Eric Rondepierre, dans la série Précis de décomposition, photographie des photogrammes filmiques détériorés. Nous verrons en quoi ce métissage entre le cinéma et la photographie met en avant une décomposition due à deux éléments constitutifs de ces deux médiums : le temps et la lumière.
Pour commencer on peut dire que cette série s'apparente à un métissage entre la photographie et le cinéma car Eric Rondepierre utilise l'élément de base du cinéma, pour son travail : le photogramme. De plus ces photographies semblent nous interroger sur le statut même du film. En effet, le photogramme est l'unité même du film, c'est ce qui le constitue, le fait vivre.
[...] On remarque également un dédoublement spatial et temporel puisqu'il existe un premier espace/temps, celui de la prise de vue cinématographique, un second espace temps, celui de la prise de vue photographique mais également un troisième, celui où le spectateur regarde les photographies d'Eric Rondepierre.
Entre temps, il s'est passé plusieurs années durant lesquelles le temps n'a cessé de passer et de détruire.
Cependant le temps n'est pas le seul responsable de cette destruction, la lumière agit également dans le processus de destruction.
Comme le temps, la lumière est à la fois ce qui donne vie et ce qui tue le photogramme et donc le cinéma. (...)
[...] Il est intéressant de remarquer que cette série, intitulée Précis de décomposition, fait référence à une autre sorte de temporalité qui est le temps dévorateur. Le temps dévorateur qui est un topoï de la littérature, fait référence au temps qui passe nous menant inéluctablement vers la mort. Ceci est évident dans ces travaux photographiques ne serait ce que par le titre qui met en avant une "décomposition". Ce terme fait référence à la décomposition (au sens propre) de la pellicule qui perd ses composants (grains d'argent) mais également à la décomposition du corps humain et à la mort. [...]
[...] On remarque également un dédoublement spatial et temporel puisqu'il existe un premier espace/temps, celui de la prise de vue cinématographique, un second espace temps, celui de la prise de vue photographique mais également un troisième, celui où le spectateur regarde les photographies d'Eric Rondepierre. Entre temps, il s'est passé plusieurs années durant lesquelles le temps n'a cessé de passer et de détruire. Cependant le temps n'est pas le seul responsable de cette destruction, la lumière agit également dans le processus de destruction. Comme le temps, la lumière est à la fois ce qui donne vie et ce qui tue le photogramme et donc le cinéma. Par cette décomposition Eric Rondepierre nous permet également de voir "l'envers du décor" le caractère fictif du cinéma. [...]
[...] En effet, le photogramme est l'unité même du film, c'est ce qui le constitue, le fait vivre. Cependant, en isolant un seul photogramme, Eric Rondepierre insiste sur le fait que les photogrammes peuvent être désolidarisés de leur "logique photogramatique", un photogramme isolé s'apparente d'avantage à une photographie qu'à un métrage. La nature même du mot "photo-gramme" prouve cette parenté. On remarque également dans ce travail qu'il insiste sur la notion de temporalité. Un photogramme isolé est semblable à une photo alors que l'assemblage de différents photogrammes produit du temps, une histoire. [...]
[...] Photographie : Stratégies Contemporaines Travail sur la série : Précis de décomposition, d'Eric Rondepierre "Avec cette série, Eric Rondepierre commence à travailler systématiquement dans les archives de films. Dans les archives américaines, l'artiste visionne des fragments de films muets anonymes qui ont la particularité d'être corrodés par le temps, l'humidité, le stockage. Des anomalies apparaissent (effacements, déformations, taches) qu'il enregistre avec son appareil photographique. ( . ) La série comprend trente pièces." Eric Rondepierre, dans la série Précis de décomposition, photographie des photogrammes filmiques détériorés. [...]
[...] On peut tout de même rapprocher ces travaux du fait qu'il y a bien un glissement de support dû à la lumière dans le travail d'Eric Rondepierre. En effet, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une photographie d'un photogramme et non d'un photogramme exposé comme tel, la lumière a permis au photogramme d'être transféré sur le support photographique. On peut d'ailleurs s'interroger sur cette translation, peut on parler d'une oeuvre alors qu'Eric Rondepierre photographie un sujet qui est déjà une représentation, qui existe dans cet état avant et après avoir été photographié. [...]
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