Ce livre a été dédié par ses auteurs, Ernst Kris et Otto Kurz, à l'Institut Warburg, situé à Londres depuis 1933. Pour mémoire, l'Institut Warburg a été la plus grande création d'Aby Warburg (dont je rappelle les dates : Hambourg, 1866 – 1929), historien de l'art allemand, qui fut d'abord la Bibliothèque d'Hambourg avant d'être transformée en l'actuel institut.
[...] L'ambassadeur du duc de Savoie qui était alors l'invité de son père remarqua l'esquisse. Il félicita l'enfant, et le maître de l'école en fit autant. Dès lors, Jooris eut la permission de dessiner à son gré." Cet intérêt pour l'enfance remonte à l'Antiquité et à sa mythologie, par exemple, Hercule étrangla les serpents dans son berceau. Au Moyen-Âge, les héros des poèmes épiques réalisent déjà des miracles dans leur enfance. Tous ces succès d'enfants sont d'ordre miraculeux, divin d'où l'expression "enfant prodige". [...]
[...] Faire de l'artiste un héros est devenu le but des biographes. Se rajoute à cela le concept du "Dieu créateur" dont l'œuvre est comparable à une œuvre d'art : Dieu est bâtisseur du monde et modeleur de l'Homme, par conséquent, architecte et sculpteur. Soit l'artiste, soit son œuvre se voit attribuer une paternité divine : un statut divin est donné aux réussites de l'homme. L'artiste en magicien L'œuvre d'art comme copie de la réalité Même si l'artiste est un créateur, comme on l'a vu précédemment, il se doit de savoir reproduire fidèlement la réalité. [...]
[...] Par conséquent, l'artiste reçoit le châtiment pour cette prétention d'égaler les dieux. La plus célèbre de ces punitions est la chute de la tour de Babel. Ici, Kris et Kurz expliquent que pour ces raisons, chaque bâtiment élevé appelle un sacrifice pour apaiser les dieux. C'est pour cela que l'on voit dans beaucoup d'anecdotes la mort de l'architecte une fois le bâtiment élevé. Vasari nous rapporte l'épitaphe de la tombe de Jules Romain : "Jupiter voyait les corps peints et sculptés respirer et les édifices des mortels égaler le Ciel grâce au talent de Jules Romain : il se mit en colère et, après avoir convoqué le Conseil des Dieux l'a enlevé d'ici bas; car il ne pouvait supporter d'être vaincu ou égalé par un fils de la terre". [...]
[...] Kris et Kurz donnent de nombreux exemples qui reprennent ce même schéma : Andrea Sansovino, Zurbáran, Goya ou encore le peintre japonais Maruyama Okyo qui peignit un pin sur un sac de papier dans une boutique, un samourai qui passait par là reconnut son talent. Ce schéma peut présenter quelques variantes ou ajouts comme pour Andrea Castagno, jeune berger, découvert par Bernadotto di Medici, qui était d'abord entré dans un atelier d'un peintre local, ce qui l'aurait stimulé. À toutes ses anecdotes, on retrouve toujours au moins deux points avec celle de Giotto : le hasard de la rencontre et la découverte du talent. La découverte de ce talent précoce implique que l'enfant possédait déjà le génie d'un grand maître. [...]
[...] L'image de l'Artiste : légende, mythe et magie, un essai historique, par Ernst KRIS et Otto KURZ Sommaire du livre Préface de E. H. GOMBRICH Avant-propos Introduction "L'énigme de l'artiste" comme phénomène sociologique Historique des récits d'artiste Quelques anecdotes et motifs biographiques II- L'artiste en héros La jeunesse de l'artiste La découverte du talent comme motif mythologique Deus artifex divino artista III- L'artiste en magicien L'œuvre d'art comme copie de la réalité La magie de l'image La jalousie des dieux IV- Les attributs de l'artiste La virtuosité L'artiste et son public Vie et œuvre Notes Bibliographie Plan du résumé I - Biographies succinctes - KRIS Ernst - KURZ Otto - GOMBRICH Ernst H. [...]
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