Analyse de Suréna de Corneille
La pièce se déroule dans le royaume parthe. Deux couples d'amants voient leur projet d'union contrecarré (acte I). Le premier couple est formé par Eurydice, princesse d'Arménie, et Suréna, général parthe au service d'Orode, roi des Parthes. Ils se sont donnés secrètement leur accord, mais se retrouvent séparés par un double obstacle politique. Tout d'abord, un traité d'alliance entre le royaume des Parthes et l'Arménie comprend comme clause l'alliance d'Eurydice avec le roi Pacorus, fils du roi des Parthes Orode.
[...] Suréna, Général des Parthes (1674) Pierre Corneille Exposition et nœud La pièce se déroule dans le royaume parthe. Deux couples d'amants voient leur projet d'union contrecarré (acte I). Le premier couple est formé par Eurydice, princesse d'Arménie, et Suréna, général parthe au service d'Orode, roi des Parthes. Ils se sont donnés secrètement leur accord, mais se retrouvent séparés par un double obstacle politique. Tout d'abord, un traité d'alliance entre le royaume des Parthes et l'Arménie comprend comme clause l'alliance d'Eurydice avec le roi Pacorus, fils du roi des Parthes Orode. [...]
[...] Orode refuse et menace de mort Suréna (acte III). Devant la montée des périls (pression politique d'Orode, pression sentimentale de Pacorus) et face au refus dans lequel Suréna s'est figé, Eurydice ménage des alternatives factices peut-être les amants malheureux pourraientils obtenir des délais, ou peut-être devraient-ils tenter de fuir ? tandis que Palmis tente de décider Eurydice à accepter son mariage avec Pacorus pour sauver Suréna (acte IV). Dénouement Au moment où Suréna choisit l'exil (acte scène II) et où Eurydice finit par accepter son mariage avec Pacorus (acte scènes IV et Suréna est assassiné (dernière scène). [...]
[...] Suréna met ainsi en scène un héroïsme sans prise sur le réel, bloqué entre impuissance et démission. Resté maître de lui-même, Suréna n'a plus de pouvoir sur l'univers et n'obtient aucune conversion du roi à sa magnanimité, contrairement à ce à quoi parvient in extremis Nicomède. La morale n'a plus de vertu active sur la politique et la cité cesse d'être un champ ouvert à l'action héroïque. La seule possibilité pour le héros impuissant est la démission. L'exclusion politique de l'héroïsme signe sa disparition : condamné à s'éteindre faute d'emploi et d'efficacité morale sur autrui, le héros s'exile de l'Etat machiavélique, où prime la seule raison d'Etat. [...]
[...] Tous les efforts de compromis viennent des personnages secondaires, et sont rejetés avec constance par Suréna et, jusqu'à la dernière scène exclusivement, par Eurydice. Suréna repose donc sur une situation de pastorale privée des ressorts dramatiques habituels de la comédie, figée dans le désespoir, et entièrement soumise à un nœud tragique indénouable : la fatalité de la politique. C'est ainsi que Corneille invente une version tragique de la pastorale dramatique : elle s'accompagne d'une rhétorique de la plainte qui témoigne d'un lyrisme inspiré et fait de la pièce une des plus émouvantes jamais composées par le grand poète. [...]
[...] Mais ce n'est là qu'un équilibre de façade. A l'acte l'exposition présente une situation comparable à celle de Nicomède : général victorieux, amant d'une princesse d'un peuple allié, Eurydice, Suréna se retrouve victime de la raison d'Etat. Un double intérêt d'Etat un traité d'alliance entre le royaume des Parthes et l'Arménie, comprenant comme clause le mariage d'Eurydice avec le prince Pacorus, d'une part, et d'autre part la grandeur du roi des Parthes Orode, menacée par ce général devenu militairement plus puissant que le roi constitue le nœud parfaitement tragique de l'action, en imposant au général pourtant vainqueur une alliance matrimoniale autre que celle qu'il avait projetée. [...]
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