Quel est le but d'un exercice de théâtre ? Vraisemblablement, pas d'être réussi, comme on pouvait réussir un exercice aux yeux d'une scolarité, mais plutôt d'être raté, comme une chose toujours à reprendre, un endroit toujours possible de travail. Exercer, c'est recommencer, reprendre, retravailler. Et si je ne peux pas réussir – non que ce soit trop difficile, mais si ce n'est pas le but -, alors je ne peux pas échouer : le terrain semble dès lors s'ouvrir aux jeux et aux expériences. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : s'exercer c'est jouer, s'amuser. Avec les contraintes, avec les règles – les respecter, les détourner, les enfreindre, bref, se les approprier – c'est faire des expériences, des tentatives, être curieux.
C'est dans cet esprit enfantin, je crois, qu'il est important de travailler : un esprit ludique, vif, ayant le désir d'essayer, n'ayant pas peur de recommencer 100 fois pour avancer.
Je vous propose ici sept exercices de théâtre, sept exercices qui ne font pas intervenir la parole, sept exercices qu'il sera important pour chacun d'adapter. En ce sens, ils sont très ouverts et font travailler différents points du jeu de comédien : écoute (de l'autre / de soi / du plateau), engagement émotionnel, imaginaire, présence (à soi/à l'autre), condition physique...
Ils se pratiquent seul, à 2 ou 3 ou en groupe.
J'appelle les participants aux exercices des « joueurs », respectant en cela le champ lexical dévolu aux comédiens, qui évoque le « jeu » et parle de « jouer la comédie ».
Il est bien évident que la mise en pratique de ses exercices n'engage en rien l'auteur de ses lignes, qui ne saurait être tenu responsable de quoi que ce soit lors de la pratique des exercices décrient ci-dessous. Chaque pratiquant est entièrement responsable de ses actes.
[...] On marche en cherchant à occuper tout l'espace, c'est à dire, on va là où il n'y a personne, là où l'espace est vide. On peut en profiter pour vérifier que le masque est détendu, la langue, la gorge, la mâchoire sont tranquille, le regard est calme, ni au sol, ni au plafond. On voit les autres joueurs, mais il n'y a pas de jeu avec eux. On marche, c'est à dire on va d'un point à un autre. Sur cette base, on va ajouter des consignes et / ou des possibles. [...]
[...] Bien entendu, il va souvent falloir que chacun négocie les distances et choisisse des compromis. Car les cas de figure où A va vers B et s'éloigne de et où B va vers C ne sont pas rares. Sans compter que C peut très bien avoir choisi d'aimer A ! ! Après un ou deux essais, vous pouvez demander à ce que la transformation après le top soit la plus subtile possible. Un peu comme lors d'une soirée où on voudrait séduire une personne tout en redoutant d'en croiser une autre, on ne va pas pour autant se précipiter vers la première ni se cacher en courant quand on voit la seconde ! [...]
[...] Elle est pourtant essentielle. Elle permet de poser une base solide sur laquelle l'intervenant va pouvoir agir simplement. D'abord, sur la prise de consigne : comment un groupe arrive à prendre et appliquer immédiatement une consigne, à corriger un défaut ? Comment il arrive à explorer un élément (la marche)? Pour chacun, quelles sont les difficultés : orientation d'une exploration, posture, prise de décision. Je trouve également comme avantage dans cet exercice qu'il pose très au loin les notions de psychologie et d'ego, notions qui sont à mon sens les plaies du théâtre. [...]
[...] Puis, les gens se déplacent, sans se quitter des yeux : gestions des problèmes (marche arrière, coupe du lien par d'autres joueurs ) en explorant différentes vitesses, différentes distance. Cet exercice peut être répété plusieurs fois. Il peut aussi se faire sans que l'intervenant ne donne de top : chacun quand il le veut, attrape un autre par les yeux : c'est comme une proposition de jeux. Puis, quand l'un des deux le veut, il rompt le lien et repart dans la marche. On peut également autoriser le vol de partenaire (en interceptant les regards, par exemple, de deux en train de travailler). [...]
[...] Respecter les étapes est important. C'est une première consigne à intégrer, et pour la suite elle se révèlera utile. En effet, quand les joueurs commencent à s'habituer au principe, l'intervenant peut mettre plusieurs balles en jeu. J'ai vu sur un groupe de 12 personnes tourner jusqu'à 8 balles en même temps ! ! ! A partir de 5 balles, pour que ça ne tombe pas tout le temps, les notions de précision de l'adresse l'appel de regard, de vigilance sont très sollicités. [...]
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