« L'antiquité tardive n'est pas seulement l'ultime phase d'un développement continu ; c'est une autre antiquité, une autre civilisation, qu'il faut apprendre à reconnaître dans son originalité et à juger pour elle-même et non à travers les canons des âges antérieurs », ainsi s'exprime Henri-Irénée Marrou dans son ouvrage au titre éloquent Décadence romaine ou antiquité tardive ? S'inspirant des historiens allemands, il définit l'Antiquité tardive en opposition avec la notion de décadence romaine, privilégiant l'idée de continuité dans la rupture. Ainsi, l'auteur fait apparaître l'art comme lien essentiel entre l'Antiquité et le Moyen-Age. Par une succession d'exemples, insistant notamment sur la religion, il démontre l'amalgame réalisé entre les peuples germaniques et la société gréco-romaine aboutissant à la civilisation chrétienne du Moyen-Age. Parmi les multiples legs de l'antiquité figure l'évolution du costume qui développa la notion de pudeur se perpétuant du Moyen-Age jusqu'à nos jours. La pratique des jeux, typiquement romaine, s'est poursuivie sous une forme différente au sein de l'Empire romain d'Orient, passion des jeux et pouvoir politique étant désormais liés. Le christianisme s'affirme comme le lien principal et intemporel entre deux époques. L'homme du Moyen-Age, issu de l'antiquité et du Bas-Empire, se pense avant tout comme un homme religieux. Par conséquent, l'art païen évolue vers un art au service de la religion chrétienne avec pour mission d'illustrer la Bible. En outre, les fondements mêmes de la société et de la culture s'imprègnent de la pensée religieuse établissant un peuple chrétien. Sous certaines formes résistent encore des îlots de paganisme ; la doctrine religieuse se fixe peu à peu par écrit développant ainsi de fait la notion de science sacrée. Les crises doctrinales jalonnant le christianisme et l'apparition de la théologie mettent en exergue la question primordiale du rapport entre l'homme et Dieu. Aux mythes intemporels les religions écrites opposent la vérité de leur histoire perçue par, et avec les interventions divines. D'où un réalisme des représentations dans l'iconographie chrétienne antique. La tradition de ne pas représenter Dieu se poursuivant au Moyen-Age, on assiste à la mise en place de nombreux symboles. Les hommes de l'Antiquité tardive perçoivent l'existence d'un autre univers en quelque sorte surréel ce qui explique la popularité des sciences occultes, facilitée par la baisse du rationalisme et qui satisfont, en outre, les besoins des hommes de façon immédiate. Le judaïsme et le christianisme s'efforcent de lutter contre ces sciences. Contrairement au culte des dieux de la cité antique, le christianisme se définit comme une religion à mystères, c'est-à-dire que le culte est réservé à une communauté de croyants où seul importe l'intérieur. L'auteur met en avant les difficultés premières du christianisme qui évolue ensuite en une religion de masse entraînant l'édification de nombreux édifices. La chrétienté reprit alors le modèle le mieux adapté dans l'architecture romaine aboutissant ainsi aux basiliques chrétiennes. Pour les hommes de l'antiquité tardive, la notion d'avenir est liée à une idée de déclin inévitable. Le triomphe du christianisme entraînant vitalité et création, elle s'estompe par la conscience d'une continuité sans rupture avec le passé. Le monde romain ne disparaît pas totalement, il laisse place au monde byzantin, mélange des cultures et traditions occidentales et orientales. Un art nouveau émerge où l'idée l'emporte sur la forme, où est suggéré le mystère de la foi. L'orient survit, l'autorité en occident s'écroule.
[...] La chrétienté reprit alors le modèle le mieux adapté dans l'architecture romaine aboutissant ainsi aux basiliques chrétiennes. Pour les hommes de l'antiquité tardive, la notion d'avenir est liée à une idée de déclin inévitable. Le triomphe du christianisme entraînant vitalité et création, elle s'estompe par la conscience d'une continuité sans rupture avec le passé. Le monde romain ne disparaît pas totalement, il laisse place au monde byzantin, mélange des cultures et traditions occidentales et orientales. Un art nouveau émerge où l'idée l'emporte sur la forme, où est suggéré le mystère de la foi. [...]
[...] Décadence romaine ou antiquité tardive? Éditions du Seuil. Point histoire Rédaction d'une synthèse du livre L'antiquité tardive n'est pas seulement l'ultime phase d'un développement continu ; c'est une autre antiquité, une autre civilisation, qu'il faut apprendre à reconnaître dans son originalité et à juger pour elle-même et non à travers les canons des âges antérieurs ainsi s'exprime Henri- Irénée Marrou dans son ouvrage au titre éloquent Décadence romaine ou antiquité tardive ? S'inspirant des historiens allemands, il définit l'Antiquité tardive en opposition avec la notion de décadence romaine, privilégiant l'idée de continuité dans la rupture. [...]
[...] Marrou retrouve des domaines éclairés par les humanistes du XVIe et les Lumières du XVIIIe siècle. Edward Gibbon (1737-1794), historien britannique, est l'auteur d'une grande étude historique sur la fin de l'Empire romain. L'importance de son Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain (1776 et 1788) tient à l'originalité de la thèse défendue qui lie le déclin de l'Empire à la christianisation et à la barbarisation. Il donne ainsi à l'Antiquité tardive sa première cohérence historique et, surtout, un fondement sur lequel les historiens pourront étudier, corriger et reformuler de nouvelles thèses. [...]
[...] L'unité religieuse et politique s'achève avec la conversion des Germains au christianisme, mais celle-ci n'est pas entière puisque subsistent des pratiques comme l'ordalie. La culture de l'écrit survit grâce au christianisme, les écoles religieuses remplacent les écoles antiques. L'art de l'antiquité tardive est avant tout un art décoratif et ornemental, où les archaïsmes sont peu à peu abandonnés, réaliste dans la figuration humaine bien que celle-ci cesse d'être l'objet artistique principal. Henri-Irénée Marrou met donc en évidence une structure polyphonique liant deux thèmes : l'arrivée des peuples germaniques et les changements qui en découlent, l'affirmation de la vocation chrétienne de l'Europe. [...]
[...] Seule la France avant Marrou semblait être en retard sur cette vision particulière d'un tournant de l'histoire européenne. On considère habituellement que la période ainsi désignée s'étend de la fin du IIIe siècle jusqu'à la Renaissance carolingienne du début du VIIIe siècle. Henri-Irénée Marrou par cette thèse rompt ainsi avec la tradition alors en vigueur. En effet, depuis la fondation de l'École des Chartes en 1821, on considérait que le Moyen-Age débutait en 395, à la mort de Théodose avec le partage de l'Empire établissant l'empire d'orient et d'occident. [...]
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