Né en 1944 à Alger, Daniel Arasse a collaboré à la mise en place d'une nouvelle approche des œuvres d'art et plus particulièrement de la peinture, dont il se disait l'historien. Après des études à l'Ecole Normale Supérieure, il est agrégé en Lettres Classiques en 1968. Il aborde l'histoire de l'art en tant qu'assistant à la Sorbonne. De 1982 à 1989, il dirige l'Institut français de Florence avant de travailler, en 1992, à l'Institute for Advanced Studies de Princeton. De 1993 à 2003, il est directeur d'études à l'EHESS où il dirige pendant deux ans le centre d'histoire et de théorie des arts. Il meurt à Paris en 2003. Nombre de ces ouvrages constituent un apport majeur pour l'histoire de l'art moderne, en particulier Le détail, pour une histoire rapproche de la peinture, 1992, Le sujet dans le tableau, essai d'iconologie analytique, 1997 ou encore Histoires de peinture, 2004.
[...] Se pose alors une nouvelle question : que voit-on dans ce bouclier ? Daniel Arasse propose deux interprétations. Il peut s'agir du reflet du miroir de la toilette de Vénus mais aussi de la représentation de ce qui va se passer dans l'instant qui va suivre celui qui est représenté au premier plan du tableau En effet, Vulcain n'est pas dans la même position au premier plan et dans le reflet. Pour l'auteur, ce tableau nécessite une interprétation comique dont la moralité serait grivoise et machiste : toutes les mêmes, ces femmes, des catins, des séductrices qui nous trompent, nous les hommes, qui exploitent notre aveuglement, qui se jouent de nous et de notre désir, qui nous mènent par le bout du nez (du sexe, en fait) et nous ramènent au rang soit de jeunes butors obligés de se cacher sous une table, soit de cocus contents. [...]
[...] Cependant, l'anachronisme est inévitable dans la mesure où il nous est impossible d'avoir le même regard sur l'œuvre que les contemporains de sa création. De plus, celui-ci peut enrichir l'œuvre. Pour Foucault comme pour Arasse, le miroir est un détail révélateur de sens, il est le point de départ de l'analyse. Cependant, Foucault démocratise le tableau, il ne prend pas en compte les conditions historiques de la création mais se base sur des conditions muséales. Le but est ici de comprendre comment le changement des conditions du regard suscite l'anachronisme. [...]
[...] Cependant, même si le geste de la Vénus est exceptionnel et n'a jamais été repris, il s'agit d'un geste admis et même recommandé par l'Eglise dans l'intimité du mariage car il permettrait de favoriser la fécondation. Pourtant, les attributs qui permettent de relier ce tableau à un contexte matrimonial n'ont pas un sens clair lorsqu'ils sont pris isolément. Ainsi, le tableau serait bien une sorte de grand fétiche érotique mais pas seulement. C'est pour cette raison Daniel Arasse cherche à comprendre pourquoi Manet s'est inspiré de ce tableau pour son Olympia, ce qui permet par la même occasion de déterminer ce qui est présent dans le tableau, ce qui en fait une œuvre importante. [...]
[...] En quoi consiste cet hommage ? La présence du roi dans le reflet permet de concentrer tous les regards dans le regard du roi qui les regarde à son tour du fond du tableau et de son bureau d'été. Le spectateur est le seul qui ne croise pas le regard du roi. Le regard du roi est l'élément essentiel autour duquel se construit le tableau. Comment passe-t- on d'un tableau où le roi occupe la place de sujet absolu à un tableau où on assiste à l'élision du sujet ? [...]
[...] Cependant, le spectateur n'y voit rien, de même que les vieux rois qui ont une mauvaise vision. Le seul qui pourrait y voir quelque chose c'est Gaspard mais sa position dans le tableau l'en empêche. Gaspard est le relais de notre regard dans le tableau et nous suggère que l'Incarnation n'est pas seulement charnelle : il n'y a pas besoin de voir pour croire. Une question demeure : pourquoi Bruegel il fait du roi noir notre relais dans le tableau ? [...]
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