Fiche de lecture de l'ouvrage L'Oeil du Quattrocento de l'historien de l'art Michael Baxendall. Il analyse la peinture italienne du XVème siècle et les conditions qui permettent de lui donner du sens. Il étudie notamment les contrats entre artistes et commanditaires, ou encore les termes utilisées pour décrire les peintres dans les textes de l'époque.
[...] Le peintre suggère des relations et des actions par la composition des groupes et des attitudes. L'attitude de deux personnages tournés l'un vers l'autre peut évoquer une relation (hostilité, amour, communication, etc.) sans manifester explicitement cette relation par une attaque ou une étreinte par exemple. Saint Antonin a élaboré un code théologique de la symbolique des couleurs : le blanc évoque la pureté, le rouge la charité, le jaune d'or la dignité, le noir l'humilité. Pour Alberti, il y a un code relatif aux éléments : le rouge renvoie au feu, le bleu à l'air, le vert à l'eau et le gris à la terre. [...]
[...] Les catalogues de signes en usage dans l'ordre des Bénédictins pendant les périodes de silence des moines deviennent ainsi une source pour déchiffrer le langage des gestes de la Renaissance. La douleur, par exemple, est exprimée par le fait de « presser la poitrine du pat de la main » ; la honte par l'acte de « se couvrir les yeux avec les doigts » ; on peut interpréter ainsi Adam et Eve chassés du paradis de Masaccio, Adam exprimant la honte et Eve la douleur. Dans une œuvre, un personnage joue son rôle en entrant en interaction avec les autres. [...]
[...] # « aimait particulièrement les difficultés de son art » : l'exécution de choses difficiles est valorisée en elle-même comme une démonstration d'habileté et de talent. « Le bon peintre réalise des choses difficiles avec facilité. » # « très prompt » : personnalisation rigoureuse de la figure, manière suggestive de rendre certains mouvements. Cette qualité mêle mouvement représenté dans les figures peintes et mouvement de la main du peintre, selon une vision typique du Quattrocento d'un rapport immédiat entre esprit et corps. Fra Angelico « enjoué » : « vezzoso » signifie suave, enjoué et charmeur. [...]
[...] et de la pureté, sans ornement » : style sans artifice, pas de surcharge # « aussi bon et habile en matière de perspective que tout autre de son temps » : la maîtrise de la perspective permet au peintre de résoudre le problème des proportions. La perspective a une valeur picturale, par exemple dans Le Paiement du tribut (1426-1428), le point de fuite se situe sur la tête du Christ, ce qui renforce la focalisation du tableau sur lui. # « grande aisance (facilita) dans le travail » : cette aisance est la résultante d'un talent naturel et de capacités acquises et développées grâce à l'exercice (agilité). Pour Alberti, il s'agit de « diligence associée à la prestesse ». [...]
[...] » > Pierre de Limoges, De oculo morali et spirituali : « Un docteur de l'Eglise ou quelque autre érudit regarde droit au péché. Le pécheur cependant, quand il commet un péché, ne discerne pas le poids de ce péché, il ne le regarde pas selon une ligne visuelle directe, mais oblique et brisée. » La perspective apparaît donc comme le symbole d'une conviction morale, et apparaît également comme un « aperçu eschatologique de la béatitude (les délices sensibles du paradis) ». [...]
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