Le concours de 1727 organisé pour revaloriser la peinture d'histoire ainsi que les peintres de l'Académie Royale opposait douze des académiciens. Parmi eux, Noël-Nicolas Coypel présenta L'Enlèvement d'Europe exécuté probablement dès l'annonce du concours en 1726. Cette huile sur toile, faisant désormais partie des collections américaines, est conservée au Museum of Art de Philadelphie. Ses dimensions de 127x193 cm, imposées par le règlement, ainsi que son sujet le classe dans la hiérarchie des genres comme une peinture d'histoire.
Pourtant, loin de glorifier l'image du monarque, comme elle pouvait le faire au XVIIème siècle, la peinture d'histoire à sujets mythologiques du XVIIIème siècle inspire de nombreux artistes et témoigne d'un changement de goût de la société. Cette « mode » pour les sujets mythologiques est confirmée par le choix des sujets des autres académiciens comme La Naissance de Vénus de Pierre-Jacques Cazes ou Le Repos de Diane de Jean-François de Troy (voir ill.1 et 2). Si le thème de l'enlèvement d'Europe a connu des précédents, Noël-Nicolas Coypel fait preuve d'une originalité toute particulière pour traiter cet épisode des Métamorphoses d'Ovide.
C'est pourquoi nous allons nous interroger sur la capacité de Noël-Nicolas Coypel à renouveler la peinture d'histoire en traitant avec originalité un sujet apprécié du public de l'époque faisant partie des « amours des dieux ».
Pour cela, il faut tout d'abord étudier le contexte artistique du XVIIIème puis le traitement personnel à la fois stylistique et iconographique du sujet de l'enlèvement.
[...] Le concours de 1727 aurait pu être le moment déterminant de sa carrière. Et en un sens il le fut, puisque son succès auprès du public affirma son talent qui pourtant ne fut pas réellement récompensé. Le concours de 1727 est révélateur de la situation culturelle de cette première moitié du XVIIIème siècle. Tout d'abord il montre à quel point la peinture d'histoire était encore considérée comme le genre majeur mais aussi qu'elle souffrait terriblement du manque de commanditaire, les caisses du pays étant vides. [...]
[...] Si le thème de l'enlèvement d'Europe a connu des précédents, Noël-Nicolas Coypel fait preuve d'une originalité toute particulière pour traiter cet épisode des Métamorphoses d'Ovide. C'est pourquoi nous allons nous interroger sur la capacité de Noël- Nicolas Coypel à renouveler la peinture d'histoire en traitant avec originalité un sujet apprécié du public de l'époque faisant partie des amours des dieux Pour cela, il faut tout d'abord étudier le contexte artistique du XVIIIème puis le traitement personnel à la fois stylistique et iconographique du sujet de l'enlèvement. [...]
[...] 1991-6 jan RMN. [...]
[...] Comme de nombreux peintres de l'époque, Noël-Nicolas Coypel vient d'une famille de peintre, puisqu'il est le fils de Nicolas Coypel et le demi- frère d'Antoine Coypel. Il a donc commencé sa formation dans l'atelier de son père avant d'entrer à l'Académie en 1720 en présentant comme tableau de réception Neptune enlevant Amymone (voir ill. dont le sujet est déjà inspiré de la mythologie et de l'iconographie de l'enlèvement. La suite de l'apprentissage traditionnel se déroulait à Rome grâce au prix de Rome ou au soutien financier d'un mécène, ce qui ne fut pas le cas de Coypel. [...]
[...] Un autre trait caractéristique de la peinture de Coypel est sa palette. Il utilise une gamme de coloris à la fois chaude et nuancée pour les jaunes et oranges, mêlée aux dégradés de bleus. La couleur est lumineuse et transmet l'atmosphère éclatante du couché de soleil, précisé par le geste de la néréide à droite du tableau se cachant les yeux de la lumière. Coypel montre une maîtrise dans la représentation de la transparence de l'eau irisée et des voiles laissant apparaître les corps dénudés, ainsi que des carnations se déclinant dans des tons chair rosés au plus dorés faisant référence à la notion d'art décoratif chère aux nouveaux goûts du public. [...]
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