Francis Haskell est né en 1928 et mort en 2000 à Oxford. C'est un historien de l'art anglais, qui s'intéresse surtout à une histoire sociale de l'art. Il fut professeur à l'université d'Oxford. Il a écrit de nombreux ouvrages savants sur les institutions de l'art et l'évolution du goût, tels que Mécènes et peintres : l'art et la société au temps du baroque italien, large réflexion sur le mécénat d'art à l'époque baroque, ou encore La norme et le caprice : redécouvertes en art : aspect du goût, de la mode et de la collection en France et en Angleterre, 1789-1914. À Oxford, il a changé les méthodes de recherches, examinant l'art français négligé au 19ème siècle. Un autre ouvrage, Pour l'amour de l'antique, la statuaire gréco-romaine et le goût européen, 1500-1900 (1988), montre comment le goût a été transformé par la découverte de la sculpture classique par des voyageurs, et le développement parallèle des musées. Haskell rédige aussi L'historien et les images, en 1995. Il est donc avant tout un historien érudit qui s'attache à trouver derrière les mutations historiques de l'art, des phénomènes sociologiques qui y sont liés : c'est un spécialiste de l'étude du goût (De l'art du goût. jadis et naguère, 1989, l'amateur d'art, 1997). Ce livre, Le musée éphémère, les maîtres anciens et l'essor des expositions, est une réflexion majeure dans l'œuvre d'Haskell : c'est son dernier ouvrage, il a d'ailleurs été édité à titre posthume, en 2002.
De côté de sa méthode, Haskell privilégie une approche sociale de l'histoire de l'art. Plus que quiconque, Francis Haskell a fait de l'art un objet d'histoire, en montrant les variations de son contenu et de ses cadres sous l'influence des changements du goût, et de la perception de l'homme. De même, il est un des premiers à conférer aux images en général et aux œuvres d'art en particulier une place de premier plan dans l'ensemble des sources historiques. Autant dire qu'il a contribué à abattre les frontières entre l'histoire de l'art et l'histoire afin de les rapprocher l'une et l'autre, et en découvrir des phénomènes et les structures sociologiques.
[...] Je trouve cet ouvrage réellement intéressant : il s'ouvre avec les expositions provisoires des travaux des maîtres dans les églises du 17ème siècle Rome et se ferme avec une réserve sérieuse au sujet de la valeur de ces expositions d'aujourd'hui. Sa tonalité est souvent amère, mais l'ampleur des informations est stupéfiante. C'est un récit absorbant, accessible même aux amateurs de l'histoire de l'art. Haskell trace l'influence que la politique, le commerce, et le nationalisme ont eu sur les expositions. Pour cela, il va dans les coulisses de l'art (qui nous est inconnu), fouillant différentes sources pour expliquer le contexte politique de plusieurs expositions. [...]
[...] Ainsi, il finit par se demander comment peut on justifier l'essor d'un mode continu qui selon l'auteur devrait nous inciter à émettre de nombreux doutes. Cet ouvrage met en rapport direct la muséologie et histoire. L'histoire est utilisée pour explorer l'origine et le rôle du musée au sein de la société, à diverses époques. Edouard Pommier, Dominique Poulot et Kristoff Pomian figurent actuellement parmi les plus fins connaisseurs de l'institution muséale, au point de déborder sur la muséologie pour l'explorer en historien. [...]
[...] Synthèse de l'ouvrage Le musée éphémère, les Maîtres anciens et l'essor des expositions, est composé de neuf chapitres thématiques, qui se suivent dans une évolution chronologique progressive. Cet ouvrage retrace l'histoire des expositions de maîtres anciens, de leurs promoteurs, leurs auteurs, leurs enjeux artistiques, idéologiques et politiques, depuis la fin du XVII° siècle. Haskell montre les changements que les expositions ont provoqués dans le regard posé sur l'art du passé ainsi que des effets à long terme. L'auteur nous offre ici une réflexion réellement érudite, sur l'essor des expositions temporaires, du classicisme italien à nos jours. [...]
[...] Enfin, l'auteur s'attarde sur d'autres points importants, dans la conception d'expositions. Ainsi, il nous explique, ou plutôt il met au grand jour, les méthodes de prêts et de transports des tableaux. Haskell revient sur le risques des transferts de tableaux, risques qui peuvent être légitimes si l'objectif du musée et de présenter un nouveau caractère de l'artiste et de l'art en général, mais un risque trop important pour être pris, si le prêt d'une œuvre est octroyé dans l'espoir d'en recevoir une autre en échange On assiste alors, selon l'auteur, à des transferts internationaux trop réguliers, et qui ne sont pas forcément utiles pour l'art et sa perception nouvelle dans le monde. [...]
[...] Toutefois, Haskell se lance dans une échappée sur le bon usage des catalogues d'expositions qui mériterait d'être poursuivie. Il rappelle que lors de la dernière grande exposition Watteau qui s'était tenue à Paris, il était interdit d'emporter le sien dans les salles au motif qu'il pouvait blesser l'un des milliers de visiteurs qui s'efforçaient d'entrevoir brièvement les toiles accrochées. Le paradoxe qu'il pointe ensuite mérite réflexion: plus le niveau du catalogue est élevé (diversité des contributions, nombre d'entrées, originalité de la bibliographie, qualité de l'illustration . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture