Les résultats de la dernière étude sur les pratiques culturelles des Français menée par Olivier Donnat entre 2007 et 2008 ont fait l'effet d'une bombe : bien qu'ils ne fassent que confirmer une tendance déjà bien réelle, ces chiffres sont univoques. Les pratiques culturelles des Français apparaissent… de moins en moins culturelles. A l'ère du numérique et du tout puissant entertainment, plus de 53% des Français déclarent par exemple lire peu ou pas du tout de livres, 51% d'entre eux n'ont assisté à aucun spectacle vivant dans un établissement culturel au cours des douze derniers mois et un quart déclare n'avoir fréquenté aucun établissement culturel. Ces chiffres sont révélateurs : la culture reste trop souvent réservée à une « élite », une bonne partie de la population semble se sentir éloignée, voire coupée du monde culturel.
En effet, l'idée largement répandue de l'exception culturelle française, voire de la suprématie culturelle de la France qui ferait de celle-ci la patrie de la culture, a paradoxalement donné à la culture en France une dimension élitiste. Face à ce constat, depuis plus de cinquante ans, la démocratisation culturelle – c'est-à-dire l'accessibilité de tous et de chacun à la culture, ou du moins au plus grand nombre – représente un objectif fondamental et central des politiques culturelles.
« Donner à tous accès à la culture » est donc le défi permanent auquel sont confrontés le Ministère de la Culture et les acteurs culturels. Le concept d'accessibilité suppose qu'il existe une offre et une demande simultanées et illimitées, dans le cadre du marché de concurrence pure et parfaite développé par les classiques. Il s'agirait alors de développer une « offre diversifiée de biens culturels sur l'ensemble du territoire » et de mettre en place des subventions et une politique de communication efficace face à une demande insuffisante. L'idéal de démocratisation culturelle semble pourtant bien difficile à atteindre. Dans cette perspective, de nombreuses questions se posent : sur l'essence même de ce concept - qu'est-ce que la démocratisation ? Comment donner accès à tous à la culture ? Et faut-il vraiment donner accès à tous à la culture, au risque de la « vulgariser », la « simplifier » ?
[...] La remise en cause et la notion de démocratie culturelle 2. Les années Lang : 1981-1986 et 1988-1993, une embellie 3. La démocratisation aujourd'hui, toujours d'actualité II. Les vecteurs de la démocratisation : une multiplication des vecteurs et des résultats encore insuffisants. A. L'école et les médias, deux vecteurs traditionnels de la démocratisation qui peinent à fournir les résultats escomptés L'éducation artistique et culturelle à l'école comme levier : favoriser la sensibilité dès l'enfance Les médias : un bilan mitigé. [...]
[...] A l'intérieur même de ces catégories, on peut distinguer des sous-ensembles : théâtre, musique dite savante et arts plastiques d'un côté ; films, musique et audiovisuel de l'autre. Tout laisse à penser que le développement des médias a largement contribué à diviser le champ culturel en deux catégories distinctes, distinguant les arts qui se sont massifiés des autres. De plus, les médias ne sont plus aujourd'hui de simples courroies de transmission facilitant l'accès aux œuvres et aux produits culturels. Ils fonctionnent comme une véritable instance de reconnaissance et de légitimisation pour des personnes non initiées. [...]
[...] Toutefois, si les politiques publiques culturelles ont évolué et se sont développées depuis l'injonction de démocratisation culturelle des révolutionnaires français, leur bilan en 2009 est très inférieur aux résultats escomptés. Les études montrent que si les politiques publiques permettent un accès plus facile pour tous à la culture, les pratiques culturelles des Français n'ont pas pourtant autant évolué dans ce sens. Faut-il alors conclure à l'échec et à l'inutilité des politiques publiques visant à la démocratisation culturelle ? Ces termes sont sans doute excessifs. [...]
[...] L'école doit transmettre à tous les élèves les bases culturelles fondamentales leur permettant de connaître et d'aimer l'histoire, la langue et le patrimoine littéraire et artistique de notre pays - condition pour se sentir membres d'une même Nation de vivre en homme ou en femme libre, et d'apprécier, tout au long de leur vie, l'art, le spectacle, la littérature, et toutes les autres formes de pratiques culturelles L'arrêté du 11 juillet 2008 marque le retour volontariste de l‘éducation artistique sur la scène politique: le Président de la République a ainsi réaffirmé en 2008 que l'éducation artistique et culturelle (est) une mission prioritaire du ministre de l'Éducation nationale et de la ministre de la Culture et de la Communication Celle-ci est construite autour de quatre grandes idées : l'enseignement généralisé de l'histoire des arts, le développement des pratiques artistiques sur le temps scolaire mais également en dehors, la rencontre avec les artistes et les œuvres ainsi que la fréquentation des lieux culturels pour l'ensemble des élèves, et enfin, plus globalement, la nécessité de la généralisation de l‘éducation artistique et culturelle en milieu scolaire. Néanmoins, de nombreux problèmes persistent : bien que les mesures soient là (et en nombre), celles-ci ne sont guère suivies. Deux problèmes majeurs peuvent être soulevés : les problèmes de formation en effet, nombre d'enseignants ne sont pas formés pour dispenser de tels enseignements. De plus, il n'existe pas de réels suivis, comme le soulignait la conclusion du colloque Patrimoine et développement durable : une question d'éducation ? tenue à l'UNESCO en juin 2008. [...]
[...] En effet, cette conception considère que l'accès à la culture nécessite une acculturation préalable du public aux œuvres qu'il est amené à voir. Dans cette perspective, donner la possibilité à un public n'ayant jamais vu certains types d'œuvres culturelles d'avoir accès à ces œuvres ne garantit en rien que le public va se déplacer pour les voir, ou s'il se déplace, qu'il y soit sensible. Ces critiques s'appuient sur des statistiques concernant la composition sociologique du public. En effet, le chercheur Olivier Donnat analyse les données entre 1973 et 1989 en mettant en lumière la persistance des différences sociales dans la fréquentation des institutions culturelles ou dans les pratiques de lecture. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture