« C'est pour cela sans doute que le mot génie a été tiré du mot genius, qui signifie l'esprit particulier qui a été donné à un homme à sa naissance, qui le protège, le dirige et lui inspire des idées originales. » Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, 1790
Le terme art (ars en latin traduit le mot grec technê) désigne généralement aussi bien la technique, le savoir-faire, que la création artistique, la recherche du beau. C'est le « beau » que l'artiste vise à créer une impression d'osmose esthétique, de complétude, d'alliance universelle, sans que rien ne puisse justifier ce sentiment. Selon Kant, cette quête de la beauté et de l'esthétisme est le fruit de la libre inspiration du génie. Génie qui relève plus que du simple talent car il crée des formes susceptibles d'être appréciées, admirées et imitées, mais sans qu'il se réfère, par principe, à quelque chose déjà existant.
La peinture et le cinéma sont deux arts. Pourtant, le second doit être pris dans le terme d'art au sens premier du mot grec technê, qui est « l'ensemble de procédés, de méthodes et de techniques » propres à un domaine précis, et qui permettent de réaliser des produits utiles ainsi que des œuvres d'arts.
Peinture et cinéma sont donc radicalement différents pour plusieurs choses: la peinture est un art qui représente une image fixe de nature figurative ou abstraite, c'est aussi un art solitaire qui se contemple de « jour » et qui se fabrique avec de petits outils manuels; alors que le cinéma lui, est un art basé sur des images mobiles qui représentent la plupart du temps un réel recomposé, c'est un art collectif, qui nécessite des machines aussi bien pour sa fabrication que pour sa diffusion, et qui est contemplé dans l'obscurité.
Contrairement à la peinture, le cinéma est un art de l'enregistrement et un moyen d'expression qui correspond à l'avènement de la reproduction mécanique des œuvres d'art: désormais, une photographie, une musique, un film, deviennent accessible à tous.
De plus, le cinéma ne possède pas l'aura particulière que peut avoir la peinture grâce à son caractère unique.
[...] Elle est aussi critique littéraire au journal Le Monde Elle sera lauréate du prix Fémina Vacaresco pour Van Gogh ou l'enterrement dans les blés (éditions du Seuil). Elle sera aussi l'auteur de plusieurs essais, dont le best-seller L'horreur économique qui a reçu le prix Médicis en 1996. PÄTZOLD (Brigitte) Frida, la vie d'une peintre révolutionnaire, humanite.presse.fr Julie Taymor est une réalisatrice, productrice, scénariste américaine. Elle fut metteur en scène aussi de nombreux spectacles musicaux et d'opéras. Frida est son second film. [...]
[...] Pialat ne raconte donc pas la biographie du peintre hollandais mort en France, mais il propose une représentation personnelle de la vie quotidienne des derniers jours d'un homme marginal qui ne parvenait pas à trouver sa place et son équilibre dans la société dans laquelle il vivait. Le personnage de Van Gogh n'est alors absolument pas glorifié, et Pialat ne montre pas l'image classique et romantique du peintre maudit et exalté qui est exploitée habituellement, comme il le dit lui-même : Je voulais avant tout aller contre la légende du peintre fou, du peintre maudit, du peintre crève-la-faim, inventée de toutes pièces. [...]
[...] Vincent Van Gogh représente l'art moderne, qui fut initié à travers les impressionnistes. C'est aussi l'artiste qui symbolise le mieux le peintre marginal, s'attachant à l'art désintéressé et à la création libre pour exorciser la souffrance. Par son art, il révèle une nouvelle approche de la forme, de la couleur et surtout, une nouvelle appréhension du monde dans lequel il évolue. Frida Kahlo représente aussi l'art désintéressé et la création libre pour exprimer sa souffrance, mais, picturallement, elle se rattache plus au courant surréaliste. [...]
[...] Les lumières et le traitement lumineux sont donc magnifiques. Julie Taymor a fait le choix d'insérer les œuvres de Frida Kahlo dans la trame scénaristique du film : les tableaux apparaissent aux épisodes les plus marquants de la vie de la peintre et se mêlent parfois à l'image cinématographique. Par exemple, lors du premier mariage de Frida et Diego, l'image se fige sur un tableau représentant Frida et Diego qui se tiennent la main, une palette de peinture dans l'autre main de Diego et Frida retenant son châle avec la sienne (voir annexes). [...]
[...] Les autres acteurs connus, comme Bernard Lecoq ou Elsa Zylberstein, rythment le film par leur esprit et leur jeu remarquablement juste. Pialat utilise des couleurs et une lumière qui sont très proches de la peinture de Van Gogh, même l'ambiance du film rappelle beaucoup les toiles impressionnistes (Degas, Renoir) ou parfois réalistes (Millet, Courbet). En effet, le propre des peintres réalistes ou impressionnistes est de rendre une vision objective et simple de la vie contemporaine, accessible à tous. Pascal Mérigeau dira même de Pialat : s'il avait pu choisir sa destinée, il serait devenu peintre, même un peintre moyen, plutôt que cinéaste, même grand cinéaste Pialat dans tous ses films, opte pour une lumière moderne, c'est-à-dire une lumière naturelle, solaire et non artificielle. [...]
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