L'auteur du texte étudié est Gabriel Blanchard, peintre et membre de l'Académie Française durant la deuxième moitié du XVIIè siècle. Il s'adresse ici à ses confrères de l'Académie dont fait notamment partie Charles Le Brun.
Il s'agit ici d'un discours, d'un texte argumentatif à destination essentiellement orale dont le but est de convaincre l'auditoire de l'importance de la couleur dans la peinture. Il prend modèle sur les précédentes conférences académiques, dont on peut citer par exemple celle de Philippe de Champaigne, du 12 juin 1671, sur un tableau du Titien représentant la Vierge, l'enfant Jésus et Saint jean-Baptiste. Blanchard début son texte par une introduction, de la ligne 1 à la ligne 45, dans laquelle il expose les grandes lignes de son argumentation qu'il développe ensuite point par point. Tout d'abord, dans les trois premières lignes, il inscrit son discours dans la lignée des conférences officielles de l'Académie. Puis il explique, dans les lignes 3 à 8 et dans le paragraphe 3, les raisons de sa démarche, de sa volonté de revenir sur le statut de la couleur dans la peinture, et soumet cette volonté à l'approbation de l'Académie. Il expose ensuite clairement le sujet de son discours avant de resserrer le cadre de son argumentation en précisant qu'il s'en tiendra à l'importance de la couleur dans l'art de peindre et laissera de côté la technique coloriste. Dans les paragraphes 5 à 7, il définit la peinture de manière à mettre en valeur le rôle de la couleur qui la distingue selon lui des autres arts figuratifs. Enfin, dans les paragraphes 8 à 11, il annonce les trois axes de son plan argumentatif qu'il développe ensuite. Du paragraphe 12 au paragraphe 16, Blanchard traite donc de son premier argument, à savoir la nécessité de la couleur puisque c'est elle qui la départit des autres arts et lui confère une suprématie. Le second argument, paragraphes 21 à 29, assimile le prestige de la couleur à celui des peintres eux-mêmes et annonce que dénigrer le mérite de la couleur c'est dénigrer aussi le mérite du métier de peintre en soi. A partir du paragraphe 29 et jusqu'à la fin du texte, Blanchard développe son troisième axe qui s'appuie sur le goût des Anciens pour la couleur et cite quelques uns des grands peintres du passé reconnus comme de talentueux coloristes (Titien, Véronèse, Rubens…) afin de mettre en évidence le caractère fondamental de la couleur au sein de la peinture et l'importance qu'on lui accorde depuis la naissance des arts figuratifs.
[...] Le Brun intervient alors en prononçant sa conférence Sur le discours du mérite de la couleur par M. Blanchard, le 9 janvier 1672, dans laquelle il réaffirme la suprématie de la ligne dans la peinture. Le conflit entre poussinistes et rubénistes allait désormais occuper pour plusieurs décennies le devant de la scène à l'Académie. Grâce notamment à l'action de Roger de Piles qui s'attache, de 1668 à 1699 où il est élu conseiller à l'Académie, par ses traités théoriques, à faire reconnaître le mérite de la couleur, les amoureux de la couleur prendront peu à peu le pas sur les courtisans de la ligne et une nouvelle esthétique coloriste dominera, à partir du XVIIIè siècle, dans le domaine de la critique. [...]
[...] Dans les paragraphes 5 à il définit la peinture de manière à mettre en valeur le rôle de la couleur qui la distingue selon lui des autres arts figuratifs. Enfin, dans les paragraphes 8 à 11, il annonce les trois axes de son plan argumentatif qu'il développe ensuite. Du paragraphe 12 au paragraphe 16, Blanchard traite donc de son premier argument, à savoir la nécessité de la couleur puisque c'est elle qui la départit des autres arts et lui confère une suprématie. [...]
[...] Dans la même visée, il insiste sur la difficulté de l'apprentissage du dessin qui nous informe, encore une fois, sur le caractère scolaire de la formation de peintre (paragraphe 23). Pour finir, il aborde la destination de la peinture, à savoir qu'elle devrait avoir pour ambition de plaire à tout le mode et pas seulement aux connaisseurs (paragraphe 22). Blanchard situe explicitement son art dans la lignée des pratiques antérieures, à savoir celles de l'Antiquité et de la Renaissance, en les prenant comme référence en matière de bon goût. [...]
[...] Cependant, c'est en Italie, au XVIè siècle, que le débat est né. L'école de Florence et celle de Rome défendent la suprématie du dessin dans l'art de peindre tandis que les écoles vénitienne et lombarde s'attachent davantage à la couleur. On oppose Raphaël à Titien. La question se propage à la France et le conflit s'engage en 1660 ; il allait durer une quarantaine d'années. La question est abordée dès la première Conférence académique de 1667, à savoir celle de Charles Le Brun sur Saint Michel Terrassant le Dragon de Raphaël, dans laquelle l'orateur glisse une critique implicite sur les peintres coloristes. [...]
[...] On voit ainsi l'imbrication entre art et politique, le premier étant au service du second, sous le règne du Roi Soleil. Plus loin, Le Brun n'hésite pas à placer explicitement le dessin au dessus de la couleur, dessin qui doit selon lui présider à la composition de ce fameux ordre français voué à marquer l'état glorieux où est aujourd'hui la France sous le règne de Louis XIV, le plus grand et le plus triomphant monarque qu'elle ait jamais vu Au niveau historiographique, le discours de Blanchard affiche là aussi l'héritage de la tradition. [...]
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