Si, en ce qui concerne la statuaire, l'histoire de l'art évolutionniste a longtemps réduit la frontalité au hiératisme archaïque, pure verticalité échouant à exploiter les possibilités offertes par la ronde-bosse, et finalement dépassée à force de progrès artistique par la torsion gracieuse des statues hellénistiques, en revanche, dans l'art bidimensionnel, la frontalité a longtemps été comprise comme un progrès dans la conquête de l'illusionnisme, du fait même de sa rareté dans les arts « primitifs ». Au hiératisme frontal des statues répondait ainsi l'irrémédiable profil des peintures et reliefs, tous deux vus comme symptomatiques de la rigidité de l'art dit « conceptuel » ou « prégrec » par les spécialistes du début du XX° siècle.
[...] Aspects de l'identité en Grèce ancienne, paru en 1995 aux éditions Flammarion. Fr. FrontisiDucroux se penche ainsi non sur les masques en tant qu'objets matériels nous n'en possédons plus de toute façon que des répliques romaines mais sur les avatars du masque 2 dans le langage et dans l'iconographie qui est aussi, dans l'optique de cette école structuraliste, un langage. Après un détour lexicographique qui lui permet de cerner le champ sémantique du masque en grec ancien base essentielle de la réflexion iconologique et sémiologique l'ouvrage s'oriente vers un inventaire réfléchi des occurrences de la frontalité dans l'iconographie, justifiant ainsi l'étroit parallèle entre masque et visage mis en relief par l'étymologie. [...]
[...] un guerrier au torse et visage de dos et jambes de profil tombe au sol, vaincu) mais aussi, par exemple, dans les images égyptiennes où le pharaon massacre les ennemis typologiques du royaume (cf palette de Narmer, Tefnin 2003:60, Volokhine 2001 passim). En Egypte toujours mais aussi sur certaines miniatures médiévales, des personnages basculent du haut d'une tour la tête la première : leur visage est frontal et d'ailleurs renversé. Il nous paraît ainsi possible Axelle Brémont Fiche de lecture : Fr. [...]
[...] XVII, Bruxelles pp. 725. VERNANT, JeanPierre. La mort dans les yeux. Figures de l'altérité en Grèce ancienne, Paris, Hachette De la présentification de l'invisible à l'imitation de l'apparence, in Mythe et pensée chez les Grecs, Etudes de psychologie historique, Paris, Maspero VOLOKHINE, Youri. La frontalité dans l'iconographie de l'Egypte ancienne, Genève, Cahiers d'égyptologie, 2000. [...]
[...] En effet le personnage figuré de profil est un pur objet de regard (op. cit., p. 78) : tout entier tourné vers l'interaction avec son propre espace fictionnel, il ne devient éventuellement capable de briser cet équivalent du quatrième mur théâtral qu'à travers la frontalité qui est à la fois rupture de la réciprocité visuelle intraiconique et rétablissement éventuel de ce jeu de regards dans l'espace extra iconique : c'est le sens, riche de son ambivalence, de l'apostrophè que Fr. [...]
[...] L'hypothèse maîtresse de Fr. FrontisiDucroux est ainsi que le masque grec ne masque rien mais au contraire révèle une identité profonde avec son porteur : on n'enjoint jamais à retourner un masque que pour constater qu'il est vide (métaphore courante de la littérature grecque pour désigner une angoisse sans fondement) et, corrélativement, le dessous, dès lors qu'il est occulté, n'a plus à être envisagé (op. cit., p. 40). D'ailleurs, le vocabulaire impliquant l'occultation du visage n'est jamais formé sur prosopon ce serait là un parfait oxymore mais sur metopon, le front Le prosopeion se prête cependant mieux que son demifrère prosopon à dénoter la dissimulation, donnant lieu à d'éventuels jeux de mots comme dans cette épigramme de Lucien : ne va pas enduire ton visage [prosopon] de céruse : ce ne sera plus un visage [prosopon], mais un masque [prosopeion] (op. [...]
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