement de la difficulté de l'entreprise, mais également de sa pluralité sémantique auprès des différents acteurs intéressés, selon les périodes, mais aussi les visions dominantes. Il convient de remonter, en France, aux premiers temps de l'éducation populaire de l'après-guerre, mouvement alternatif aux courants pédagogiques institutionnels, pour voir naître une volonté marquée de populariser la culture. Plus tard, ce sont les initiatives d'André Malraux, Premier ministre dédié à la Culture sous la Ve République, qui marqueront prenant comme corollaire de "laisser l'Art pour l'Art", à travers la création des DRAC, véritables entités artistiques et culturelles territorialisées.
[...] Ailleurs, des centres d'Art novateurs et pionniers sont conçus et expérimentés, orientés vers une culture 2.0 boostée, tel le Centre d'Art numérique du XIe arrondissement de Paris, permettant de revisiter des œuvres classiques avec un regard neuf et d'offrir à un nouveau public des moyens percutants de les re découvrir, à l'image de la collection Van Gogh, affirmant le rôle du numérique comme nouveau vecteur et support de la culture. D'autre part, Culturespaces peut être considéré fruit de l'évolution de l'offre publique. En effet, on peut rappeler ici que les DRAC fusionnèrent en 2010 avec les services départementaux de l'architecture et du patrimoine, engendrant aujourd'hui les regards et l'intervention du gestionnaire privé sur l'offre patrimoniale et culturelle publique. [...]
[...] D'autre part, la volonté de répondre à des exigences économiques en termes d'attractivité, aujourd'hui vue prépondérante de la gestion des actions des collectivités. Il en résulte donc, non seulement, l'adoption de nouvelles normes et principes directeurs de la gestion de l'offre et du patrimoine culturel mais également la venue légitimée de ces nouveaux acteurs indépendants, forts de financements souvent bienvenus dans une gestion ambitieuse mais aux ressources trop souvent limitées. A l'exemple de la fondation Louis Vuitton fondée en 2014 par le PDG et mécène, à la tête du groupe de luxe LVMH, Bernard Arnault, proposant au public un musée exposant ses collections privées d'art contemporains, dans le XVIe arrondissement de Paris. [...]
[...] Pour autant, comment se manifeste et se coordonne aujourd'hui la démocratisation culturelle ? L'arrivée récente de nouveaux acteurs privés et leur rôle de tout premier plan dans l'ordonnancement de l'offre culturelle en France semble redéfinir les zones d'intervention de la charge politique publique et peut s'avérer un point de départ utile à la compréhension de ses nouveaux enjeux. Ainsi, Culturespaces, aujourd'hui premier acteur culturel européen privé, créée en 1990, et fonctionnant sans aucune subvention de fonctionnement, symbolise cette intromission nouvelle des moyens privés dans la gestion du patrimoine culturel publique et privé. [...]
[...] Si le partenariat publique-privé reste une voie d'organisation possible, il faut cependant en circonscrire normativement les espaces et les limites car il pourrait en résulter une culture à deux échelles, avec d'une part, une privatisation dynamique, foisonnante, innovante et élitiste, dans l'air du temps et une culturation publique, pédagogique, démagogique et normative, ce qui reviendrait à scinder la culture en deux espaces pourtant conciliables. Enfin, afin que "l'économie de la culture" selon l'expression de V. Dubois9 ne prenne le pas sur ce qui fonde la culture, le partage au plus grand nombre, il faudra veiller à maintenir la représentation de la gestion publique, via le Centre des monuments nationaux et le dynamisme des DRAC et d'en garantir l'éthique, par une intromission au réel des instances de la Culture dans ce qui fait culture. [...]
[...] Au vu de ces éléments, il peut paraitre intéressant de revenir sur la notion de démocratisation culturelle. En effet, la venue de nouveaux acteurs, notamment privés, à la gestion politique publique de la chose culturelle, a bouleversé non seulement la gestion de l'offre culturelle, en intégrant un partenariat et un soutien de choix, mais également un intermédiaire et un rival, présent à la conception d'offres nouvelles, notamment numériques, plus en adéquation avec la demande actuelle. C'est dans cette espace de la dynamicité et de la rentabilité de marché, que s'est hissé le gestionnaire privé, aujourd'hui véritable médiateur de la culture. [...]
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