Kurt Schwitters, Jean-Christophe Bailly

Thèmes abordés

Kurt Schwitters, collages, dada, dadaïste, dadaïme, constructivisme, Merz, assemblage, Kirschbild, cubisme, abstraction, expressionisme

Résumé du document

Schwitters né au 5 Waldhausenstrasse, à Hanovre. C'est dans ces rues, après la révolution spartakiste vers 1920, que, marchant, Swchitters flâne, dans un tableau à venir dont les éléments jonchent le sol et vont dans ses poches.
L'artiste est porté par la beauté, libre avec elle. Comme de nombreux autres, il participe à ce bouleversement, à cette révolution formidable de l'art.
Pour lui, ces objets assemblés et manipulés par Schwitters possèdent une force rédemptrice et il croit à leur beauté...

Extraits

[...] Dès qu'il le pourra, malgré son état de santé précaire, il commencera la construction en Angleterre le Merzbarn, la grange merz. Il mourra à Londres le 8 janvier 1948, ne laissant du Merzbarn, qu'une ébauche, un mur travaillé en relief comprenant l'inclusion de quelques objets trouvés. Sur les trois cathédrales privées construites par Schwitters, deux seront détruites, dont une de son vivant (le Merzbau de Hanovre). Ses collages seront très nombreux en 1946-1947. Ils ne diffèreront pas de ceux des années 20 dans leur structure mais dans le choix des matériaux qui les composent. [...]

[...] Analyse Le tableau à la cerise est composé de matériaux divers tels que du tissu, du bois, du métal, des papiers découpés et collés, du liège, de la gouache, ainsi que de l'huile et de l'encre. La composition entière a pour support une surface de carton rigide qui facilite la fixation de matériaux divers tout en permettant d'en coller d'autres. Le collage Merz 32A est composé de plusieurs couches. La première couche, le fond, est lourd et encombré d'objets trouvés. On y retrouve du tissu disposé au hasard (pour la plupart, de petits morceaux de tapis ou de tissus épais usés et quelques pièces synthétiques). [...]

[...] Schwitters devient alors l'incarnation de cette convergence entre Dada et constructivisme. Ses œuvres ont une puissance expressive et possèdent une liberté d'invention qui cultive ensemble peinture et objets trouvées : les œuvres de Schwitters sont des voyages. Ses collages sont, contrairement au Merzbild Kijkduin qui fait un réel travail sur le vide, à la limite de la saturation. Et on peut dire que, contrairement aux purs dadas, qui utilise le matériau à la base d'une logique de détournement à fin critique ou narrative, Schwitters reste fidèle à la leçon cubiste, en intégrant des fragments de matériel illustré comme Braque ou encore Picasso intégraient le faux bois et le papier journal. [...]

[...] Cependant, on ne peut pas classer ces œuvres, plus classiques de Schwitters, dans une catégorie à part. Toutes ses œuvres tendent vers un équilibre, chacun des écarts et dérivations qu'il opère, faisant pencher cet équilibre du côté Dada ou du côté du constructivisme sans jamais toutefois en être totalement. Dès 1921, on voit apparaître dans les collages de Schwitters, les premiers signes d'une construction géométrique. Cette élimination de la pulsion expressive se fait ici au profit d'une abstraction plus calme, vouée à l'équilibre et au rythme et qui est amené par sa nature à privilégier le papier collé dans le choix des matériaux. [...]

[...] En effet, l'œuvre écrite de Schwitters est considérable. Elle comprend des articles théoriques, des manifestes, ainsi qu'un grand nombre de récits et de poèmes dont la plus grande partie fut publiée au cours des années 20. Ces écrits, Schwitters a toujours cherché à les incarner, physiquement et vocalement par des récitations publiques et privées, grâce à sa capacité mimétique et à ses talents de comédien. Contrairement à ses projets théâtraux, les idées typographiques et graphiques de Schwitters se sont déployées concrètement, sur une très grande échelle, de part ses premiers collages, qui ont eu une activité directement typographique, mais surtout de part la création de son agence, la Merz-Werbezentrale, qui obtiendra des commandes importantes de la firme Pelikan, de la ville et des théâtres de Hanovre notamment. [...]