La représentation du nu dans l'art désigne, plutôt que le sujet représenté lui-même, une forme d'art qui essaie de recréer une image du corps humain magnifié, idéalisé, tout en respectant les exigences esthétiques et morales de l'époque, à travers la peinture, la sculpture ou maintenant la photographie. Le terme « nu » appartient au vocabulaire des Beaux-Arts depuis le XVIIème siècle. A travers l'histoire il fut le miroir des implications psychologiques, philosophiques et esthétiques du corps dans des sociétés données ; cet exercice constamment renouvelé est une tentative qui, par une voie sensible, définit l'être humain, souvent dans son acception « naturelle ». Depuis la préhistoire, la représentation de corps nus est un des thèmes majeurs de l'art.
[...] La femme agenouillée se donne à son compagnon, comme si personne d'autre ne la regardait. Elle laisse aller son amour pour l'autre, et nous retrouvons l'harmonie d'un couple isolé dans la sublimation du sentiment amoureux. Klimt lui donne une dimension spirituelle, en assimilant le plaisir sexuel à la joie artistique. L'œuvre de Klimt, qui marque la naissance de l'expressionnisme viennois, est à l'origine de cette vision nouvelle de la pensée. Klimt met en scène ses personnages en mettant en avant le plaisir dans l'intimité. [...]
[...] Au milieu du XIXème siècle, le réalisme vise, avec Courbet, la représentation exacte de la nature et des hommes et les œuvres représentent des faits de la vie quotidienne et non plus des scènes historiques ou mythologiques. L'Origine du monde[1] remet en question les valeurs artistiques et sociales : en exhibant en quelque sorte la partie cachée de l'Olympia de Manet[2], Courbet provoque une révolution picturale. Le XXème siècle verra ainsi apparaître de nouvelles tendances de représentation. L'artiste se détache de la représentation du réel et des codes établis. Il commence à peindre ce qu'il ressent, ce qu'il imagine, ce qui n'est pas réel ou plutôt pas appréhendable au premier abord. [...]
[...] Le corps semble devenir dès lors un produit fini, net et lisse. Ses nus ont de la masse plus que du relief, et confinent l'érotisme dans le désir du regardeur Des femmes-pinceaux d'Yves Klein à l'art corporel En 1958, Klein présentait devant quelques personnes réunies chez l'un de ses amis, Robert Godet, une expérience : une jeune femme, le corps nu enduit de peinture, réalisait un monochrome bleu par des mouvements de reptation accomplis sur une grande feuille de papier posée à même le sol. [...]
[...] Dès lors, le nu peut s'afficher sans complexes. Les artistes, conscients d'avoir retrouvé la totale possibilité de l'exprimer, traduisent sa grandeur, tout comme son extrême et douloureuse fragilité. Ils tissent de nouvelles présences, faites autant de distance physique que métaphysique. La nudité retrouve le sens des origines, elle peut se montrer pour le plaisir extrême de contempler un corps, enfin dans sa vérité, à l'œil nu. Comment la peinture et le dessin du XXème siècle affranchissent-ils le nu féminin de toute liturgie ? [...]
[...] Chez Egon Schiele, le nu occupe une place très importante. Il est en effet fasciné par le corps humain, par sa précarité et par les pulsions dont il est l'objet. Le corps de la femme l'inspire et il peint au cours des années des toiles dont les modèles prennent des positions de plus en plus provocantes, en exhibant les organes génitaux. Les personnages sont souvent dans des poses figées, sans expressivité, mais remplies d'angoisse. C'est ainsi que le nu érotique et obscène a une place importante chez Schiele qui lui vaudra d'être accusé de pornographie et de goûter à la prison en 1912. [...]
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