Féminisme de genre, lutte féministe, revendication des minorités, genre binaire, création artistique, nouvelle identité, stratégie queer, lignée féministe, construction sociale, Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Betty Friedan, Louise Bourgeois, Niki de Saint-Phalle, Nan Goldin, David Armstrong, Sophia Wallace
« On ne naît pas femme, on le devient » , écrivait Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe, publié en 1949. Ce qu'implique l'auteur, c'est que l'essence même de la féminité n'existe pas : le féminin est un apprentissage social et culturel sur une vie, pas une fatalité biologique.
En effet, dès la naissance, comportements masculins ou féminins sont appliqués aux nouveau-nés : les caractéristiques et attentes immuables associées à chaque sexe leur sont donc attribuées « en toute logique. » C'est donc une construction sociale qui s'opère ici, ce à quoi les études de genre s'intéressent ; être un homme ou une femme renvoie tout d'abord à une définition du sexe biologique, faisant référence aux organes génitaux : c'est une composition qui désigne l'anatomie, le corporel. Le genre, lui, se base sur un système de construction psychique et sociale, qui « fait éclater la vision essentialiste de la différence des sexes. » Il interroge autant le masculin que le féminin, et remet en question les stéréotypes liés à chaque sexe, qui se voudraient intrinsèques à eux mais qui, on le verra, ne sont aucunement révélateurs de l'essence de l'être humain. Il y a également une dimension de « l'entre-deux » quand on évoque le genre : s'il différencie la construction sociale du masculin et du féminin, il met aussi en jeu « quelque chose d'autre », pour reprendre Michael Cunningham, c'est-à-dire, de nouvelles identités.
[...] Un artiste très important des années 70 et 80, Vito Acconci, est une des premières figures masculines de l'art contemporain à interroger sa qualité « virile » et déclare notamment que la lecture des écrits féministes l'a aidé à mieux saisir son statut privilégié : « je me souviens qu'à la lecture de ces écrits féministes, je me disais : « Je suis un homme. Que puis-je faire ? » Je me sentais injustement attaqué. Et donc il fallait que je trouve une issue, que par exemple je puisse élaborer ma propre version à partir de ce qui m'avait touché là, à partir de ce qui y faisait question pour moi. » Ainsi se rend-t-il compte d'une réalité politique et culturelle jusqu'ici restée dans l'ombre et dont il n'avait pas à se soucier puisque né homme, relatant intrinsèquement d'une supériorité sociale liée au sexe. [...]
[...] Comment le genre est-il entendu et pratiqué dans la création artistique ? Introduction « On ne naît pas femme, on le devient », écrivait Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe, publié en 1949. Ce qu'implique l'auteur, c'est que l'essence même de la féminité n'existe pas : le féminin est un apprentissage social et culturel sur une vie, pas une fatalité biologique. En effet, dès la naissance, comportements masculins ou féminins sont appliqués aux nouveaux-nés : les caractéristiques et attentes immuables associées à chaque sexe leur sont donc attribuées « en toute logique. [...]
[...] Ainsi, on peut se demander : comment les artistes contemporaines traitent-ils la question si épineuse du genre, autant d'un point de vue masculin que féminin, et comment, par cette interrogation, le déconstruisent-ils afin d'en faire ressortir les stéréotypes, les clichés apposés par une société encore en plein mouvement ? Il est important de mettre en avant que, malgré le fait que le genre ressorte principalement d'une base liée aux luttes féministes, des hommes ont leur impact dans sa compréhension contemporaine. En effet, plusieurs artistes masculins se sont questionnés quant à leur place d'artiste masculin dans l'histoire de l'art et l'effet prodigué de cette position de force sur l'autre sexe, permettant ainsi de mieux saisir l'impact du féminisme dans l'art, ce qu'il nous paraît profondément important d'aborder. [...]
[...] Ces deux artistes développent une pratique reposant sur l'idée de la lutte contre la figure masculine, notamment celle du père, vecteur de traumatismes et d'angoisses autant chez Louise Bourgeois (père absent et adultère) que chez de Saint-Phalle (inceste subie quand elle était enfant). Avec Nature Study (1984), Louise Bourgeois prône un corps hybride, étrange, inquiétant, que l'on n'arrive pas à distinguer concrètement ; est-il féminin, est-il masculin ? Le titre renvoie à une « étude de la nature », ce qui nous amène à penser l'ambivalence du corps, de la sexualité : au final, la femme n'est-elle pas la simple égale de l'homme, image qui est faussée pour la société à cause du rôle du patriarcat qui s'incarne partout ? [...]
[...] Certaines inspirent leur pratique artistique de leur apprentissage différencié, en tant que femmes, comme la couture, par exemple : « l'art textile intégré au rang des beaux-arts féminins rapproche l'artiste de l'artisane et postule une création plus collective, plus anonyme. [ . ] Dans le contexte de la mondialisation, l'art textile se gorge d'une histoire séculaire, celle d'un médium qui refuse la parole et l'image construites par les hommes. » Dans l'exposition Au bazar du genre, déjà précédemment citée, l'artiste Annette Messager est présente de part une œuvre intitulée Collection de proverbes (1974) où, par la broderie, technique fortement connotée et renvoyant directement à la femme, elle met en lumière tous les stéréotypes misogynes rencontrés par le genre féminin. [...]
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