La comédie est-elle un art noble ?

Thèmes abordés

comédie, art, Les Temps modernes, Charlie Chaplin, Le Schpountz, Marcel Pagnol, Jean-Robert Probst, Eugen Altenburger, rire, art populaire, art noble, réflexion

Résumé du document

Synthèse de trois documents sur l'art de la comédie :
- Les Temps modernes - Charlie Chaplin (1936)
- Le Schpountz - Marcel Pagnol (1938)
- Chicky, une vie de clown, légende vivante du cirque, extrait - Jean-Robert Probst (2008)

Extraits

[...] Chaplin accepterait seulement une gifle ? Mais il en donnerait plutôt . C'est un grand chef dans la vie, M. Chaplin. IRÉNÉE Alors, pourquoi s'abaisse-t-il à faire rire ? FRANÇOISE Ceux qui font rire sur la scène ou sur l'écran ne s'abaissent pas, bien au contraire. Faire rire ceux qui rentrent des champs, avec leurs si mains tellement dures qu'ils ne peuvent plus les fermer ; ceux qui sortent des bureaux avec leurs petites poitrines étroites qui ne savent plus le goût de l'air. [...]

[...] Document 3 : Chicky, une vie de clown, légende vivante du cirque, extrait - Jean-Robert Probst (2008) Au cours de leur carrière, les Dubsky jouèrent un certain nombre d'entrées classiques, parmi lesquelles celle du taxi en folie, qui rencontre toujours un énorme succès. Très simple, la trame tient en quelques lignes. Une famille, qui veut partir en vacances, commande un taxi. Mais la voiture se montre plutôt récalcitante. Elle perd ses portières, le toit se déchire, les phares tombent sur le capot et finalement le moteur explose, pour la plus grande joie des enfants. Et aussi de leurs parents. [...]

[...] Le rire par identification Le but premier de la comédie est bien de faire rire le public. À travers son personnage de Françoise, qui répond aux doutes d'Irénée sur le bien-fondé du comique, Pagnol souligne un aspect crucial de la comédie : l'évasion. La comédie est là pour apporter un moment de bonheur à ceux qui n'en ont pas, à ceux qui ont la vie dure : l'énumération imagée de Françoise est parlante. Mais Irénée pense autrement, et son opinion fait écho à celle qu'ont beaucoup de gens sur la comédie : on rit toujours aux dépens du comique, on rit pour se rassurer sur soi-même. [...]

[...] Ceux-là, je ne les ferai pas rire, parce qu'ils ont l'âme assez haute pour être émus de pitié. Allez, Françoise, celui qui rit d'un autre homme, c'est qu'il se sent supérieur à lui. Celui qui fait rire tout le monde, c'est qu'il se montre inférieur à tous. FRANÇOISE Il se montre, peut-être, mais il ne l'est pas. IRÉNÉE Pourquoi ? FRANÇOISE Parce que l'acteur n'est pas l'homme. Vous avez déjà vu sur l'écran Charlot recevoir des coups de pied au derrière. [...]

[...] Son comique relève donc également de l'assemblage, presque de l'artisanat. De plus, puisque le comique utilise souvent comme cadre le quotidien (qu'il s'agisse de celui des ouvriers à l'usine chez Chaplin ou de la famille en vacances chez les Dubsky), la déconstruction de ses éléments ne se limite pas forcément au purement matériel. Ainsi, Chaplin livre avec Les Temps Modernes une véritable charge contre l'industrialisation et la déshumanisation provoquée par le capitalisme. Si l'on peut utiliser les éléments du décor quotidien pour faire rire, on peut également le faire de manière subversive, réfléchie et intellectualisée, comme la plupart des arts. [...]