Depuis de nombreuses années des artistes font appel aux jeux d'illusions dans leurs oeuvres. Ils trompent les perceptions du spectateur et faussent leur vision et leur idée de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas. Anamorphoses et trompe-l'oeil sont deux applications de ces illusions. Les oeuvres sont généralement picturales, à l'échelle d'un tableau, voire d'une fresque. Cependant, certains artistes étendent ces pratiques dans des réalisations à l'échelle d'espaces entiers et à d'autres champs artistiques.
Dans quelle mesure, grâce à ces jeux d'illusions, les artistes parviennent-ils à modifier les perceptions des espaces investis ?
[...] L'histoire du trompe-l'oeil semble trouver son origine avec la légende de l'artiste Zeuxis. Son tableau L'enfant aux raisins contenait la représentation d'une grappe. Celle-ci aurait été peinte de façon tellement réaliste que les oiseaux seraient venus la picorer. Les trompe-l'oeil deviennent très présents à Pompéi où les artistes peignaient des fresques à l'intérieur des villas représentant des loggias donnant sur des jardins.
[...] Trompe-l'oeil et anamorphoses font tous deux appel au jeu des illusions. Dans les deux cas il s'agit de jouer avec les perceptions du spectateur. Ils présentent aussi un côté ludique. Dans le cas de l'anamorphose le spectateur doit trouver le bon point de vue et a la surprise de découvrir la véritable image. Pour le trompe-l'oeil, le spectateur ne découvre pas le subterfuge tout de suite. Il y a donc aussi un effet de surprise (...)
[...] Il recrée des formes géométriques simples et planes dans des espaces en 3D. Les couleurs se déploient dans tout l'espace, cependant, sur la photographie la forme géométrique apparaît et donne l'impression d'une photo du lieu retouchée sur photoshop, rendant la forme et la couleur totalement artificiels. Cette illusion parfaite est donnée grâce à l'objectif de l'appareil qui est placé exactement au même endroit que le projecteur qui projette la forme géométrique dans le lieu. Ici la photographie est organisée comme un diptyque : la partie de droite est laissée intouchée, la partie de gauche est entièrement peinte en bleue, seuls 4 carrés alignés sont laissés intouchés, dans leur couleur d'origine. [...]
[...] La seconde anamorphose est une gigantesque fresque qui surplombe la nef et mesure 36 sur 17 mètres. Ici aussi un carrelage rond indique sur le sol l'endroit ou le spectateur doit se positionner pour percevoir la fresque de la bonne manière. Si le spectateur se déplace il aura l'impression de perspectives faussées et déformées. Le peintre joue aussi ici avec le trompe-l'œil pour rendre l'anamorphose plus réelle. Pour la fresque, il peint des éléments architecturaux dans le prolongement de ceux qui existent déjà. [...]
[...] II / Les anamorphoses de Georges Rousse à Amilly C'est en 2007 que Georges Rousse intervient à Amilly dans le Loiret. Cette installation est mise en place dans des tanneries, un ancien bâtiment industriel qui accueille aujourd'hui de nombreux événements artistiques. Ce lieu présente un fort caractère architectural et de grands espaces vides. L'œuvre finale de l'artiste est présentée par une photographie. Cette photographie montre un dessin géométrique peint en bleu, comme plaqué sur la photo de l'intérieur des tanneries. Le travail de Georges est intégralement basé sur le principe d'anamorphose. [...]
[...] La statue paraît encore plus éloignée et à échelle humaine. En réalité cependant la galerie ne mesure que 8,80 mètres de long et la statue que 50 centimètres de hauteur. Cet effet est obtenu grâce la taille et la disposition des colonnes et des arcades. Celles-ci sont de plus en plus rapprochées, et de plus en plus petites. Le diamètre des colonnes réduit lui aussi au fur et à mesure. Par ailleurs le sol est en pente douce, et les lignes sur le sol convergent aussi légèrement. [...]
[...] Les spectateurs ne peuvent du coup apprécier l'anamorphose que de cette manière, sans pouvoir la voire en 3D. En conclusion, même si les anamorphoses et les trompe-l'œil sont souvent considérés plus comme des représentations ludiques, certains artistes arrivent à se les approprier et à s'en servir comme d'un moyen pour donner à voir autrement ce qui nous entoure. Que ce soit au XVIème siècle ou de nos jours, ces illusions peuvent permettre de modifier les perceptions d'un visiteur dans un espace, on créant de nouveaux éléments architecturaux, en modifiant les perceptions des volumes existants, en mettant en valeur certains espaces. [...]
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