Milan Kundera, imaginaire des Hommes, aventure, société de consommation, notion de sécurité
L'aventure que Milan Kundera défini comme une « découverte passionnée de l'inconnu » fait partie intégrante de l'imaginaire des Hommes. Cependant, selon Roger Mathé « notre époque est impropre à l'aventure ». Il semble qu'il y ait un décalage entre le besoin très présent d'évasion qui marque notre époque et la satisfaction de ce désir.
Nous pouvons nous interroger sur le bien fondé de l'affirmation de Roger Mathé en constatant que la société n'est effectivement pas prête à assouvir à ce besoin. Pourtant il semble que l'aventure soit au goût du jour et que nous multiplions les moyens d'y répondre.
[...] Les hommes semblent avoir besoin de cet encadrement et peu se plaignent de la situation. Par ailleurs l'individualisme est mal perçu : l'originalité passe le plus souvent pour de l'anormalité et l'aventureux mal dit solitaire pour celui qui n'a pas compris les bienfaits de la civilisation. Ainsi, Jacques Lacarrière constate que l'on accepte très bien les vacanciers, les campeurs, voire les randonneurs, moins bien les vagabonds, le solitaire marchant pour son plaisir en dehors des sentiers battus L'aventure nous parait appartenir à une époque révolue ne concernant plus notre monde moderne. [...]
[...] Ce jeu est une compensation à la monotonie de la vie, d'autant plus que chaque partie se déroule sur plusieurs jours et peuvent même quelque fois prendre la ville réelle comme cadre de jeu. L'Homme peut ainsi oublier dans le divertissement la difficulté d'être dans la société, donnant ainsi raison à Pascal : l'Homme est esclave du divertissement Ainsi l'affirmation de Roger Mathé est socialement vraie mais individuellement fausse. A l'échelle de la société entière, il est exact que l'organisation de notre monde, interdisant l'individualisme et l'originalité, rend difficile l'aventure. [...]
[...] Le plaisir de l'aventure se fait alors par identification à tel ou tel héros. Roger Mathé cite à ce propos Maigret, James Bond et San Antonio et nous pouvons constater que l'individualisme que présuppose le désir d'aventure se satisfait pleinement dans la lecture ou le spectacle de tels ouvrages et films. Edgar Morin résume ainsi les différentes formes que prend l'aventure et qui fait rêver le lecteur ou le spectateur : c'est aux horizons géographiques ou historiques, ou bien dans les bas fonds de la vie vécue que se déploie la vie qui manque à nos vies Il nous faut donc admettre que le goût de l'aventure tient à un manque, et que le monde moderne, policé et organisé est appauvrissant pour l'imagination de l'Homme. [...]
[...] Pourtant nous pouvons constater que l'aventure jouit d'un prestige inégalé de nos jours. Il ne s'agit apparemment pas seulement d'un engouement, mais d'un réel facteur sociologique : Etre libre pleinement, écrit Roger Mathé, ce n'est point exercé son droit de vote, de parole, d'association, c'est accomplir tout ce que nous dicte notre instinct car il existe en nous un fond de violence, de dépravation d'autant qui pour eux plus virulent qu'il est réprimé par les convenances, la loi, la vie en société L'aventure est donc un besoin incontrôlable de l'Homme dont ne peut venir à bout la civilisation. [...]
[...] Le succès de cette course montre que le besoin d'aventure est très fort chez nos contemporains. Les moyens mis en œuvre pour satisfaire ce besoin passe par les médias le plus souvent, moyen moderne de communication entre les Hommes comme les épopées de l'Antiquité et du Moyen Age le faisaient en leur temps. Nous pouvons prendre pour exemple la multiplication des revues galvanisant tel ou tel type d'aventure contenue dans la pratique d'un sport réputé dangereux : le deltaplane, le saut en parachute etc témoins qu'une véritable culture de l'aventure s'est développée ces dernières années. [...]
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