Dans cet extrait, Arthur Danto fait une sorte de bilan de la réflexion qu'il a menée dans cet essai. Il remet en question sa démarche (retracer l'histoire de l'assujettissement philosophique de l'art) et s'interroge sur l'utilité d'une telle façon de procéder. Il faut sauver l'art, semble-t-il dire, mais l'art peut-il encore être sauvé ? Trois parties : l'histoire d'une pathologie ; l'aliénation réciproque de l'art et de la philosophie et l'art et la censure.
L'évolution de l'art doit répondre à une nécessité interne, son histoire ne peut être dirigée par le hasard. C'est eu égard à cette considération que, de son propre aveu devant une collection de peinture contemporaine particulièrement abjecte qui lui inspira la pensée que la destinée de l'art ne pouvait être réduite à cela, Danto conçut la théorie qui devait servir de point de départ à la Fin de l'Art. Danto y développe un modèle de l'histoire de l'art suivant la théorie de Hegel, un art prenant progressivement conscience de lui-même. À quoi aboutirait-on, alors ? Ultimement, l'art finirait probablement par développer sa propre philosophie. Et alors, ce serait bien la fin de l'Art, suivant les mélancoliques affirmations de Hegel puisque l'Art serait devenu philosophie.
Cette “histoire possible” n'est pas l'objet de ce texte, dit Danto. Pourtant, elle s'y rattache puisqu'on peut y voir l'aboutissement ultime de la politique d'asservissement systématique de l'Art mené par la philosophie depuis plus de vingt-cinq siècles. Ce n'est qu'une possibilité. Cependant, Danto achève la Fin de l'Art avec autant de mélancolie qu'il en prête à Hegel quand il dit qu'il se “peut aussi que l'histoire de l'art ait la forme que nous connaissons parce que l'art tel que nous le connaissions est fini”.
[...] Trois parties : l'histoire d'une pathologie ; l'aliénation réciproque de l'art et de la philosophie et l'art et la censure. I L'Histoire d'une pathologie L'évolution de l'art doit répondre à une nécessité interne, son histoire ne peut être dirigée par le hasard. C'est eu égard à cette considération que, de son propre aveu devant une collection de peinture contemporaine particulièrement abjecte qui lui inspira la pensée que la destinée de l'art ne pouvait être réduite à cela, Danto conçut la théorie qui devait servir de point de départ à la Fin de l'Art. [...]
[...] Armée de services puissants mais rivaux, cette machine, dotée de moyens financiers très larges, occupa plus d'un millier de personnes. La première mission que les nazis se fixèrent concernait le pillage, essentiellement à Paris, des collections d'œuvres appartenant à des Juifs, qui devenaient ainsi des instruments privilégiés de propagande et de gages diplomatiques. En novembre 1941, un «voyage d'études» en Allemagne de peintres et de sculpteurs français fût imaginé par Joseph Goebbels afin de faire jouer au vaincu lui-même le rôle d'agent de propagande. [...]
[...] Ici, Hegel restitue l'événement à la réalité objective, c'est pourquoi il est toujours rétrospectif pour la philosophie, pour la pensée, parce que l'ontologie du devenir (d'un devenir réel et non plus d'une contingence sublunaire, d'un déploiement analytique de la substance individuelle ou d'une forme subjective de la sensibilité) exige que les transformations s'effectuent objectivement avant d'être avant d'être ressaisies par l'esprit subjectif du philosophe qui réfléchit sur l'actualité présente. En ce sens, bien sûr, la philosophie vient trop tard, elle n'apparaît qu'à l'époque où la réalité achevé le processus de sa formation et s'est accomplie. Ce que nous enseigne le concept, l'histoire le montre avec la même nécessité." (Préface, p. 58). [...]
[...] Pourquoi chaque régime aurait-il besoin du soutien d'un art officiel et en réprimerait-il un autre ? Cela signifie qu'il existe un pouvoir de l'art, une puissance capable d'en faire un instrument de libération ou d'oppression. D'ailleurs, la philosophie le sait (où l'a su) puisqu'elle s'est donné tant de mal pour l'assujettir à sa propre puissance ce qui aboutit à la neutralisation mutuelle déplorée par Danto. Ceci dépasse l'objet de cet exposé, mais on peut entrevoir dans ce type de réflexion ce qui pourrait sauver l'art de philosophie et, par là même, la philosophie de l'art. [...]
[...] Ainsi la critique de la philosophie contre l'art se retourne contre elle-même - si elle est inopérante dans le monde, à quoi sert-elle ? De nos jours, la philosophie est à son tour remise en cause et ce pour les mêmes raisons qu'elle mettait en cause l'art - comme une discipline inopérante, qui intervient toujours après coup, toujours trop tard pour faire quoi que ce soit. Elle a donc, suivant le lieu commun de l'esclavagiste rendu esclave de par sa position même de maître, tout intérêt à se détacher de l'art. [...]
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