Dans son autobiographie, Vasari raconte la genèse des Vite. Il semblerait qu'un soir de 1546, chez le Cardinal Farnèse, il prit part à une discussion autour des peintures d'hommes illustres recueillies par Paolo Giovio, l'évêque de Nocera, et des Eloges, élégantes épitaphes latines, qu'il avait publié à leur propos. C'est de là que naquit le projet, d'abord en collaboration avec Giovio, qui se réclamait de Pline, avant que Vasari ne poursuive seul son ouvrage, en italien. Ainsi l'origine des Vite tenait dans la représentation des peintres illustres, dont découlaient les Eloges. Vasari s'empare du second trait de l'oeuvre matricielle de Giovio, en écrivant et décrivant d'abord peintres et peintures (...)
[...] Modillons, larmiers, mascarons, colonnes, pilastres les encadrements des gravures des Vite déploient un véritable catalogue architectural. Si la plupart des motifs représentés sont issus du langage antique de l'architecture, l'ordonnance et le foisonnement de la modénature sont loin d'une sobriété vitruvienne (il écrit pourtant une synthèse sur les ordres d'architecture sous le titre De' cinqui ordini d'architettura dans l'Introduction aux Vite). C'est un véritable déploiement maniériste, qui joue de l'accumulation plutôt que de l'équilibre de la composition, détournant ainsi les éléments d'architecture hérités de la Rome antique. [...]
[...] Le terme de frontispice[13]date de 1529. Il emprunte au bas latin frontiscipicum, qui mêle frons, frontis (façade) et le verbe archaïque specere/spicere (regarder). La notion de composition architecturale s'appuie sur une résonnance linguistique et non pas seulement sur des échos visuels. Il ne faut pas oublier que Vasari fut architecte et travailla à Pistoia, Arezzo et Firenze, se nourrissant du travail de Michelangelo Buonarroti. Les dessins techniques pour les grotesques du jardin de Boboli, autrement que les élévations d'édifices plus classiques, semblent être de véritables frontispices. [...]
[...] Toutefois, dans le cartouche, le latin apporte une solennité qui a valeur de profession de foi, justement parce qu'il fait écart. Les besants médicéens se retrouvent sur le blason qui surplombe la scène principale, tandis que le cartouche est encadré par deux figures michelangelesques. Ce n'est pas un hasard si Michelangelo Buonarotti saisit l'enjeu des Vite et complimente leur auteur dans un sonnet. La renommée que Vasari va apporter aux artistes est exaltée comme un sauvetage contre le temps et l'oubli : Sì come nella penna e nell'inchiostro è l'alto e basso e medïocre stile, e ne' marmi l'immagin ricca e vile, secondo che sa trar l'ingegno nostro; così, signor mie car, nel petto vostro, quante l'orgoglio è forse ogni atto umile; ma io sol quel c'a me propio è e simile ne traggo, come fuor nel viso mostro. [...]
[...] BOASE, Giorgio Vasari, the man and the book, Princeton University Press pp. 43-47. André CHASTEL, préface dans Giorgio VASARI, Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, édition de 1568 commentée sous la direction d'André Chastel, Paris, Berger-Levrault, 1981-1989 [3]Matteo GIANONCELLI, L'antico museo di Paolo Giovio in Borgovico, Como, New Press p.28. musée de portraits de Paul Jove. Contributions pour servir à l'iconographie du Moyen-âge et de la Renaissance.»(Discours à l'Académie 22 novembre 1895) par Eugène MUNTZ http://www.prefigurations.com/numero3/htmchronique3collection/collectionjove .htm [5]Eugène MUNTZ, ibidem. [...]
[...] Michelangelo BUONAROTTI, Rime, 84 Bari, Gius. Laterza & figli p.47. [13]Dictionnaire culturel en langue française, sous la direction d'Alain Rey, Paris, Le Robert Leon George SATK#'2jn+ 1 v IP1P†?OWSKI, Studies on Vasari's architecture, New York and London, Garland Publishing p.137. [15]Ibid., p [16]Claudia CONFORTI, Vasari architetto, Milano, Electa p.10. [...]
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