Paolo Caliari, dit Véronèse, est né en 1528, à Vérone et mort en 1588. Il s'agit d'un peintre maniériste italien, jouissant déjà d'une certaine popularité de son vivant, notamment à Venise. Il constituait, avec le Titien et Tintoretto, le triumvirat des peintres vénitiens de la Renaissance Tardive.
L'œuvre qui nous intéresse, Les Pèlerins d'Emmaüs, date des environs de 1559. Cette œuvre de jeunesse est la première représentation d'un repas biblique peinte par Véronèse. A cette époque, Véronèse revient à Venise, lieu de ses premières grandes expériences de peintres et siège d'un bon nombre de ses œuvres, et ce après un court retour à Vérone. Les Pèlerins d'Emmaüs est une œuvre dont le nom du commanditaire nous est aujourd'hui inconnu. Il s'agit d'un prélude aux immenses toiles pour des scènes de repas et du genre, accrochés dans les réfectoires monacaux et commandés par les religieux. La scène représente en effet un épisode biblique, celui des pèlerins d'Emmaüs, raconté par Luc (24, 13-35) dans son Evangile.
Mais en quoi ce tableau participe-t-il au développement de l'art de Véronèse ? Comment cette scène de genre précède les grands tableaux de repas de l'artiste ? Pour le voir, nous nous arrêterons dans un premier temps sur une analyse matérielle, puis iconographique et enfin contextuelle de l'œuvre.
[...] Les commandes affluent et sont de toutes natures, prouvant qu'il s'agit là d'un peintre connu et reconnu dans le milieu vénitien et alentours. Les Pèlerins d'Emmaüs est une œuvre dont le nom du commanditaire nous est aujourd'hui inconnu. Il s'agit d'un prélude aux immenses toiles pour des scènes de repas et du genre, accrochées dans les réfectoires monacaux et commandés par les religieux. La scène représente en effet un épisode biblique, celui des pèlerins d'Emmaüs, raconté par Luc 13-35) dans son Évangile. Mais en quoi ce tableau participe-t-il au développement de l'art de Véronèse ? [...]
[...] Ce contraste marque aussi la séparation des espaces temporels. En effet, dans la partie à gauche est représenté le moment précédent le repas, la rencontre des deux pèlerins et du Christ pas encore reconnu. Cela donne au tableau un sens de lecture narratif, se déployant panoramiquement, dans une juxtaposition claire des moments différents, mais chronologiquement liés. Dans cette partie, on remarque une ligne d'horizon basse, propre au tableau de cette taille chez Véronèse (on remarquera notamment ce fait dans le tableau intitulé La Famille Darius devant Alexandre, de Véronèse, de 1569-1571, mais aussi dans d'autres tableaux). [...]
[...] Conclusion Par conséquent, on peut dire que l'œuvre de Véronèse, Les Pèlerins d'Emmaüs, est une œuvre intéressante et importante dans la suite de son œuvre. Aussi bien du point de vue de la technique, de la mise en place d'un système narratif au sein de la composition que d'un point de vue chronologique dans la totalité de son œuvre. En effet lui succéderont des toiles comme Les Noces de Cana (en 1562-1563) ou encore Le Repas chez Lévi (en 1573), déjà cité auparavant. [...]
[...] En effet, l'espace est ici théâtralisé pour accentuer la figure principale du tableau. Sorte de mise en scène devant un décor purement architectural, il est en cela comparable au teatro Olimpico (théâtre fait par l'architecte Palladio). De plus, la conception de l'espace est faite par un jeu subtil de lignes de fuite saccadées, courtes et fragmentées, accentuant l'aspect temporel du tableau, puisque l'œil se déplace alors sur la toile, chaque partie étant cohérente, permettant de saisir le tout. Cette dimension peut poser la question de l'isolement du sacré, le Christ, ici, qui semble seul au milieu du tableau, la tête et l'auréole encadrés de ce fond noir d'une porte ouverte vers rien. [...]
[...] Cette dimension colorée contribue à placer Véronèse dans le mouvement maniériste, mouvement que nous verrons un peu plus tard. On voit se développer dans son œuvre une lumière plus pure, plus transparente, le tout mis en scène dans un certain decorum étudié. Ses espaces rythmés de grandes verticales, celles des colonnes, réinvente un maniérisme loin d'être archaïsant, mais différent des figures toutes serpentines que l'on peut voir au même moment à Venise. Couplé à cette mise en avant architectural, le décorateur qu'est Véronèse met en avant et fait ressortir tout le suc de l'œuvre picturale. [...]
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